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Récits du vieillir « actif » et de la citoyenneté au quotidien : l’expérience des femmes aînées au QuébecMarchand, Isabelle 05 1900 (has links)
Taken as a policy framework, active aging ranks high on most supranational bodies’ agenda. The new political economy of aging portrays “active” citizenship amongst seniors as a key challenge for the years to come. Our research focuses on, first, elderly women’s everyday ‘active’ practices, their meaning and purpose, in the context of Quebec’s active aging policy framework; and second, their day-to-day practical citizenship experiences. Informed by discourse analysis and a narrative approach, the life stories of women 60 to 70 years of age allowed for the identification of a plethora of distinctive old age activity figures.
More specifically, four activity figures were identified by which respondents materialize their routine active practices, namely: (1) paid work; (2) voluntary and civic engagement; (3) physical activity; and (4) caregiving. Set against Quebec’s active aging policy framework, these patterns and set of practices that underpin them are clearly in tune with government’s dominant perspectives. Respondents’ narratives also show that active aging connotes a range of ‘ordinary’ activities of daily living, accomplished within people’s private worlds and places of proximity. Despite nuances, tensions and opposition found in dominant public discourse, as well as in active aging practices, a form of counter-discourse does not emerge from respondents’ narratives. To be active is normally the antithesis of immobility and dependence. Thus, to see oneself as active in old age draws on normative, positive assumptions about old age quite difficult to refute; nevertheless, discourses also raise identity and relational issues. In this respect, social inclusion issues cut across all active aging practices described by respondents. Moreover, a range of individual aims and quests underpin activity pattern. Such quests express respondents’ subjective interactions with their social environment; including their actions’ meaning and sense of social inclusiveness in old age. A first quest relates to personal identity and social integration to the world; a second one concerns giving; a third centers on the search for authenticity; whereas the fourth one is connected to a desire for freedom. It is through the objectivising of active practices and related existential pursuits that elderly woman recognize themselves as active citizens, rooted in the community, and variously contributing to society. Accordingly, ‘active’ citizenship experiences are articulated in a dialogic manner between the dimensions of ‘doing’, ‘active’ social practices, and ‘being’ in relation to others, within a context of interdependence. A proposed typology allows for the modeling of four ‘active’ citizenship figures. Overall, despite the role played by power relations and social inequality in structuring aging experiences, in everyday life ‘old age citizenship’ appears as a relational process, embedded in a set of social relations and practices involving individuals, families and communities, whereby elderly women are able to express a sense of agency within their social world. / Le vieillissement actif, comme cadre référentiel d’action publique, domine dorénavant les agendas des instances supranationales. Cette nouvelle économie politique du vieillissement pose la citoyenneté « active » des personnes aînées comme un défi pour les prochaines décennies. Notre objet de recherche s’intéresse, d’une part, aux pratiques dites actives du quotidien de femmes âgées, au regard du référentiel québécois du vieillissement actif, ainsi qu’à leur sens et finalités dans l’avancée en âge et, d’autre part, à l’expérience de la citoyenneté « vécue », ancrée dans l’action de la vie quotidienne et les parcours du vieillir. Une analyse du discours, effectuée à partir d’une approche narrative utilisant la méthode de récits de vie auprès de femmes âgées de 60 à 70 ans, a permis d’identifier des figures d’activités de la vieillesse protéiforme ainsi que des citoyennetés « actives » plurielles.
D’abord, quatre pôles d’activités ont été identifiés et permettent de cerner les pratiques par lesquelles les participantes se disent actives au quotidien : 1) le travail rémunéré; 2) la participation civique et bénévole; 3) l’activité physique; 4) les pratiques de care. Mis en résonnance avec le référentiel du vieillissement actif, tel que construit sur la scène québécoise, l’analyse discursive montre que les répondantes ont intériorisé, en grande partie, les discours normatifs sur le vieillir actif construits par l’État. Toutefois, les récits montrent que parallèlement, dans le sens commun, leur « vieillir actif » renvoie également à des activités « ordinaires » de la vie quotidienne, accomplies dans l’univers du privé et les lieux de proximité. Malgré un certain décalage, tensions et résistances décelées entre un discours publico-politique hégémonique et les expériences empiriques du vieillir actif, aucun contre-discours n’émerge globalement des récits. Être active, c’est l’antithèse de l’immobilité et de la dépendance. Se percevoir active dans le vieillissement met ainsi en scène des enjeux normatifs face à un discours positif sur l’âge, conséquemment quasi impossible à réfuter, mais soulève aussi des dimensions identitaires et relationnelles. À cet égard, des enjeux d’inclusion sociale traversent toutes les pratiques subjectives du vieillir actif décrites par les répondantes. Mais il y a plus. Différentes finalités et quêtes sous-tendent les pôles d’activités. Elles témoignent des structures subjectives de la conscience qui établissent les relations au monde, donnent un sens à l’agir quotidien et pérennisent le sentiment d’appartenance à la société. Une première quête s’exprime dans l’ancrage identitaire et l’intégration sociale à la société; une deuxième s’articule autour du don; la quête de l’authenticité en représente une troisième et le désir de liberté, une dernière. C’est ainsi, par l’entremise d’un processus d’objectivation des pratiques actives et des priorités existentielles sous-jacentes, que les femmes aînées se reconnaissent comme des citoyennes actives, enracinées dans une collectivité, apportant différentes formes de contribution sociale. Dans cet esprit, l’expérience de la citoyenneté « active » se dévoile de façon dialogique entre les dimensions du « faire », les pratiques sociales actives investies et les dimensions de l’« être » dans ses rapports aux autres, marqués par l’interdépendance. Une typologie modélise à cette fin quatre figures de citoyenneté « active ». Nonobstant les rapports sociaux en présence et les inégalités sociales qui façonnent les contextes d’action ainsi que les expériences du vieillir, dans l’empirie du quotidien, la citoyenneté sociale du vieillissement apparaît comme un processus relationnel : elle s’ancre dans une toile de relations et de pratiques, dans un continuum entre l’individu, le proche et la communauté, et permet aux femmes aînées de se poser comme actrices agissantes sur le monde pour assurer sa continuité.
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