Cette étude sociologique porte sur le travail des intervenantes communautaires en santé mentale en relation avec les personnes qu’elles accompagnent. Le contexte actuel dans lequel se déroulent les pratiques d’intervention en santé mentale est caractérisé par une injonction contraignante à l’autonomisation des personnes accompagnées. C’est pourquoi, nous avons fait le pari de comprendre comment se traduit l’autonomie dans les pratiques d’intervention en santé mentale dans des organismes communautaires, à travers la perspective d’intervenantes.
En nous inscrivant dans une démarche exploratoire et analytique, s’appuyant sur un cadre d’analyse interactionniste, incluant les concepts d’autonomie et de la street-level-bureaucracy, nous avons décortiqué d’une part, comment les intervenantes exercent leur pouvoir discrétionnaire dans le cadre d’actions situées, régulées par des contraintes de nature organisationnelle, et d’autre part, comment les interactions d’intervention sont des espaces d’observation des jeux d’autonomie.
Pour ce faire, nous avons privilégié une méthode qui nous permet d’entrer au cœur des pratiques des intervenantes communautaires en santé mentale, soit l’entretien d’explicitation. À travers ces entretiens, les interviewées ont produit un récit d’une situation d’intervention choisie. Ces données sont découpées en trois corpus (contextuel, narratif et représentatif) que nous avons analysés sous la forme d’études de cas transversales. Celles-ci nous informent sur les spécificités de la relation dynamique entre l’autonomie des professionnelles et celle des personnes accompagnées, selon les professionnelles de l’intervention.
Ainsi, nous concluons que les jeux d’autonomie prennent une forme bidirectionnelle qui découle en « cascade », c’est-à-dire que l’autonomie des professionnelles influence directement celle des personnes accompagnées. Les jeux d’autonomie sont aussi empreints d’une hiérarchie relationnelle, alors que tous et toutes ont une « reddition de compte » à faire pour l’expression de leur autonomie, les intervenantes envers leur milieu de pratique et les personnes accompagnées envers les professionnelles. / This sociological study focuses on relational work of community mental health workers. The current context in which community mental health intervention occurs is characterized by a binding rule to empower the people they accompany. This leads us to seek to better understand how personal autonomy in mental health intervention unfolds in the context of specific situations that arise in community organizations.
The thesis presents an exploratory and analytical study, based on an interactionist framework, and guided by two approaches. First, street-level-bureaucracy, which allows us to capture the strategies of relational workers in constraining organisational contexts; and second, the concept of “autonomy” defined as dynamic relational power in contexts of interaction. We analyzed how community mental health workers, on the one hand, exercise their discretionary power within their work milieu, and on the other hand, how they see their own autonomy and that of a person they were accompanying, in the context of a situated intervention.
Our principal method of data collection, the explication interview, allowed us to delve deeply into the practices of community mental health workers, as they were invited to produce a detailed narrative of a specific intervention situation. These narratives were then integrated and reconstructed in the form of three textual data sets (contextual, narrative and reflexive) that were coded using both thematic and grounded theory procedures, and analysed transversely to produce insights into the situated autonomy of the community mental health workers, and their negotiated autonomy in the context of intervention interactions.
We found that, from the perspective of the community mental health workers we interviewed, autonomy in the context of intervention has a bidirectional dynamic, in that the autonomy of the workers influences that of the people they accompany, but is also conditioned by the autonomy exercised by the people they are helping. There is none the less a hierarchical cascade that can be observed, in so far as the workers must justify their strategic intervention choices to the community organizations in which they work and to their colleagues, while the people they help must justify their choices to them.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23694 |
Date | 12 1900 |
Creators | Rivet, Camille |
Contributors | White, Deena |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | English |
Type | Thèse ou mémoire / Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.0026 seconds