Entre le traité de Berlin de 1878 et le déclenchement de la Première Guerre mondiale, les puissances européennes tentent d'empêcher les désordres balkaniques de compromettre la paix continentale et mondiale. Pour cette raison, et parce que leurs diplomates interprètent les violences balkaniques essentiellement comme des faits de brigandage et non comme l'expression de mouvements politiques indépendantistes, les puissances européennes vont imposer à l'empire ottoman de réformer les gendarmeries de ses provinces de Roumélie orientale, de Crète, de Macédoine et d'Albanie par le truchement de leurs propres officiers. Cette thèse d'histoire militaire se veut tout à la fois une histoire institutionnelle et une histoire des acteurs. Il s'agit en effet de savoir dans quelles conditions le modèle gendarmique occidental a pu être greffé et adapté aux réalités sociales et culturelles orientales au travers de l'action de quelques officiers européens chargés de collaborer les uns avec les autres et de se confronter à une réalité balkanique qui leur était souvent étrangère. Cette approche permet de renouveler l'étude du concert européen et de son grippage progressif en soulignant la méfiance réciproque des puissances les unes vis-à-vis des autres et l’ambiguïté des ordres que chacune d'elle donne à ses propres officiers. Elle permet également de saisir la dynamique des opérations d'ingérence internationale et la façon dont l’État cible peut chercher à s'y soustraire. Elle donne enfin à voir la difficulté d'une institution de maintien de l'ordre, dont les traditions administratives sont issues du modèle de l’État-nation français, à s'adapter à des sociétés politiques fragmentées et en construction afin d'assurer la protection de toutes les minorités. / Between the Treaty of Berlin of 1878 and the outbreak of the First World War, the European powers tried to prevent the Balkan disorders from compromising continental and world peace. For this reason, and because their diplomats interpreted the Balkan violences essentially as acts of brigandage and not as the expression of independentist political movements, the European powers imposed on the Ottoman Empire reforms of the gendarmeries of its provinces of Eastern Rumelia, Crete, Macedonia and Albania implemented by their own officers.This thesis of military history is both an institutional history and a history of the actors. One has tried to determin under what conditions the western gendarmic model could be grafted and adapted to the Eastern social and cultural realities through the action of a few European officers in charge of collaborating with each other and confronting the Balkan reality that was often foreign to them. This approach makes it possible to renew the study of the European concert and its progressive seizure by highlighting the mutual mistrust of the powers one against the other and the ambiguity of the orders that each one gave to its own officers.It also captures the dynamics of international interference and how the target state can seek to escape from it. Finally, it reveals the difficulty of an institution of policing, whose administrative traditions stem from the model of the French nation-state, to adapt to fragmented political societies under construction in order to ensure the protection of all minorities.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LIL30043 |
Date | 10 December 2016 |
Creators | Delaroche, Jean-Marie |
Contributors | Lille 3, Chanet, Jean-François, Pécout, Gilles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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