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Le libéralisme tragique : discussion philosophique sur l’essence du politique entre Raymond Aron et Julien Freund

Notre thèse de doctorat cherche, de manière générale, à répondre à une question fondamentale sur la nature du politique, en parvenant au terme de notre analyse à une définition de ce phénomène qui soit compatible avec le libéralisme. Nous estimons que, dans les dernières décennies, la philosophie politique a majoritairement négligé des éléments essentiels de la politologie (souveraineté, États, guerres, etc.) pour se livrer à des réflexions normatives dans lesquelles le rapport dialectique entre l’idéal et la réalité était souvent absent. Par conséquent, selon nous, la philosophie politique peine depuis quelque temps à analyser les difficultés que traversent les démocraties libérales en ce début de XXIe siècle.
Ainsi, pour redécouvrir le phénomène politique et les tensions qui l’habitent, nous nous sommes tournés vers le philosophe français Julien Freund qui, dans les années 1960, avait tenté avec sa thèse de doctorat de répondre à la question : qu’est-ce que le politique? Nous avons donc jugé que ce texte, L’essence du politique (1965), représentait une conceptualisation philosophique susceptible de nous fournir des concepts pour repenser le politique avec le libéralisme. Cependant, le problème avec L’essence du politique c’est que cette thèse fut marquée par l’influence de deux célèbres intellectuels européens, dont Carl Schmitt, un antilibéral notoire. De la sorte, notre travail consiste, de manière plus spécifique, à dévoiler l’influence du second intellectuel à avoir influencé le travail de Freund, c’est-à-dire son directeur de thèse: le sociologue Raymond Aron.
Pour ce faire, dans un premier temps, nous illustrons le contexte historique dans lequel Aron et Freund ont été amenés à collaborer. Dans un deuxième temps, nous montrons en quoi la conceptualisation de Freund se distingue de celle de Schmitt. Dans un troisième temps, nous dévoilons plus précisément l’influence aronienne sur L’essence du politique. Nous l’avons fait d’abord avec l’étude de la correspondance entre les deux hommes, en soulignant les points sur lesquels Aron a conseillé Freund et la façon dont ce dernier a appliqué les conseils de son directeur dans son travail. Ensuite, pour étoffer la thèse du lien entre les idées d’Aron et celles de Freund, nous exposons la manière dont le sociologue a lui-même traité, avant 1965, de certaines notions qui sont au cœur de L’essence du politique. Finalement, nous révélons la part la plus libérale de la thèse de Freund en expliquant le présupposé privé-public et le lien que celui-ci peut avoir avec la conception que se faisait Aron des régimes constitutionnels pluralistes. Dans un dernier temps, dans le but d’éviter les défauts de la thèse de Freund, nous examinons la pertinence des criques qu’Aron a formulées à l’endroit de ce travail. Ce n’est qu’au terme de ce dernier examen que nous parvenons à produire une définition du politique qui soit, selon nous, compatible ultimement avec le libéralisme. En terminant, dans notre conclusion, nous analysons les implications de notre conceptualisation du politique pour le libéralisme contemporain. Au terme de notre étude, nous croyons ainsi être parvenus à une vision singulière du libéralisme que nous qualifions de libéralisme tragique.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/42855
Date27 October 2021
CreatorsLeclerc Provencher, Olivier
ContributorsTanguay, Daniel
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf
RightsCC0 1.0 Universal, http://creativecommons.org/publicdomain/zero/1.0/

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