Le théâtre (yŏn'gŭk) et le cinéma (yŏnghwa) sont introduits en Corée à l'aube du XXe siècle, dans le flux des cultures étrangères lié à la situation géopolitique du pays. Cette thèse vise à éclairer la formation du groupe professionnel des acteurs, au sein de ces deux mondes du spectacle naissants qui se construisent sous la colonisation japonaise. Au moyen d'une approche socio-historique, s'appuyant notamment sur les outils conceptuels de Norbert Elias, elle aborde cette configuration non comme une entité homogène et réifiée, mais comme portée par un ensemble d'individus toujours en mouvement qui s'inscrivent dans de multiples relations d'interdépendance. Désignés par le même nom de « paeu », ces acteurs qui partagent les conditions communes s'imposant à leur activité l'exercent dans des environnements de travail mobiles, avec leurs aspirations et préoccupations respectives. C'est donc dans un amalgame complexe du fait colonial et de l'urbanisation du pays qu'ils vivent leur métier, où se mêlent présence du censeur, rencontre avec le public, rémunération instable, et phénomène des stars. S'accumulent ainsi leurs expériences concrètes à partir desquelles, et selon les choix possibles, chacun poursuit ou ajuste sa propre trajectoire professionnelle. À la fois activité, personne et groupe d'individus, le paeu fait l'objet de nombreux actes de définition, sans cesse renouvelés, auxquels participent bien d'autres acteurs sociaux – tels les journalistes et les milieux littéraires, les spectateurs et les lecteurs de journaux, les autres praticiens du spectacle – et les paeu eux‑mêmes. Au-delà de l'espace public tenu par la presse, ces actes s'effectuent aussi dans les pratiques de formation et de recrutement. De même, ils prennent sens dans les catégorisations renvoyant à la polarisation et à la division du travail dans le champ théâtral. Dans l'ensemble des représentations relatives au paeu, celui-ci est souvent comparé au kwangdae – gens du spectacle d'antan situés au plus bas de l'échelle sociale. Tout au long des trois premières décennies de leur existence, la voix la plus commune des acteurs modernes s'exprime avec vigueur pour nier ce lien et réclamer le respect dû au yesulga, autrement dit, à l'artiste. / Theater (yŏn'gŭk) and cinema (yŏnghwa) were introduced in Korea at the dawn of the 20th century through the flow of foreign cultures due to the geopolitical situation of the country. This thesis aims to clarify how the occupational group of actors formed within these two worlds of art and entertainment as they were built under Japanese colonial rule. By means of a socio-historical approach that relies in particular on the conceptual tools of Norbert Elias, this research considers this configuration not as a homogeneous and reified entity but rather as one that is carried by a set of constantly moving individuals within multiple interdependent relationships. Although they shared the name "paeu" and the common conditions prescribed for their activity, actors conducted this activity in diverse work environments in accordance with their respective aspirations and concerns. They practiced their profession in a complex amalgam of the colonial fact and the urbanization of the country, wherein mingled the presence of the censor, contact with the audience, unstable remuneration, and the phenomenon of the stars. In doing so, they accumulated practical experiences from which each individual continued on or adjusted his or her own professional trajectory, also depending on the possible choices. Being simultaneously an activity, a person, and a group of individuals, paeu was once the subject of numerous acts of definition that were constantly renewed. In addition to paeu themselves, many other social actors participated in these acts, including journalists, literary circles, spectators, newspaper readers, and other practitioners of art and entertainment. Beyond the public sphere held by the press, these acts also took place in training and recruitment practices in this sector, and in the categorizations connected with the polarization and division of work in the theatrical field. In the set of related representations, modern actors were often compared to kwangdae, who were practitioners of the entertainment arts world in the past and were situated at the bottom of the social hierarchy. The most common voice of modern actors throughout the first three decades of their existence expressed vigorous denial of this link and claimed the respect due to yesulga – in other words, to the artist.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEH020 |
Date | 05 March 2018 |
Creators | Cha, Yejin |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Delissen, Alain |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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