La gastronomie peut être considérée comme une attention portée à la dimension esthétique de l’alimentation. Les biens gastronomiques sont donc des biens symboliques dont l’échange sur le marché passe par l’existence de dispositifs de valorisation particuliers. En tant qu’il contribue à orienter les consommateurs sur un marché opaque et à leur indiquer le « bon » produit ou la « bonne » manière de cuisiner, le journalisme gastronomique constitue un dispositif de médiation marchande. À partir notamment d’entretiens, d’observations, d’une enquête quantitative et de statistiques textuelles, cette thèse s’attache à rendre compte de la manière dont se construit un tel dispositif. Dans une perspective diachronique, les premiers chapitres sont consacrés à l’émergence du dispositif au XIXe siècle et à sa construction à l’articulation de différents espaces sociaux (gastronomique, amateur et journalistique). Il apparaît qu’à la fin du XXe siècle, un marché de la presse gastronomique se met en place qui rend le point de vue des titres dépendant de leur positionnement dans la concurrence et de leur modèle économique. Ce sont ensuite les acteurs individuels de la fabrication de l’information journalistique qui sont étudiés. L’analyse des parcours et des compétences des journalistes ainsi que de leurs concurrents potentiels que sont les blogueurs culinaires met en évidence différentes formes d’écriture gastronomique et les types de confiance qui en découlent. Enfin, l’étude du travail concret des journalistes permet de rendre compte de la similitude des contenus médiatiques et l’analyse du parcours de journalistes renommés autorise à saisir leurs modes de différenciation professionnelle. / Gastronomy can be regarded as a particular attention paid to the aesthetic dimension of food. Gastronomic goods are thus symbolic goods and their market exchange needs the existence of specific valuation devices. As a tool that directs consumers in an opaque market and that indicates the “right” product, or the “right” way to cook, food journalism can be considered as a market device. This thesis is based upon a fieldwork including in-depth interviews, observations, statistics and text analysis. It focuses on the way such a device is built. In a diachronic approach, the first chapters deal with the emergence of this device during the 19th century and with its construction at the crossroads of different social spaces (food world, connoisseurs’ world and journalistic world). It appears that at the end of the 20th century, with the setting up of a food magazines’ market, the vision carried by magazines becomes dependent on their position in competition and on their business model. Then, the individual actors and the making of news are studied. The analysis of the trajectories and the skills of journalists and food bloggers who may compete with them put the light on different forms of food writing and different kinds of trust associated with them. Finally, the study of the actual work of food journalists allows to account for the similarity of media content. The analysis of the career paths of renowned food journalists helps to understand the way they manage to differentiate themselves from the others.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040229 |
Date | 07 December 2012 |
Creators | Naulin, Sidonie |
Contributors | Paris 4, Steiner, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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