Bataille publie en 1933-1934, dans la revue La Critique sociale, un article intitulé « La Structure psychologique du fascisme ». La présente thèse cherche à montrer que cet article constitue une élaboration singulière du « rapport » entre psychanalyse et politique. Bataille ne se contente pas de faire usage des concepts freudiens, ni de proposer une synthèse entre l’inconscient et l’histoire. Le concept bataillien d’hétérogène tente de tirer toutes les conséquences de l’invention freudienne de la psychanalyse, et de son rapport paradoxal à la connaissance : ce que la pensée exclut continue de subsister au cœur de la pensée sous la forme d’une modalité de la pensée « tout autre ». A travers l’affinité d’une position théorique, c’est une nouvelle « méthode » d’analyse du social qui s’élabore dans le contexte des années 1930 en Europe : la « méthode psychologique ». Cette proximité entre la psychanalyse et l’hétérologie, nous permet de repérer l’insistance d’une question de Freud à Bataille : celle de la souveraineté. Dans les élaborations dites de la seconde topique, et particulièrement les textes consacrés à la culture, Freud pose la question de la souveraineté depuis ses conditions fantasmatiques. En 1933-1934, Bataille reprend et déplace cette perspective en définissant la souveraineté politique comme « activité sadique clairement différenciée ». La lecture conjointe de Freud et Bataille nous permet d’interroger la pensée freudienne à l’endroit de ses implications politiques tout en faisant émerger, chez Bataille, une manière de questionner la souveraineté irréductible à celle qu’il développera plus tard, dans les années 1950. / The dissertation aims to show that Bataille’s article “The Psychological Structure of Fascism”, published in 1933-1934 in the journal La Critique Sociale, presents a novel approach to the relation between psychoanalysis and politics. Bataille does not make use of Freudian concepts, nor does he propose a synthesis of the unconscious and history. The concept of heterogeneity developed by Bataille seeks to draw all the consequences of Freud’s invention of psychoanalysis and of its paradoxical relationship to knowledge: what thinking excludes remains at the heart of thinking in the form of a “completely other” thinking. This theoretical affinity allows Bataille to develop an innovative method of social analysis in the context of the 1930’s in Europe: the “psychological method”. This proximity between psychoanalysis and heterology leads us to identify the incessant reemergence of a certain question, from Freud to Bataille, namely the question of sovereignty. Indeed, Freud’s reflections on the “second topic” and particularly his texts on culture raise the question of sovereignty from the standpoint of its fantasmatic conditions. In 1933-34, Bataille takes up and modifies this perspective: he redefines political sovereignty as “sadist activity that is clearly differentiated”. The conjunct reading of Freud and Bataille will allow us to examine the political implications of Freud’s thinking and to grasp, in Bataille’s work, a novel manner of addressing the question of sovereignty, which is irreducible to the one that Bataille will develop later in the 1950’s.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA080066 |
Date | 15 November 2016 |
Creators | Jacquard, Aurore |
Contributors | Paris 8, Vauday, Patrick, Marcos, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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