Cette thèse ambitionne de comprendre la dimension métaphysique de la crise écologique contemporaine. Pour ce faire, nous analysons d’abord ce que nous considérons comme les deux fondements métaphysiques de cette crise : d’une part l’éloignement progressif de la subjectivité vis à vis de la nature et d’autre part l’incapacité, après la révolution transcendantale kantienne, à penser la nature indépendamment de son rapport au sujet qui la pense. Nous signalons ce tournant transcendantal, où la nature est devenue une nature pour l’homme plutôt qu’une nature d’avant l’homme, comme le moment décisif de la séparation entre sujet et nature. Puis, nous examinons, à partir de la Naturphilosophie de Schelling et de l’ontologie de la nature du dernier Merleau-Ponty, les tentatives des philosophies de la nature de repenser le rapport entre sujet et nature, afin de sortir des impasses où la philosophie transcendantale avait mené. Enfin, nous esquissons, à partir des travaux de Whitehead, Simondon et Deleuze, une pensée non anthropocentrique et non-dualiste de la nature, où c’est la nature qui vient à la pensée plutôt que d’être subsumée sous les catégories a priori d’un sujet qui la déterminerait. Nous défendons l’idée qu’une telle pensée de la nature, en proposant un constructivisme respectueux qui « pousse au milieu des choses » (Deleuze), est susceptible d’être à la hauteur des défis écologiques actuels et du nécessaire tournant écologique de la pensée qui s’impose. / This thesis aims to consider the metaphysical dimension of the current ecological crisis. By narrowing down the crisis to its metaphysical components, we analyze what we identify as its main source: the growing distancing between nature and thought, which leads to our incapacity to think nature on its own terms. We argue that both the modern bifurcation of nature and Kant’s transcendental revolution are at the base of this distancing between nature and thought. And yet, limited scope of these approaches turned out to be prolific. They inspired philosophies of nature to develop a very fertile ground to think nature and the future of philosophy’s relation to nature after transcendental philosophy. It is these philosophies of nature that we seek to explore in the second moment of our research. We examine Schelling’s Naturphilosophie and the later Merleau-Ponty’s engagement with philosophy of nature, in order to locate the way in which they try to overcome certain limits of transcendental philosophy’s approach to nature. Finally, after tracing certain elements from Whitehead’s and Deleuze’s philosophy of nature, and its relevance for thinking nature in a non-anthropocentric nor dualistic way. We locate in these philosophies of nature a way of thinking where it is nature that comes to thought, and not the transcendental subject that determines or constitutes nature by subsuming it under universal concepts. This thought of nature assumes itself as constructivist, but it is a special type of constructivism, one that « grows in the midst of things » (Deleuze). One such thinking, we defend, would be able to live up to the challenges raised in an age of ecological crisis.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA100043 |
Date | 27 June 2018 |
Creators | Lehner, Andrea |
Contributors | Paris 10, Milon, Alain |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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