Durant plusieurs décennies, au sein de ce qui s'est appelé la « banlieue rouge », Ivry-sur-Seine faisait figure de « bastion » modèle pour le Parti Communiste Français. Le communisme municipal ivryen avait fait de ses cités ouvrières des espaces laboratoires au service d'un creuset d'affiliation sociopolitique particulièrement efficace. Jusqu'au tournant des années 1980, aux cités Maurice Thorez et Youri Gagarine, les résultats électoraux enregistrés par les différents représentants communistes en ont attesté. Avec la remise en cause du modèle de politisation fondé sur l'écosystème industriel, le renouvellement des générations pose avec acuité la question des conditions de reproduction d'une affiliation sociopolitique favorable aux représentants communistes. Une approche ethnographique sur la longue durée a permis de renseigner cette question. Depuis le milieu des années 1980, la trajectoire sociopolitique contrastée des deux quartiers atteste des ruptures infra-communales touchant ce type de territoire de la banlieue parisienne. Dans le quartier Youri Gagarine, la majorité des anciennes familles ouvrières a été remplacée par les nouveaux milieux populaires essentiellement composés de populations issues de l'immigration. Entretenant une historicité tout à fait différente à l'égard de l'étiquette « communiste(s)», les nouvelles générations participent, parfois activement, d'une contestation de l'ancienne autorité politique locale. À l'inverse, dans le quartier Maurice Thorez, situé au cœur du centre-ville, les descendants des familles ivryennes les plus proches de l'appareil partisan et/ou municipal ont maintenu résidence. Dans ce quartier, autour d'une endocratie politique locale, se maintiennent des liens communautaires fonctionnant de manière relativement indépendante de l'ancien encadrement partisan. Pour de nombreuses familles ivryennes appartenant à la classe moyenne, le maintien d'une certaine autorité communiste facilite leur accompagnement social, politique et électoral des métamorphoses contemporaines du communisme municipal. / For decades, Ivry-sur-Seine was seen as a model Communist stronghold within the Paris ‘Red Belt'. The particular brand of communism practiced by Ivry's municipal government had turned its working-class housing estates into laboratories directed towards the production of a singularly efficient political affiliation system. Until the watershed of the 1980s, electoral results for the various communist representatives in the Maurice Thorez and Yuri Gagarin housing estates seemed to corroborate this. The decline of the politicization model born of industrialization as well as the generation gap have radically undermined the conditions in which a socio-political affiliation system favourable to communist representatives can survive, however. The choice of a long-term ethnographic approach can give us insight into this phenomenon. Since the middle of the 1980s, the contrasting socio-political evolution of the Thorez and Gagarin allotments has testified to the intra-municipal disruption that affects this type of suburban Parisian territory. In the Yuri Gagarin area, the majority of older working-class families have been replaced with a new working-class population essentially stemming from immigration. Often unaware of the rich history of communism in their municipality, these new generations are sometimes actively involved in the challenging of the older local political authority. Downtown, on the contrary, the descendants of the families that were closest to the local party machine have maintained residency in the Maurice Thorez area. Community links have survived around a local political “endocracy” that works relatively independently from the older partisan frame. For many middle-class families living in Ivry, the maintenance of a certain communist authority makes it easier to accept the social, political, and electoral transformations of contemporary municipal communism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011MON10037 |
Date | 08 December 2011 |
Creators | Gouard, David |
Contributors | Montpellier 1, Dormagen, Jean-Yves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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