Les élections présidentielles de 2004 ont constitué un moment important dans l'histoire de l'Uruguay. En effet, c'était la première fois qu'un parti de gauche -la coalition Frente Amplio (Front élargi), menée par Tabaré Vázquez -remportait la victoire, ce qui venait mettre fin à plus de 170 années de domination des partis traditionnels. Dans le cadre du présent travail, nous avons cherché à mieux comprendre cette victoire, en nous attardant aux changements rhétoriques qui ont marqué la scène politique uruguayenne depuis l'avènement du Frente Amplio en 1971. Pour ce faire, nous avons élaboré un cadre théorique librement inspiré des concepts aristotéliciens, de logos, d'ethos et de pathos. Nous les avons toutefois actualisés à l'aide de théories principalement tirées du champ des communications politiques, afin qu'ils puissent rendre compte adéquatement de la complexité de la politique contemporaine. Ces concepts correspondent aux trois variables étudiées, c'est-à-dire les discours politiques, les candidats ainsi que la façon dont ceux-ci sont perçus par les électeurs. Pour chacune de ces variables, nous avons considéré à la fois son évolution au fil des ans ainsi que le rôle joué lors de la campagne électorale de 2004. Nous avons également cherché à tenir compte autant des facteurs rationnels qu'émotionnels. Le terrain que nous avons effectué en Uruguay nous a permis d'interroger certains des plus grands experts de la politique uruguayenne, dans une perspective multidisciplinaire. Les données ainsi recueillies constituent la base de notre corpus d'analyse, que nous avons triangulé à l'aide d'une analyse documentaire ainsi qu'une revue de presse de la couverture médiatique de la campagne électorale. Les résultats obtenus confirment qu'il y a bien eu des changements rhétoriques significatifs qui se sont opérés sur la scène politique uruguayenne au cours des 30 dernières années. Au niveau des discours, la gauche a très bien su adapter son programme aux différents contextes traversés par le pays, notamment en évacuant graduellement les références au marxisme à partir de 1989 pour se rapprocher davantage des préoccupations du peuple. Elle a aussi changé son style communicationnel pour faire un plus grand usage des médias de masse. Au niveau des candidats, ceux qui ont permis au Frente Amplio de l'emporter en 2004 avaient tous des profils hors du commun, ce qui a sans doute joué en leur faveur dans le cadre d'une campagne électorale s'étant déroulée sous le thème du changement. Au niveau de la perception des candidats par les électeurs, la coalition de gauche a pu bénéficier du phénomène de « conquête de la culture populaire » qui a débuté en Uruguay à partir de la fin des années 1950 et qui a contribué à la perte de crédibilité des partis traditionnels. L'approche adoptée nous a donc permis d'aborder la politique uruguayenne sous un nouvel angle, et elle pourrait être utilisée pour analyser les changements politiques dans d'autres pays, ou encore dans le cadre d'une étude comparative. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Communication politique, Rhétorique, Campagne électorale, Uruguay, Montée de la gauche.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1542 |
Date | January 2008 |
Creators | Gagnon, Mathieu-Étienne |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/1542/ |
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