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Le temps de l'équité : justice sociale, environnement et générations futures

Le contexte actuel de la crise environnementale et climatique rend plus nécessaire que jamais une réflexion philosophique sur l’étendue temporelle de la justice : avons-nous des obligations de justice envers les générations futures? Si oui, pourquoi? Quelle forme prennent ces obligations, et comment les respecter aujourd’hui? En réponse à ces questions, cette thèse tente de fonder une philosophie politique des enjeux intergénérationnels et environnementaux – tout en ouvrant le dialogue avec les sciences sociales – et soutient plus précisément une forme d’équité intergénérationnelle requérant elle-même, pour sa mise en oeuvre, une forme d’égalitarisme intra-générationnel. Nous défendons que l’équité intergénérationnelle repose sur une forme de réciprocité multilatérale : alors que les générations futures éloignées nous procurent un horizon de sens, notamment en respectant un certain devoir de mémoire, les générations actuelles doivent assurer une forme de durabilité écologique pour la postérité. Nous clarifions la notion de « durabilité » en mettant en relief la « question difficile de la durabilité », qui oppose l’importance normative relative du patrimoine naturel à l’importance normative relative du capital technique. Face à cette question, plusieurs réponses sont examinées de façon critique, comme l’idée selon laquelle notre patrimoine naturel aurait une valeur culturelle mnémonique. Le principal argument développé pour soutenir une version forte de la durabilité repose sur la valeur coopérative du patrimoine naturel : en tant que liant social et soutien aux personnes défavorisées, l’environnement favorise la coopération sociale. Quel design institutionnel pourrait respecter ces exigences de la durabilité forte? Le marché du carbone est perçu par plusieurs comme étant efficient et potentiellement équitable. Nous arguons que plusieurs caractéristiques du marché du carbone font en sorte que, selon toutes probabilités, les entreprises privées auront à la fois le pouvoir et la volonté de manipuler ce système à leur avantage économique court-termiste. Nous explorons plutôt la possibilité de rénover les démocraties modernes par l’introduction d’une chambre tirée au sort et délibérative, qui permettrait de réaliser une plus grande égalité politique entre concitoyens, et aurait différents avantages du point de vue de la durabilité. / In the current context of environmental and climate crisis, philosophical reflection on the temporal scope of justice is more necessary than ever. Do we have obligations of justice toward future generations? If so, why? How should we characterize these obligations, and how can we meet them? In the face of these questions, this dissertation tries to ground a political philosophy of environmental and intergenerational issues – while opening up a dialogue with social sciences. In particular, it defends a form of intergenerational fairness that itself requires, for its implementation, a form of intra-generational egalitarianism. I argue that intergenerational fairness rests on a form of multilateral reciprocity: while distant future generations provide us with a horizon of meaning, notably by respecting a certain duty of memory, present-day generations must secure a form of ecological sustainability for posterity. I clarify the notion of « sustainability » by highlighting the "though question of sustainability", which opposes the relative normative importance of natural heritage and the relative normative importance of technical capital. Facing this question, various answers are critically examined, such as the idea that our natural heritage has a cultural mnemonic value. The main argument developed in order to support a strong version of sustainability rests on the cooperative value of natural heritage: as a social binder and support for the disadvantaged, nature facilitates cooperation. What institutional design could meet the requirements of strong sustainability? Carbon markets is often seen as an efficient and potentially equitable mechanism. I argue that many characteristics of carbon markets explain why private corporations are likely to have both the power and willingness to manipulate this system to their own short-term economic advantage. I rather explore the possibility of renewing modern democracies by introducing a deliberative randomly-selected chamber, that would realize a greater political equality between co-citizens, and that would reap multiple advantages from the standpoint of sustainability.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/66969
Date01 February 2021
CreatorsVerret-Hamelin, Antoine
ContributorsTurmel, Patrick
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (ix, 314 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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