Notre thèse a pour but de proposer un modèle d’intelligibilité de la pensée éthique des éducateurs scolaires, obtenu par la mobilisation de concepts issus de la philosophie morale. Pour cela, nous nous appuyons en particulier sur la notion de minimalisme moral qui permet de prendre en compte le fait que certaines postures professionnelles, compatibles avec l’action institutionnelle, relèvent de principes moraux habituellement non reconnus comme valides dans un cadre scolaire, comme par exemple le principe de non-nuisance.Nos réflexions reposent sur une définition de l’acte d’éducation en contexte scolaire conçu comme contribution à une imputation partagée des responsabilités pour permettre l’accès au savoir des élèves. Ces responsabilités relèvent en effet à la fois et de façon toujours située, de l’acteur institutionnel, mais aussi de l’élève lui-même ainsi que des autres personnes qui assurent son éducation et en particulier ses parents. La compétence de l’éducateur scolaire dépend donc de sa capacité à comprendre et utiliser les apports de chaque acteur en fonction des moments éducatifs. Cette conception nous permet de saisir l’intensité de la porosité entre l’école et un monde où le pluralisme axiologique n’est pas l’exception mais la règle.De l’analyse d’entretiens avec des professionnels et à l’aide d’un cadre théorique permettant d’envisager la possibilité d’un recours au minimalisme pour éduquer scolairement dans un mode pluraliste, nous déduisons plusieurs résultats permettant de proposer un modèle de compréhension des repères moraux mobilisés par les éducateurs. Ce modèle permet en particulier de faire apparaître que les positionnements éthiques n’ont pas vocation à être fondés sur une liste finie de principes ou de valeurs, mais sont le produit d’une imagination morale s’attachant à prendre en compte les spécificités des situations. S'impose alors une philosophie du courage, défini comme capacité à l’exercice du jugement dans des situations limites sur le plan éthique, philosophie qui permet de penser l’action dans un environnement éthique complexe et toujours changeant. Le courage d’éduquer est donc pour nous ce qui permet le dépassement, dans des conditions que l’éducateur reconnait comme spécifiques, d’une morale scolaire de sens commun pour laquelle les solutions éthiques préexisteraient aux problèmes. / Our thesis aims at proposing a scheme of understanding of the ethical thought of educators in a school environment, built on the use of concepts originally used to speak of moral philosophy. Hence we base our analysis more specifically on the notion of moral minimalism, a theory which allows to take into account the fact that some professional positions, acceptable as regards the institutional action, arise from moral principle which are normally not considered valid in a school context, like for example, the “no harm done” principle. Our reflexion is based on a definition of the educational action in a school context, thought as a contribution to a sharing of responsibilities aiming at allowing students to have access to knowledge. These responsibilities both –and in a very precise way-arise from the institutional actor and the student, together with the people who are in charge of his education, namely his parents. The school educator’s ability hence depends on his capacity to understand and use the contribution of each actor according to the different educational moments. This belief allows us to understand the importance of the interaction between school and a world in which axiological pluralism is the law. From the discussions we had with professionals and with the help of a theoretical framework allowing the possibility to base education on minimalism in our pluralist world, we came to several conclusions allowing to propose a model of the moral points of reference used by educators. This model shows, in particular, that ethical positioning are not naturally set on a list of principles or values, but on the contrary are the result of a moral imagination which takes into account the specificities of every situation. Then a philosophy of courage is born, which can be defined as a capacity to judge in situations which are borderline in terms of ethics and which allows to think the action in a changing and complex ethical environment. The courage to educate thus permits, in situations which the educator identifies as specific, to push the limits of common sense school ethics, according to which ethical solutions would preceed the occurrence of problems
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013LYO20080 |
Date | 19 November 2013 |
Creators | Lorius, Vincent |
Contributors | Lyon 2, Meirieu, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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