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Contribution de la dissociation et de la mentalisation des émotions à la perturbation identitaire dans la personnalité borderline

Le trouble de personnalité borderline (TPB) témoigne de perturbations majeures
du fonctionnement de la personnalité que l’on peut situer sur deux pôles principaux, soit
une perturbation du fonctionnement du soi (identité et agentivité) et une perturbation du
fonctionnement interpersonnel (empathie et intimité). L’intégration identitaire est une
dimension du fonctionnement du soi, celle-ci réfère à une image de soi claire et cohérente,
à la capacité de se réguler, à l’habileté d’établir des limites entre soi et les autres et à une
estime de soi qui est stable. Dans le TPB, la perturbation identitaire (PI) s’exprime par une
oscillation chronique entre des états de soi extrêmes, contradictoires et polarisés qui
s’accompagnent d’une souffrance psychologique marquée.
La dissociation est un des mécanismes impliqués pour expliquer un défaut
d’intégration dans l’expérience du soi. Les mécanismes dissociatifs ont pour fonction de
maintenir à l’écart de la conscience les états émotionnels douloureux qui menacent la
cohésion et l’intégrité psychologique de l’individu. En revanche, la mise à l’écart des
émotions douloureuses ou menaçantes nuit aux processus de symbolisation et de liaisons
nécessaires à la transformation du vécu émotionnel en expérience mentale tolérable et
assimilable au sens de soi. Pour ces raisons, au sein des théories psychanalytiques
contemporaines, les états contradictoires dominés par une affectivité négative qui
caractérisent la PI dans le TPB sont conceptualisés comme la conséquence d’un échec des
processus de mentalisation à contenir et à métaboliser l’expérience émotionnelle.
L’objectif de cette thèse est de préciser davantage la contribution de la dissociation
et des émotions négatives peu mentalisées au sein de la compréhension de la PI dans le
TPB. Présentement, la conceptualisation dominante des enjeux identitaires du TPB
s’appuie sur la formulation de Kernberg dans laquelle le clivage est le mécanisme principal
à l’origine de la PI. Le premier article de la thèse est donc théorique et vise à souligner les
avantages d’employer la dissociation pour conceptualiser les principaux enjeux de
l’instabilité identitaire du TPB, en les contrastant aux limites conceptuelles du clivage. En
incluant la dissociation à la compréhension de la PI, il devient possible d’expliquer la
présence des états émotionnels peu mentalisés qui caractérisent l’intense souffrance
psychologique associée au sentiment d’incohérence personnelle. Une formulation centrée
sur le clivage à cet égard tient compte uniquement de l’agressivité pathologique et de la
gestion de la destructivité dans l’explication de la PI.
Le deuxième article de la thèse est en continuité avec les idées proposées dans
l’article théorique. Il s’agit d’un article empirique dont l’objectif est d’explorer le rôle des
émotions peu mentalisées et leur association à la PI. Une étude de cas empirique à devis
longitudinal a donc été réalisée auprès d’une patiente ayant un TPB, et ce dans le cadre
d’un traitement psychodynamique d’une durée d’un an. Les processus de mentalisation des
émotions et d’intégration identitaire ont été mesurés au moyen de méthodes d’analyse du
discours. Des corrélations-croisées ont été réalisées afin d’établir des relations
séquentielles sur les variables à l’étude et observer leur covariation dans le temps. La
mentalisation de la tristesse uniquement était associée à une meilleure intégration de
l’identité à la fin du traitement, et les deux processus évoluaient de façon conjointe dans le
temps. Les résultats de l’étude semblent ainsi suggérer que la souffrance liée à une perte
est le type de souffrance le plus associé à la PI. Ce qui permet d’émettre l’hypothèse que
la souffrance causée par une perte est plus susceptible d’entraîner une mise à l’écart de
parties de soi.
La thèse se conclut par une discussion des principaux résultats de l’étude à la
lumière des idées formulées dans l’article théorique. En considérant la dissociation dans la
compréhension des principaux enjeux identitaires du TPB, il est possible d’élargir la vision
du changement thérapeutique, notamment en incluant la contribution des processus de
mentalisation dans le développement d’une identité plus intégrée. / Borderline personality disorder (BPD) reflects major disturbances in personality
functioning that can be placed on two main poles: a disturbance in self-functioning (identity
and self-direction) and a disturbance in interpersonal functioning (empathy and intimacy).
Identity integration is a dimension of self-functioning, referring to a clear and coherent
self-image, the ability to regulate oneself, the ability to establish boundaries between
oneself and others, and stable self-esteem. In BPD, identity disturbance (ID) is expressed
by chronic oscillation between extreme, contradictory, and polarized states of self,
accompanied by marked psychological suffering.
Dissociation is one of the mechanisms involved in explaining a lack of integration in the
experience of the self. Dissociative mechanisms serve to keep out of consciousness painful
emotional states that threaten the cohesion and psychological integrity of the individual.
On the other hand, the sidelining of painful or threatening emotions undermines the
processes of symbolization and linking needed to transform emotional experience into
tolerable mental experience that can be assimilated into a sense of self. For these reasons,
within the framework of contemporary psychoanalytic theories, the contradictory states
dominated by negative affectivity that characterize ID in BPD are conceptualized as the
consequence of a failure of mentalizing processes to contain and metabolize emotional
experience.
The aim of this thesis is to further clarify the contribution of dissociation and poorly
mentalized negative emotions within the understanding of ID in BPD. Currently, the
dominant conceptualization of identity issues in BPD is based on Kernberg's formulation
in which splitting is the main mechanism underlying ID. The first article of the thesis is
conceptual in nature and aims to highlight the advantages of employing dissociation to
conceptualize the main issues of identity instability in BPD, contrasting them with the
conceptual limitations of splitting. By including dissociation in the understanding of ID, it
becomes possible to explain the presence of the poorly mentalized emotional states which
characterize the intense psychological suffering associated with feelings of personal
incoherence. A splitting-centered formulation in this respect takes account only of
pathological aggression and destructiveness management in the explanation of ID.
The second article of the thesis is in continuity with the ideas proposed in the
theoretical article. It is an empirical article whose aim is to explore the role of poorly
mentalized emotions and their association with ID. A longitudinal empirical case study was
conducted with a BPD patient, as part of a year-long psychodynamic treatment.
Mentalization of emotions and identity integration processes were measured using
narrative analysis methods. Cross-correlations were performed to establish sequential
relationships on the variables under study and observe their covariation over time.
Mentalization of sadness alone was associated with better identity integration at the end of
treatment, and both processes covaried over time. The results of the study thus seem to
suggest that suffering associated with loss is the type of suffering most associated with ID.
This suggests that the suffering caused by loss is more likely to result in a disconnection of
parts of the self.
The thesis concludes with a discussion of the main findings of the study in the light
of the ideas formulated in the theoretical article. By considering dissociation in the
understanding of the main identity issues in BPD, it is possible to broaden the vision of
therapeutic change, notably by including the contribution of mentalizing processes in the
development of a more integrated identity.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/33402
Date11 1900
CreatorsAhoundova, Lola
ContributorsLecours, Serge
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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