On considère traditionnellement l'interprétation allégorique comme une défense face aux critiques que les premiers philosophes Ioniens ont adressées aux poètes pour leur représentation de la divinité. Ainsi, l'allégorie grecque aurait été au coeur d'une polémique théologique entre les poètes et les philosophes ou plus largement au coeur de l’opposition de la philosophie au mythe. Il est pourtant désormais admis que la relation entre le logos et le muthos ne peut se réduire à une telle antinomie. Il est donc essentiel de redéfinir à son tour le rôle de l’allégorie afin de nuancer son caractère apologétique et son cadre polémique. L’entreprise a déjà été entamée par la recherche des deux dernières décennies et c’est dans cette actualisation historiographique que souhaite s’inscrire ce mémoire. L’organisation du développement est à la fois chronologique et thématique. L’examen de la réception des mythes à l’époque archaïque, celle du premier commentaire allégorique met en avant un aspect négligé de la critique philosophique : la réécriture du mythe théogonique en cosmologie philosophique. Cette réécriture n’est pas sans effet sur l’allégorie qui peut être conçue dès le Vème av. J.-C. comme un outil de réappropriation du mythe, à la fois dans sa matière et dans sa forme discursive, par la philosophie désormais affirmée. Enfin, la mise en perspective de l’allégorie avec les traditions discursives qui entourent sa naissance révèle que l’allégorie est certes le reflet d’une relation co-évolutive du logos et du muthos mais surtout la conséquence d’une conception du langage complexe dans la pensée grecque. / Allegorical interpretation is traditionally seen as a defence against the criticism that the early Ionian philosophers levelled at the poets for their depiction of the deity. Thus, Greek allegory would have been at the heart of a theological polemic between poets and philosophers and more broadly at the heart of the opposition of philosophy to myth. It is now accepted, however, that the relationship between logos and muthos cannot be reduced to such an antinomy. It is therefore essential to redefine the role of allegory in order to nuance its apologetic character and its polemical framework. This undertaking has already been initiated by the research of the last two decades and it is in this historiographic update that this thesis wishes to be inscribed. The organisation of the development is both chronological and thematic. The examination of the reception of the myths in the archaic period, that of the first allegorical commentary, brings out a neglected aspect of the philosophical criticism: the rewriting of the theogonic myth in philosophical cosmology. This rewriting is not without effect on allegory, which can be conceived from the 5th century BC onwards as a tool for the reappropriation of myth, both in its subject and in its discursive form, by the philosophical discourse. Finally, putting allegory into perspective with the discursive traditions surrounding its birth reveals that allegory is the reflection of a co-evolutionary relationship between logos and muthos and above all the consequence of the idea of a complex language.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27417 |
Date | 04 1900 |
Creators | Auger, Romane F. |
Contributors | Bouchard, Elsa |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | English |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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