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Conséquences des inondations de juillet 1996 sur les conditions de vie et la santé biopsychosociale des femmes

Cette étude a permis de recueillir des données auprès de quinze femmes vivant seules ou en couple, propriétaires d'une résidence principale ou secondaire et ayant été victimes des inondations de juillet 1996. La méthode qualitative utilisant des entrevues avec des questions semi dirigées a été utilisée pour recueillir le discours des sinistrées. Les principaux objectifs de l'étude étaient de mettre en lumière les sentiments et les difficultés vécus, d'identifier les conséquences des inondations sur la santé biopsychosociale des sinistrées, de vérifier l'existence de relations entre le type de résidence endommagée et les difficultés et conséquences vécues et finalement de recueillir les recommandations des sinistrées. À la lumière des résultats obtenus, il a été possible de constater que les femmes propriétaires d'une résidence principale ont subi des dommages et des pertes plus importantes que les femmes propriétaires d'une résidence secondaire. En effet, ces femmes ont perdu des meubles, des vêtements, de la nourriture, des ressources financières diverses, des souvenirs, etc. La réalité des femmes, propriétaires d'une résidence secondaire, a fait en sorte qu'elles ont pu conserver leur résidence principale, mais ont soit perdu un lieu considéré primordial pour leur qualité de vie en tant que ressource de détente ou ont fait face à des dommages majeurs à leur chalet.

Cette étude a aussi permis d'identifier les sentiments vécus et les conséquences des inondations de juillet 1996 en fonction des différentes étapes d'un désastre naturel que sont 1) la phase d'avertissement ou la phase d'alerte dans laquelle des sentiments de l'ordre de la peur et de l'anxiété ont été ressentis. 2) la phase de danger dans laquelle des sentiments tels que la culpabilité a ressorti dans le discours des sinistrés et où il y a prise de conscience du danger imminent. 3) la phase d'impact ou la phase de la menace où les sentiments ressentis ont été de l'ordre de la stupeur, du désespoir, de l'isolement. 4) la phase de secours ou la phase de sauvetage dans laquelle la ventilation des émotions a pris toute son importance et où certaines victimes se sont retrouvées dans des lieux d'hébergement d'urgence. 5) la phase de rétablissement où la peine des femmes sinistrées est liée aux pertes encourues et à la désolation de constater que leur vie ne sera plus jamais pareille et finalement, 6) la phase de reconstruction qui correspond à la reconstruction de l'environnement physique, mais aussi au long processus de guérison des victimes.

Les inondations de juillet 1996 constituent un désastre naturel qui a amené son lot de problèmes et de difficultés à surmonter. Cette situation a eu des conséquences sur l'état de santé physique et psychologique des femmes sinistrées. Beaucoup d'entre elles ont ressenti de l'épuisement et la plupart des femmes interviewées ont avoué avoir pleuré devant l'étendue des dommages. Un sentiment d'impuissance et de découragement les a aussi envahies dans les jours et semaines qui ont suivi ce désastre. Les conséquences des inondations se sont même étendues à la vie sociale des sinistrées. En effet, plusieurs d'entre elles se sont isolées des membres de leur entourage et ont cessé de fréquenter leur réseau social habituel, du moins temporairement, à la suite du désastre. La fatigue, la honte et le désir d'éviter de parler de l'événement les ont poussées à adopter un tel comportement. Les femmes qui ont changé de quartier à la suite de la relocalisation ou de la reconstruction de leur résidence principale ont été celles qui ont vécu le plus de difficultés sur le plan social. Créer des liens lorsqu'on vient de vivre une expérience émotivement très exigeante s'est donc avéré passablement difficile pour ces dernières.

Cette étude démontre aussi que les inondations ont eu des répercussions sur l'état de santé biopsychosociale des sinistrées. En effet, dans les jours, les mois et les années qui ont suivi la catastrophe, plusieurs femmes ont rapporté avoir souffert de problèmes de santé physique comme des difficultés de sommeil, des problèmes gastriques, un épuisement physique et une prise accrue de médicaments. Elles ont également rapporté avoir souffert de détresse psychologique, de stress, de manifestations de stress post traumatique ainsi qu'un fort sentiment d'insécurité. Des répercussions sur la vie sociale et économique, de même que sur la vie familiale ont également été présentes lors des inondations : prise de congés de maladie, absences au travail, abandon de la pratique de loisirs, isolement, endettement et difficultés financières sont au nombre des conséquences relevées par les répondantes.

Les résultats de cette étude permettent donc de constater que les inondations de juillet 1996 ont donc été vécues comme une accumulation de difficultés péniblement surmontables auxquelles se sont ajoutés des sentiments de l'ordre de l'impuissance et de la peur. Les vies émotionnelle, familiale, professionnelle et économique des sinistrées ont toutes été perturbées pendant et après les inondations. Le type de résidence endommagé a joué un rôle important dans la survenue de symptômes physiques ou psychologiques et l'importance des conséquences des inondations sur la santé biopsychosociale des femmes sinistrées est liée au type de pertes encourues par ces dernières et au soutien social qu'elles ont reçu après cet événement.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QCU.599
Date January 2005
CreatorsDesmeules, Julie
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/599/

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