En Australie du Nord, une nouvelle catégorie d'acteurs sociaux aborigènes a émergé dans les années 1990 : les « rangers ». Fondés sur la professionnalisation et la formalisation de responsabilités « traditionnelles » envers la terre et la mer, leurs emplois et programmes sont présentés comme des mécanismes de « gestion des ressources naturelles » et de conservation de la biodiversité contrôlés par les communautés autochtones, tout comme un support de « développement » local. Cette thèse propose un regard critique sur le système des rangers en partant de la question suivante : constitue-t-il une manifestation « d'impérialisme écologique » ? L'ethnographie (2009-2010) des interactions sociales mises en jeu par les activités du groupe de rangers de la communauté de Ngukurr (Terre d'Arnhem, Territoire du Nord) y est associée à une contextualisation et à une analyse articulant échelles locale, régionale et nationale et discours international. Le système des rangers reflète diverses logiques endogènes et exogènes qui dépassent ses objectifs affichés de résilience environnementale et socio-économique. Il repose sur des rapports de pouvoir et des négociations complexes entre les différents acteurs impliqués (dont l'État australien), entre « savoirs écologiques traditionnels » et science, et entre rapports sociaux locaux et bureaucratiques. Cette étude met au jour le processus de bureaucratisation et les multiples ingérences et ambivalences inhérents à ce système, qui (re)produit des distinctions et tensions sociales. Elle souligne également la fonction de médiateurs qu'endossent les rangers ainsi que l'ambiguïté de la position de chercheur dans un tel contexte. / In Northern Australia, a new category of Indigenous social actors emerged in the 1990s: “rangers”. Their jobs and programmes are based on the professionalization and formalization of “traditional” responsibilities for the land and sea. They are presented as natural resource management and biodiversity conservation mechanisms controlled by Indigenous communities and as a basis for local “development”.This thesis proposes a critical view of the ranger system, starting from the following question: is this system a form of “ecological imperialism”? The ethnography (2009-2010) of the social interactions at work in the activities of the Ngukurr community's ranger group (Arnhem Land, Northern Territory) is combined with a contextualization and an analysis linking local, regional and national levels with the international discourse.The ranger system reflects various endogenous and exogenous logics that go beyond its stated aims of environmental and socioeconomic resilience. It is based on complex power relations and negotiations between the different actors involved (including the Australian State), between “traditional ecological knowledge” and science, and between local and bureaucratic social relationships. This study reveals the bureaucratization process and the many external interventions and ambivalences inherent in this system which (re)produces social distinctions and tensions. It also highlights the mediator or broker role played by the rangers as well as the ambiguous position of the researcher in such a context.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013AIXM3037 |
Date | 03 July 2013 |
Creators | Fache, Élodie |
Contributors | Aix-Marseille, Lemonnier, Pierre, Dousset, Laurent |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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