La participation des personnes s’identifiant comme Autochtones aux institutions démocratiques du Canada (que ce soit par le vote ou par le fait de se présenter à des élections) est un sujet peu traité par la littérature scientifique. Longtemps interdite et encore critiquée par un certain nombre d’auteurs influents de la pensée décoloniale, elle connait depuis quelques temps un certain essor. La participation électorale des Autochtones vivant en réserve y est au-dessus de 50% depuis deux élections fédérales. Nous y constatons également une augmentation du nombre de candidats autochtones depuis 2008 et l’élection d’un nombre toujours plus élevé de députés autochtones à chaque élection depuis 2011.
Ce renouveau participatif nous donne une occasion sans précédent de dresser un portrait de la relation complexe qu’entretiennent les Autochtones aux institutions démocratiques canadiennes et de s’interroger sur la signification de cette participation. Cette thèse par article propose à la fois une réflexion théorique et une analyse empirique en ce sens.
Dans un premier article nous traitons dans une perspective théorique de la tension normative entre la participation au sein des institutions coloniales et la volonté d’autodétermination des peuples autochtones. Nous arguons que l’importance accordée à cette tension dans la littérature dépend de la conception adoptée de l’autodétermination. Dans le deuxième article nous étudions le comportement électoral des Autochtones à partir de données quantitatives. Nous soulignons l’importance du vote affinitaire afin de comprendre les préférences des électeurs autochtones. Dans le troisième article, nous traitons de la représentation des intérêts autochtones par les députés s’identifiant comme Autochtones élus sous la 42ème législature. Une analyse qualitative des interventions en chambre nous permet de souligner qu’au-delà des dimensions partisanes, les députés autochtones mettent davantage de l’avant les enjeux autochtones et le font aussi différemment, ce qui confirme le lien entre la représentation descriptive et substantive des intérêts.
Nous concluons cette thèse sur le fait qu’il serait hasardeux de réduire, comme certains le font, ce renouveau de la participation des Autochtones à une forme d’assimilation ou d’acceptation de la citoyenneté canadienne. Notre thèse permet au contraire de souligner le caractère multidimensionnel de cette participation, qui s’inscrit selon nous dans un registre plus large d’activisme politique visant à défendre des identités distinctes et des intérêts propres aux peuples autochtones. / The political participation of those who identify themselves as Indigenous peoples in Canada's democratic institutions (whether through voting or running for election) is a subject that has received little attention in the scientific literature. Long banned and still criticized by many influential authors, today the political participation is a political reality. The electoral turnout of Indigenous peoples living on reserve has been above 50% since three federal elections. We also see an increase in the number of Indigenous people candidates since 2008 and the election of an ever-increasing number of Indigenous people as Members of Parliament (MPs) in each election since 2011.
This phenomenon gives us an unprecedented opportunity to draw a portrait of Indigenous people’s complex relationship with Canadian democratic institutions and make sense of its signification for Canadian citizenship. This thesis by articles explores these issues from both a theoretical and an empirical perspectives.
In a first article, we theoretically deal with the normative tension between Indigenous individuals’ electoral participation and self-determination. We argue that the normative tension between the two largely depends on one’s conception of self-determination as a political project. In the second article, we use quantitative data to study the electoral behavior of Indigenous peoples. We argue that beyond partisan considerations, the electoral behaviour of Indigenous communities is heavily influenced by affinity voting. In the third article, we deal with the representation of indigenous people’s interests by indigenous MPs elected under the 42nd legislature. Our qualitative analysis of speeches in the House of Commons suggests that Indigenous MPs do tend to address indigenous-related issues more frequently and do so differently than other MPs. We conclude that, contrary to many of its critiques, the participation of Indigenous communities in Canadian democratic institutions cannot be reduced to a form of assimilation or a straightforward acceptance of the rules of Canadian citizenship. This renewed engagement should instead be located within a broader political movement and collective agency in defending and promoting distinct Indigenous peoples identities and interests.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26438 |
Date | 08 1900 |
Creators | Dabin, Simon |
Contributors | Papillon, Martin |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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