Cette thèse revient sur les moyens de la prise en charge publique et par les associations de défunts dits ‘indigents’. Si la littérature sur ce sujet insistait grandement sur la catégorie des personnes de la rue et sur les idées de délaissement et de sacrifice, ce travail met en avant les différentes facettes, parfois conflictuelles, de l’intérêt public porté à ces morts. Cette recherche est principalement l’aboutissement d’une ethnographie menée auprès de l’association parisienne du Collectif les Morts de la Rue. Cette association dénonce depuis 2001 les conditions de vie et de morts des personnes de la rue et s’occupe, depuis 2003, des cérémonies funéraires pour tous les corps non-réclamés de la ville de Paris. L’enquête revient sur les motivations des deux groupes de bénévoles coexistant au sein de la même association, l’un se concentrant sur l’activisme en faveur des personnes de la rue (‘gueuler’) et l’autre sur les rituels des défunts non-réclamés, quelle que soit leur origine sociale (‘pleurer’). Ces deux groupes créent des communautés symboliques de morts et de vivants à travers des cérémonies, émotions et rituels. L’insistance du groupe des fondateurs sur l’activisme en faveur des vivants de la rue est parfois en contradiction avec l’implication plus générale de certains bénévoles pour tous les défunts non-réclamés. La thèse revient sur leur cohabitation au sein de la même association et montre comment des références communes à la fraternité humaine et à l’universalité de la mort ne suffisent pas à couvrir des motifs d’engagements divergents. / This research analyzes what happens to the deceased labeled as ‘paupers’ and managed through non-governmental organizations and public means in France. Where previous literature on the subject emphasized social categories such as homeless people and theories of sacrifice, this work puts forward conflicting public interests given to the dead labeled as ‘paupers’. This recearch draws mostly on ethnographic fieldwork with the Collectif Les Morts de la Rue, a parisian organization denouncing the life and death conditions of homeless people since 2001, and in charge of the funeral ceremony of any unclaimed body since 2003. The investigation shows how two groups of volunteers with two different primary interests developed over time. The first group is mainly concerned with political activism in favor of people living and dying on the streets. The second group focuses more on non-political rituals for all unclaimed bodies, regardless of their social status. The two groups coexist with mutual references to the dead and to humanity after death. Through rituals and public ceremonies using emotions, they create symbolic communities gathering both the living and dead. The strong emphasis of the first group on inequality and socio-economic structure is sometimes at odds with the more general emphasis of the second group on the universal bond between human beings, showing how shared references to death and humanity are not enough to cover diverging motivations inside the same organisation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016IEPP0058 |
Date | 07 December 2016 |
Creators | Guffanti, Lucas |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Duchesne, Sophie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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