Question centrale dans l’œuvre de Peter Handke, Malcolm Lowry et Claude Simon, la perception manifeste, dans la manière dont elle travaille et infléchit l’écriture, un mode particulier d’être-au-monde, entendu non seulement comme lien phénoménologique au monde mais aussi comme ajustement singulier à un univers collectif. La manière dont la conscience reçoit les phénomènes, se les représente et tente de les maîtriser par le raisonnement et le travail de l’imaginaire, pose en effet le problème de leur interprétation et d’un possible partage du sensible. L’étude de la perception permet ainsi d’interroger l’articulation entre la poétique, l’esthétique et la politique, en marge des jalons que les écrivains eux-mêmes ont souvent ménagés à la critique pour aborder leurs œuvres. L’analyse des différentes modalités d’apparition des phénomènes à la conscience, notamment le traitement des sensations fractionnées et proliférantes, jette un premier éclairage sur les implications existentielles du processus perceptif. Est ensuite mise au jour la tension, qui traverse les œuvres du corpus, entre des formes esthétiques visant à synthétiser et à harmoniser la diversité du sensible, et des formes qui en maintiennent au contraire la force de surgissement et de déstabilisation. Enfin, on a montré comment l’interprétation des phénomènes, en rendant compte d’une possible intégration du sensible à l’intelligible ou en marquant, à l’inverse, leur irréductibilité, traduit certains modes d’ajustement au commun ; autrement dit, comment les formes sensibles apparaissent aussi comme des formes de communauté. / A central issue in the work of Peter Handke, Malcolm Lowry and Claude Simon, perception, in the way it works on and modifies writing, demonstrates a particular way of being-in-the-world, understood not only as a phenomenological link to the world but also as a singular adjustment to a collective universe. The way in which the consciousness receives phenomena, visualises them and attempts to control them, through reasoning and imagination, naturally raises the question of their interpretation and a possible role of the perceptible. The study of perception thus makes it possible to question the connection between the poetics, aesthetics and politics, aside from the indications the writers themselves have often provided to help critics tackle their works. An analysis of the different ways in which phenomena appear to the consciousness, particularly the treatment of fragmented, proliferating sensations, provides an initial glimpse into the existential implications of the perceptive process. Next it brings to light the tension that runs through the works in the corpus between aesthetic forms aiming to synthesise and harmonise the diversity of the perceptible, and forms that, on the contrary, maintain its power to suddenly appear and destabilise. Lastly, we show how the interpretation of phenomena, by taking into account a possible integration of the perceptible into the intelligible or, on the contrary, by highlighting their irreducibility, expresses certain modes of adjustment to what is common; in other words, how perceptible forms also appear as forms of community.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA030138 |
Date | 07 December 2009 |
Creators | Sarfati Lanter, Judith |
Contributors | Paris 3, Morel, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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