L’évaluation des apprentissages occupe une place importante dans les dispositifs de formation. Les décisions évaluatives peuvent avoir un impact majeur sur l’avenir professionnel de l’apprenant. Les enjeux peuvent être également élevés pour toute la société. Par ailleurs, bien que l’enseignant soit le premier responsable de l’évaluation, d’autres acteurs internes et externes y participent : les évalués, les acteurs institutionnels, les décideurs du ministère, les organismes accréditeurs, etc. L’évaluation semble bien plus complexe qu’elle n’y paraît.
Dans le contexte de l’enseignement supérieur tunisien, il y a un manque de recherche dans le champ de l’éducation et plus particulièrement en lien avec la question de l’évaluation des apprentissages. C’est pourquoi cette étude se propose de tenter de dissiper le flou qui entoure les pratiques évaluatives, qui, à notre connaissance, n’ont pas été traitées comme objet de recherche dans le contexte de l’université tunisienne.
Dans la présente étude, le concept de « culture d’évaluation » est central. L’analyse culturelle réalisée s’appuie sur la forte ressemblance entre les concepts de culture et celui de pratique. Cela nous a conduit à adopter un cadre d’analyse inspiré de la théorie des architectures de la pratique (Kemmis, 2009; Kemmis et al., 2014b). Les objectifs spécifiques consistent d’abord à décrire en détail les pratiques d’évaluation des apprentissages des enseignants ciblés et, ensuite, à identifier les patrons culturels associés à ces pratiques.
L’ethnographie est la méthodologie retenue pour cette recherche. Elle implique de mener une étude de terrain auprès d’un groupe social de « natifs ». Il s’agit d’un groupe d’enseignants appartenant aux disciplines de l’ingénierie œuvrant à l’université de Gafsa. Les données ont été recueillies à l’aide des méthodes de l’entrevue individuelle semi-dirigée, de l’observation participante et de l’étude de documents.
L’analyse des pratiques évaluatives dans le cadre de cette étude a permis de dégager quelques constats généraux. D’abord, l’évaluation est avant tout un dispositif technique. Il s’agit en outre d’une activité plurielle où des pratiques singulières se développent. Néanmoins, les enseignants tendent à suivre un processus officiel générique. Un autre constat concerne le caractère solitaire de l’activité d’évaluation qui se manifeste dans le manque de collaboration et l’existence de pratiques de « bricolage ». Il apparaît aussi que les enseignants sont insatisfaits des pratiques évaluatives existantes et tentent par de multiples moyens de les améliorer, mais sans impact réel. Le système évaluatif officiel est trop rigide pour permettre de vrais changements dans les pratiques. Cela contribue à renforcer la logique du devoir qui consiste à répondre aux exigences administratives en matière d’évaluation. Paradoxalement, les prescriptions officielles ne sont pas toujours respectées. Les résultats montrent également l’existence de conflits dans les activités d’évaluation collaboratives. Tous ces éléments conduisent à un manque de transparence dans l’évaluation. Finalement, les résultats suggèrent une certaine prévalence de la tolérance dans la culture d’évaluation.
À travers cette étude, nous présentons une ethnographie assez détaillée en tant que contribution importante pour la recherche en évaluation. Les acteurs du terrain pourraient s’y référer pour développer des dispositifs de formation plus efficaces en ingénierie. / Assessment of learning occupies a central position in training structures. Assessment decisions can have a major impact on the learner professional future. The stakes can be high for all the society as well. In addition, although the teacher has the lead responsibility for assessment, other internal and external actors are involved: the students, the institutional actors, the decision-makers at ministry level, accreditation bodies, etc. Assessment seems much more complex than it looks.
In the context of Tunisian higher education, there is a lack of research in the field of education, especially regarding the issue of assessment of learning. Consequently, this study proposes to dispel the lack of clarity that surrounds assessment practices, which, to our knowledge, have not been considered as a research topic in the context of the Tunisian university.
In this study, the concept of "culture of assessment" is central. The cultural analysis undertaken is based on the strong similarity between the concepts of culture and that of practice. This led us to adopt an analytical framework inspired by the theory of architectures of practice (Kemmis, 2009; Kemmis et al., 2014b). This research had two specific research objectives: first, to provide a detailed description of the targeted teachers assessment practices and, secondly, to identify the cultural patterns related to these practices.
We have chosen ethnography as a research methodology in this study. It involves conducting field research with a social group of "natives". It’s a group of engineering teachers working at the University of Gafsa. Data were collected using the following methods: semi-structured individual interview, participant observation and documents.
In this study, the analysis of assessment practices allowed us to form few overall observations. First of all, assessment is primarily a technical process. It is also a plural activity where unique practices develop. However, teachers tend to follow a generic formal process. Another conclusion concerns the solitary nature of the assessment activity which manifests itself in the lack of collaboration and the existence of improvisation practices. In addition, it appears that teachers express dissatisfaction with existing assessment practices and try in many ways to improve them but with no real impact. The official assessment system is too rigid to allow real changes in practices. This contributes in reinforcing the logic of duty which consists in trying to meet the administrative requirements for assessment. Paradoxically, official requirements are not always respected. The results also show the existence of conflicts in collaborative assessment activities. We also concluded that assessment lacks transparency. Finally, the results suggest a certain prevalence of tolerance in the assessment culture.
In this study, we present a quite detailed ethnography as an important contribution to research on assessment. Actors in the field could use it as a reference in order to develop more effective training systems in the field of engineering.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27261 |
Date | 08 1900 |
Creators | Messaoud, Ali |
Contributors | Durand, Micheline-Joanne |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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