L’acte productif est éminemment constitutif de toute vie humaine. Le « travail » est d’abord ancré dans une relation d’appartenance entre l’humain et la nature et une relation de coopération entre l’humain et ses semblables. En d’autres termes, dans un milieu social donné, des humains entrent en relations et effectuent des activités productives déterminées qui génèrent, grâce à leur collaboration, la production de leur vie humaine sur cette terre. L’essor des moyens de production est donc caractéristique de la complexification de ce que les humains produisent, de la façon dont ils le produisent, bref des relations sociales et des activités productives. Au fil du temps, la production a été détournée pour ne plus répondre à des besoins humains mais à des besoins solvables. Parce que la formation sociale est ce qui fait la perception, l’imaginaire, l’histoire et les pratiques sociales, il est alors important de replacer la fonction du salariat à l’intérieur d’un processus généralisé d’exploitation, d’obéissance et de contraintes visant à une mise à disposition adéquate des corps et des esprits aux nécessités du capitalisme et aux désirs des capitalistes. Autrement dit, il y a ce qu’est l’humain dans sa pratique et il y a ce qu’est l’humain dans ce qu’il conçoit et ce qu’il perçoit de sa pratique. Donc, en tant que le salariat est ce qui produit le capital, nous croyons pertinent de dégager un cadre théorique qui pourra rendre compte du dynamisme entre d’un côté : une formation sociale qui doit rendre nécessaire les dispositifs du salariat pour se (re)produire. Puis de l’autre côté, les dispositions sont les affects qui se manifestent par les perceptions et l’imaginaire des individus dont le travail est exploité pour produire le capital, mais dont le paysage passionnel peut être réenchanté par une multitude de facteurs qui ont ce rapport social comme source. En outre, que ce soit par le règne de la quantité marchande, la sociabilité au travail, les promotions, ou plus simplement, la fierté d’une tâche bien effectuée, il y a toujours des occasions pour le capital d’affecter les individus différemment et d’ainsi y produire des dispositions à désirer.
Ce mémoire propose de poser les prolégomènes nécessaires afin de dégager les bases d'une analyse conceptuelle de l’exploitation du travail sous la forme du rapport salarial. Pour ce faire, il sera question d’effectuer l’analyse, voire l’exégèse, de la pensée de Spinoza et Foucault, ainsi que de leurs contemporains, envisagée de manière à montrer comment celles-ci permettent d’appréhender les moteurs de l’assujettissement au salariat dans le capitalisme avancé. La partie spinozienne consistera en une anthropologie philosophique, qui vise à analyser conceptuellement la production de dispositions, alors que la seconde partie a pour but d’historiciser cette anthropologie, en examinant la généalogie des dispositifs de subjectivation. Il serait pertinent de mentionner que les écrits marxiens serviront de références à une critique du salariat en plus de contenir des points de convergences intéressants avec Spinoza et Foucault. L’objet de ce mémoire est de démontrer comment ces auteurs pourraient permettre d’approcher de manière dynamique et actuelle les moteurs de l’assujettissement au salariat, les dispositions à le désirer et les normes de conduites propres à la société de l’entreprenariat capitaliste. / The productive act is eminently constitutive of all human life. “Labor” is first and foremost anchored in a relationship of belonging between human and nature and a relationship of cooperation between the human and their peers. In other words, in a given social environment, humans enter into relationships and make specific productive activities which generate, due to their collaboration, the production of their human life on this earth. The development of the means of production is therefore representative of the complexity of what humans produce, of the way in which they produce it, thus social relations and productive activities. Over time, production was diverted to no longer meet human needs but solvent needs. Since social formation is what creates perception, imagination, history and social practices, it is therefore important to place the function of wage labor within a generalized process of exploitation, obedience and constraints aimed at making bodies and minds adequately available to the necessities of capitalism and the desires of capitalists. In other words, there is what the human is in his practice and in what he designs and perceives from his practice. Therefore, as wage labor is what produces capital, we believe that it is relevant to identify a theoretical framework which can account for the dynamism between one side: a social formation which must make wage labor systems necessary to (re) produce. Then on the other side, the dispositions are the affects which manifest themselves through the perceptions and the imagination of individuals whose labor is exploited to produce capital, but whose passional landscape can be re-enchanted by a multitude of factors that have this social relationship as a source. Furthermore, whether through the reign of commodity quantity, sociability at work, promotions or more simply pride in a task well done, there are always opportunities for the capital to affect individuals differently and thus produce dispositions to be desired.
This memoir proposes to settle the necessary prolegomena, in order to identify the bases of a conceptual analysis of the exploitation of labor in the form of the wage relationship. To do this, it will be a question of carrying out the analysis, even the exegesis, of Spinoza and Foucault’s thoughts, as well as of their contemporaries, considered in such a way as to show how these make it possible to understand the dynamics of subjection to wage labor in advanced capitalism. The part about Spinoza will consist of a philosophical anthropology, which aims to conceptually analyze the production of dispositions, while the second part aims to historicize this anthropology by examining the genealogy of the systems of subjectivation. It would be relevant to mention that Marxian writings will serve as references for a critique of wage labor in addition to containing interesting points of convergence with Spinoza and Foucault. The purpose of this memoir is to demonstrate how these authors could make it possible to approach in a dynamic and current manner the dynamics of subjectivation to wage labor, the dispositions to desire it and the standards of conduct specific of capitalist entrepreneurship society.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/33587 |
Date | 04 1900 |
Creators | Bérubé, Cédrik |
Contributors | Bissonnette, Jean-François |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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