Les études kantiennes peuvent se pencher sur l’œuvre de Kant, mais aussi sur sa réception et la manière dont le kantisme a contribué à faire surgir des réflexions philosophiques originales. Cette thèse explore cette deuxième voie, à travers le prisme particulier des circulations entre science, philosophie et épistémologie. Il s’agit de rendre compte de la manière dont des savants ont compris et utilisé Kant, au XIXe siècle en France. Ampère, Brunschvicg, Comte, Couturat, Gergonne, Lacroix, Léchalas, Littré, Milhaud, Poincaré, Renouvier, Rey, Ribot, Paul Tannery, Wronski et Wyrouboff sont quelques exemples de penseurs plus ou moins connus ayant une formation scientifique et faisant usage de Kant. Toutefois, plutôt que de proposer une suite rhapsodique d’études consacrées à ces savants, cette thèse suit les principaux réseaux de circulations des images et usages du kantisme tout au long du XIXe siècle en France. De l’Académie de Berlin aux revues francophones de la fin du siècle, une institutionnalisation des références à Kant se met progressivement en place et elle implique de nombreuses interfaces entre science, philosophie et épistémologie. Kant est utilisé notamment pour souligner l’activité du sujet dans la constitution de la connaissance et pour poser le problème épistémologique de la correspondance des représentations avec la réalité. Ainsi, le réalisme est mis en tension. Plusieurs savants s’emparent du kantisme pour construire des options philosophiques originales repensant les liens et les oppositions entre empirisme, idéalisme et scepticisme. Par exemple, un réalisme structural associé à une réflexion sur la croyance et sur les probabilités émerge dès le début du XIXe siècle. On le retrouve, sous des formes variées, chez Ampère, Cournot ou encore Tannery. Par ailleurs, le kantisme sert de creuset philosophique pour penser le fondement des sciences. La géométrie et l’arithmétique sont au centre des débats. C’est particulièrement vrai à la fin du siècle, avec la renaissance des géométries non-euclidiennes et le développement des liens entre mathématiques et logique. Ces problématiques ont des racines plus anciennes et les matrices des usages de Kant émergent dès le début du siècle. Enfin, il n’est pas rare d’observer que les savants utilisent Kant dans des analyses portant sur la mécanique rationnelle ou encore sur la cosmologie. De manière générale, la présente étude rend compte de la manière dont les références à Kant fonctionnent pour penser ces sciences. En définitive, il s’agit de manifester que Kant est un acteur français décisif de l’épistémologie et de la philosophie des sciences de tout le XIXe siècle / Kantian studies can look at Kant’s body of work, as well as the way it was received and how it has contributed to the emergence of original philosophical reflections. This thesis examines the latter path, through the peculiar prism of circulation between science, philosophy and epistemology. The goal is therefore to show how scholars understood and used Kant. Ampère, Brunschvicg, Comte, Couturat, Gergonne, Lacroix, Léchalas, Littré, Milhaud, Poincaré, Renouvier, Rey, Ribot, Paul Tannery, Wronski and Wyrouboff are but a few examples of more or less renowned thinkers with a scientific education who used Kant. However, rather than offering a litany of studies dedicated to these scholars, this thesis follows the main circulation networks of pictures and uses of Kantianism all through the XIX century in France. From the Prussian Academy of Sciences to the Francophone reviews at the end of the century, references to Kant were being more and more institutionalized, which implied many interactions between science, philosophy and epistemology. However, Kant was notably used to acknowledge the importance of the subject’s activity in constituting knowledge and to raise the epistemological issue of correspondence between representations and reality. The concept of realism was then given a bit of a stretch. Several scholars seized Kantianism to build up original philosophical options, which rethought the connections and oppositions between empiricism, idealism and skepticism. For instance, a form of structural realism associated with a reflection on belief and probabilities appeared as soon as the beginning of the XIX century. It can be found, for example, under various forms in Ampère, Cournot or even Tannery. Moreover, Kantianism was used as a philosophical melting pot to think out the founding principles of sciences. Geometry and arithmetic were at the heart of the debates. It was especially the case at the end of the century, thanks to the rebirth of Non-Euclidian geometries and the development of links between mathematics and logic. However, these problematics had roots that were older and the matrices of Kant’s uses emerged as soon as the beginning of the century. Finally, it is not uncommon to observe that scholars used Kant to think out rational mechanics or even cosmology. As such, this study reports how references to Kant worked to think out these sciences. According to these perspectives, Kant is indeed an influential actor in epistemology and philosophy of science in the XIX century in France
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LORR0399 |
Date | 30 November 2017 |
Creators | Braverman, Charles |
Contributors | Université de Lorraine, Bouriau, Christophe, Nabonnand, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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