On a souvent considéré qu’au cours du XVIIIe siècle s’opérait une mutation dans l’histoire du genre biographique, qui se manifestait par le passage des « Vies » aux « biographies ». Pourtant d’importantes transformations affectent la manière de raconter la vie dès la fin du XVIe siècle. Ces changements sont particulièrement sensibles dans un sous-genre de la biographie, la Vie d’écrivain. En effet, outre l’affaiblissement de la pression rhétorique qui touche les pratiques narratives dans leur ensemble, celle-ci est modifiée par une nouvelle habitude éditoriale qui consiste à inclure une Vie de l’auteur en avant-propos de l’oeuvre et par l’évolution du statut de l’écrivain qui commence à se différencier des autres hommes de lettres. Pour comprendre la spécificité du genre, il convient de définir les conditions de production de la Vie d’écrivain, liées aux nouvelles exigences de l’historiographie et au développement de la culture mondaine, en particulier de l’art de la conversation. La Vie d’écrivain permet, par ailleurs, de mesurer l’évolution du régime de l’exemplarité, à travers la régression des modèles éthiques traditionnels, l’apparition de nouveaux modèles, mais aussi la recherche de plus en plus affirmée d’une singularité de l’auteur. Il faudra enfin s’interroger sur l’apport particulier des Vies d’écrivains à l’histoire littéraire, en relation avec la place accordée à la narration, qui constitue l’évolution majeure du genre au XVIIIe siècle. Ces différentes questions, rencontrées au fil de notre travail, nous aideront à mieux comprendre les ressorts d’une démarche inhérente à la biographie d’écrivain : le va-et-vient entre la vie et l’oeuvre. / It has often been considered that, throughout the 18th century, there took place a profound change in the history of biographical genre, expressed by the shift from “Lives” to “biographies”. However, important transformations have affected the way of telling life as far back as the end of the 17th century. The changes are particularly noticeable in one subgenre of biography, the Lives of writers. Actually, besides the weakening of the rhetorical pressure which concerns the narrative practices, as a whole, it is altered by a new editorial habit which consists in including a Life of the author as a preface to the works and by the evolution of the status of the writer who, then, starts differing from other men of letters. So as to understand the specificity of the genre, it is advisable to define the conditions of production of the Lives of writers, linked to the new demands of historiography and to the development of society culture, particularly the art of conversation. Furthermore, the Lives of writers allows to assess the evolution of the system of exemplarity, through the regression of traditional ethical models, the appearance of new models, but also the search – more and more emphasized – for the writer’s peculiarity. At last, we shall have to wonder about the particular contribution made by the Lives of writers to literary history, in relation to the place granted to narration, which constitutes the major evolution of the genre in the 18th century.These different questions, raised throughout our work, will help understand the motives of a process inherent in biographies of writers, namely, going back and forth between life and works.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040027 |
Date | 30 January 2015 |
Creators | Bénard, Élodie |
Contributors | Paris 4, Forestier, Georges |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0025 seconds