Stress, burn-out, dépression ou encore « risques psychosociaux », sont autant de catégories qui servent aujourd'hui à désigner les multiples formes de souffrances psychiques liées à l’activité professionnelle. Les maux de l’esprit ne sont toutefois pas un phénomène récent. Ils ont au contraire pris des formes et des significations variables selon les époques. Ils ont fait l’objet de traitements hétérogènes.Qu’en est-il alors du travail ? À partir de quand, dans quelles circonstances et pour quelles raisons a-t-il pu être appréhendé comme une source de souffrance psychique ? Comment ces souffrances ont-elles été dénoncées ? À l’inverse, comment rendre compte de l’invisibilité sociale des effets du travail sur la santé mentale des travailleurs ? Quel rôle les syndicats, chargés de représenter et de défendre les salariés et leur santé, ont-ils pu jouer dans cette histoire ? On a aujourd’hui peu de réponses à ces questions. C’est cette histoire que cette thèse souhaite retracer à partir d’une attention particulière aux organisations syndicales. Les syndicalistes, en tant que représentants des travailleurs, sont en effet appelés à jouer un rôle de premier plan dans la préservation de leur santé et l’amélioration de leurs conditions de travail. Notre recherche se centre pour cela sur l’activité de deux confédérations syndicales, la CGT et la CFDT, aux origines, à l’histoire et au positionnement politique et dans le champ syndical différents. Nous prêtons plus particulièrement attention au rôle joué par les conseillers confédéraux, ces acteurs de l’ombre chargés de décliner les politiques confédérales.La CFDT comme la CGT, n’ont jamais abandonné le terrain des conditions de travail, sur lequel des permanents ont toujours été en responsabilité. Cependant, ce sujet, souvent porté par des militants aux trajectoires et au profil atypiques dans l’espace syndical, n’a que rarement constitué une priorité politique. Par ailleurs, le thème de la santé psychique a été pris en charge dès 1954 à la CGT et dès sa création par la CFDT, dix ans plus tard. Néanmoins, il a fait l’objet d’une prise en charge intermittente jusqu’au tournant des années 2000. Cette thèse éclaire ainsi les ressorts et les dynamiques de prise en charge et d’occultation des enjeux de santé psychique, qui tiennent à la fois aux modalités d’organisation et de division du travail au sein des confédérations syndicales, aux parcours et à la socialisation des militants en responsabilité et à leur inscription dans des réseaux militants et scientifiques. Elle resitue les pratiques des responsables confédéraux dans les évolutions des savoirs et du cadre juridique de la santé en analysant leur rôle dans la visibilité sociale des souffrances psychiques et dans leur prise en charge syndicale. / Stress, burn-out, depression or even "psychosocial risks" are all categories which today serve to designate the multiple forms of psychological suffering linked to professional activity. The ills of the mind, however, are not a recent phenomenon. On the contrary, they have taken on forms and meanings that vary throughout history.So what about work? From when, under what circumstances and for what reasons could he be apprehended as a source of psychological suffering? How were these sufferings denounced? On the contrary, how can we explain the social invisibility of the effects of work on workers' mental health? What role did the trade unions, responsible for representing and defending employees and their health, play in this story? Today, we have few answers to these questions. It is this history that this thesis wishes to trace from a particular attention to trade union organizations. Trade unionists, as workers' representatives, are called upon to play a leading role in safeguarding their health and improving their working conditions. Our research focuses on the activity of two trade union confederations, the CGT and the CFDT, with different origins, history and political positioning and in the trade union field. We pay particular attention to the role played by the confederal counselors, the actors in charge of implementing confederal policies.Both the CFDT and the CGT have never abandoned the field of working conditions, on which permanent staff have always been in charge. However, this subject, often carried by militants with atypical trajectories and profiles in the trade union space, has only rarely been a political priority. In addition, the theme of mental health was taken up by the CGT in 1954 and by the CFDT ten years later. Nevertheless, it was the subject of intermittent management until the turn of the 2000s. This thesis thus sheds light on the dynamics and dynamics of taking charge of and concealing the stakes of psychological health, which are linked both to the methods of organisation and division of labour within the trade union confederations, to the careers and socialisation of activists in responsibility and to their inclusion in militant and scientific networks. It situates the practices of confederal officials in the evolution of knowledge and the legal framework of health by analysing their role in the social visibility of psychological suffering and in their trade union care.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SACLV047 |
Date | 19 October 2018 |
Creators | Ponge, Rémy |
Contributors | Université Paris-Saclay (ComUE), Pélisse, Jérôme, Join-Lambert, Odile |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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