Si nous prenons littéralement la définition : "lire, c’est comprendre", la compréhension devient la seule mesure significative à considérer lorsque nous évaluons la lecture d’un texte.En effet, des élèves arabisants en fin de lycée ne maîtrisent pas la lecture sémantique. Aux différents examens oraux, nous relevons qu’ils déchiffrent un texte sans qu’ils soient vraiment capables de le présenter, l’expliquer et l’analyser. Ils n’en comprennent pas vraiment le sens. Ils passent souvent leur temps à parler du texte à un niveau superficiel sans pouvoir nuancer leurs explications. En fin de compte, ils restent au stade de liseurs débutants, au niveau du déchiffrage ! Ces difficultés se présentent également aux épreuves écrites, donc en lecture et en compréhension écrite, et concernent à la fois des élèves et des étudiants dialectophones et non arabe- dialectophones.Pourtant, il est clairement précisé par les recommandations du CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues) qui constitue une « approche totalement nouvelle qui a pour but de repenser les objectifs et les méthodes d’enseignement des langues et, surtout, il fournit une base commune pour la conception de programmes.» En effet, le CECRL considère que l’enseignement/apprentissage d’une langue doit se faire à l’aide de supports ou de manuels rédigés, non pas, comme c’est encore malheureusement trop souvent le cas, pour la langue arabe, au hasard de l’inspiration normative, orthographique et grammaticale, mais en tenant compte non seulement du milieu culturel et social, mais aussi de la langue elle-même sous son évolution et sa réalité diglossiques. Dans le Chapitre 6 du CECRL, l’exigence est portée sur la méthodologie et se résume globalement par deux interrogations : « Comment s’acquiert ou s’apprend une nouvelle langue ? Que pouvons-nous faire pour faciliter ce processus d’apprentissage ou d’acquisition ? » C’est ainsi que auteurs de manuels ont commencé à rédiger depuis 2005 des ouvrages spécifiques, en prétendant dans leurs préambules que leurs productions sont conformes aux recommandations du CECR et en classant leurs méthodes, recueils ou mallettes, etc. par niveaux communs de référence A1, A2, etc. Ces manuels continuent malheureusement à concevoir l’acquisition de la lecture comme une opération de déchiffrage et de décodage. Ils sont présentés selon une progression linguistique et grammaticale sans tenir compte du fait que plusieurs élèves à qui on a affaire non-seulement appartiennent à des groupes sociaux et culturels hétérogènes, mais que beaucoup d’entre eux arrivent au cours d’arabe en parlant un dialecte arabe, avec ses multiples variétés régionales.Pour d’autres manuels, il est certain que les efforts sont respectables. A cet égard, des auteurs prennent en compte les différentes variétés dialectales en intégrant quelques références dialectales afin de rassurer les élèves dialectophones des « passerelles » existantes et possibles entre les différents registres de l’arabe et de permettre aux apprenants non-dialectophones d’utiliser socialement des expressions compréhensibles et employables immédiatement afin de les sensibiliser aux problèmes diglossiques de l’arabe.Il est vrai que les instructions officielles recommandent aux enseignants d’arabe d’accorder une place importante aux variétés dialectales et à la communication mais malheureusement beaucoup de manuels ne tiennent pas compte de ces richesses ; car ils s’inscrivent pour la plupart dans une démarche normative.On est aujourd’hui convaincu qu’on n’enseigne pas la langue arabe à des élèves français (d’origine arabe ou pas) de la même façon et avec les mêmes objectifs qu’à des élèves arabes : Marocains, Libanais ou Egyptiens.Cependant, nous admettons que nos orientations sont subjectives. Ce choix est lié à notre propre expérience professionnelle et à la lecture de multiples apports théoriques. / If we take the following definition literally: « Reading is understanding », Reading Comprehension thus, becomes the sole significant measure to take into account when we evaluate the capacity to read a text.Indeed, the students who learn Arabic are unable to master semantic reading at the end of their Lycée (High school) cycle. When we consider the results of their oral exams, we note that they decipher a text without really being able to introduce, explain and analyse it. They do not really understand its meaning. They often spend their time talking about it at a superficial level, without being able to nuance their explanations. In the end, they remain no more than novice readers who can only decipher! These difficulties can also be noted with their written exams, therefore affecting the oral and comprehension of the students who can speak the dialect as well as those who cannot.Yet, The Common European Framework of Reference for Languages (CEFRL) clearly recommends a totally fresh approach whose aim is to rethink the objectives and the teaching methods of foreign languages, and most of all, it sets a common basis for the conceptions of curricula. Indeed, the CEFRL considers that the teaching/learning of a foreign language must be done through media or textbooks that take into account not only the social and cultural background, but also the language itself in its evolution and in its diglossic reality, unlike what is unfortunately still too often the case in Arabic language textbooks, which are randomly devised according to a normative, orthographic and grammatical inspiration. In chapter 6 of the CEFRL, the requirement is on methodology and can be epitomized in two questions: “How can we acquire and learn a new foreign language? What can be done to facilitate the learning and acquisition process?”That is how, from 2005 onwards, how some language textbooks designers started to devise methods, books, toolboxes, which in their introduction parts claim that they are productions that comply with the recommendations of the CEFRL, and labelled them A1, A2. These language textbooks unfortunately keep considering the acquisition of the reading skills as a deciphering or decoding operation. They are presented according to a linguistic and grammatical progression without taking into account the fact that a number of our students not only belong to heterogeneous social and cultural backgrounds, and that many come to the Arabic class already speaking an Arabic dialect, with its multiple regional varieties.As for other course books, honourable efforts can indeed be observed. Some designers take into account the different dialectal varieties by integrating some dialectal references so as to reassure the students who speak a dialect about the existing and possible bridges between the different language levels and registers of Arabic, and to enable the learners who do not speak a dialect to use expressions that will be socially understandable and ready to be used in order to make them aware of the diglossic problems of Arabic.It is true that “Official Instructions” recommend that Arabic teachers should leave an important place to dialectal varieties and to communication, but unfortunately, a lot of course books simply ignore all that wealth, for they are guided by an all normative approach.We are convinced today that French students (of Arabic origin or not) are not taught the Arabic language the same way and with the same objectives, Arabic students from Morocco, Lebanon or Egypt are.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LORR0324 |
Date | 04 December 2015 |
Creators | Naoui, Mohamed |
Contributors | Université de Lorraine, Denooz, Laurence |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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