L’objectif de cette thèse est de montrer que la science-fiction japonaise, encore largement méconnue et très rarement traduite, offre un formidable terrain d’investigation pour une réflexion sur les technosciences, et plus spécifiquement les nanotechnologies. Elle repose sur l’idée que, contrairement aux travaux scientifiques, les textes littéraires, dans leur diversité, permettent de révéler les problèmes socio-culturels et représentationnels liés aux changements conceptuels et aux innovations technologiques. Elle emprunte la méthodologie et le cadre pluridisciplinaire des études culturelles, afin de souligner le fait que l’imaginaire nanotechnologique s’est formé à partir d’un nœud complexe de récits aux frontières extrêmement poreuses, qui s’articulent autour de plusieurs formes de discours (scientifique, littéraire, philosophique, politique, artistique). Structurée chronologiquement autour de trois grandes périodes, ce travail explore des œuvres de science-fiction japonaise dont tout ou partie de l’univers se fonde sur un novum (une innovation science-fictionnelle) associé aux nanotechnologies. La première partie, entre 1959 (le discours fondateur de Feynman) et l’année qui voit la création du terme nanotechnologie par Taniguchi Norio谷口紀男 (1974), s’intéresse cependant aux œuvres qui préfigurent l’imaginaire nanotechnologique, dont elle retrace la formation à partir d’un large faisceau de motifs antérieurs. La seconde partie couvre les deux décennies de 1980 à l’an 2000 lorsqu’apparaissent, sous l’influence décisive de Drexler (Engins de création, 1986), des novums explicitement nanotechnologiques, avec les nanomachines comme motif central. La troisième partie analyse finalement des œuvres du début du XXIe siècle. Les idées de Drexler ont largement pénétré l’imaginaire collectif, et les écrivains japonais de la zero nen-dai ゼロ年代 esquissent des avenirs où les nanotechnologies permettent de remodeler le monde à un tel niveau qu’elles ouvrent l’ère du post-humain. / The present dissertation aims at showing that Japanese science fiction, although it is still largely unknown and not much translated, provides a fertile ground of investigation to reflect on the development of techno-sciences, and more specifically of nanotechnology. Its premise rests upon the idea that, contrary to scientific discourse, literary texts can reveal the socio-cultural and representational issues raised by technological innovations. It borrows the conceptual and methodological framework of cultural studies to underline the fact that the nanotechnological imagination developed out of a complex network of narratives that draw upon a vast array of interpenetrating discourses (from science, literature, philosophy, politics, economics, and the arts). Chronologically structured around three periods, it explores Japanese works of science fiction that are partly, if not entirely, set on a novum (a science-fictional innovation) associated with nanotechnology. However, the first part, running from 1959 (the year Feynman gave its founding speech) to 1974, when Taniguchi Norio谷口紀男 coined the term nanotechnology, focuses on works prefiguring the nanotechnological imagination, tracing back its formation to earlier motifs. The second part deals with the two decades of 1980s and 1990s, when explicitly nanotechnological novums largely inspired by Drexler’s highly influential Engines of Creation (1986) emerge. The third part finally analyses works from the early 21st century. Drexler’s ideas have sunk deep into the collective imagination, and the zero nen-dai ゼロ年代 Japanese writers depict futures where nanotechnology has transformed the world to such an extent that it ushers humanity into the post-human era.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LYO30029 |
Date | 28 August 2015 |
Creators | Taillandier, Denis |
Contributors | Lyon 3, Giraud, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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