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L'horizon comme problème. Contribution à une histoire plurielle de la phénoménologie / The horizon as a problem. Contribution to a plural history of phenomenology.

L’enjeu de la thèse est à la fois d’esquisser une cartographie des usages phénoménologiques du concept d’« horizon » au XXème siècle, et en même temps de justifier l’idée d’une histoire plurielle de la phénoménologie. Plus précisément, il s’agit de montrer l’existence d’au moins deux versions alternatives de « la » phénoménologie au XXème siècle, délimitant deux cadres conceptuels et problématiques radicalement distincts qui déterminent deux manières dont il est fait usage de l’« horizon » et deux histoires de ce concept. Ainsi, chaque version — l’herméneutique phénoménologique d’inspiration heideggerienne, incluant le premier et le second Heidegger, Gadamer, Levinas, Henry, Marion vs. la phénoménologie husserlienne — repose sur une certaine conception du « phénomène » — ce qui est structurellement caché et inconstitué et est le fondement (= phénomène par excellence) de ce qui se montre (= phénomène vulgaire), raison pour laquelle il faut le laisser se montrer d’une manière herméneutique (Leben an und für sich, Sein des Seiendes, Sein als Lichtung, la vie, Autrui, la donation) vs. tout objet en tant que sens réduit constitué comme unité d’une multiplicité de conscience et exemplaire arbitraire d’une structure eidétique à décrire — qui définit le type de problèmes et d’usages de l’« horizon » en jeu dans chaque version : dans l’histoire de l’herméneutique phénoménologique, de la stabilisation de l’horizon de la vie en et pour soi et l’explicitation de l’horizon de l’être dans les Problèmes fondamentaux de la phénoménologie et Être et Temps à la nécessité de dépasser l’horizon, concept intrinsèquement lié à la métaphysique moderne de la subjectivité, chez le second Heidegger, Levinas, Henry et Marion, en passant par l’option synthétique dans Vérité et Gadamer qui assume l’horizon subjectiviste critiqué par Heidegger tout en maintenant sa critique à l’égard de la métaphysique de la subjectivité. D’un autre côté, chez Husserl, l’histoire de l’horizon commence par la détermination de son rôle local comme opérateur synthétique temporel et intentionnel entre multiplicité des perceptions externes et unité de la chose dans Chose et Espace, avant que sa fonction soit généralisée dans les Ideen I comme opérateur temporel et intentionnel de constitution du phénomène transcendant et immanent comme tel. C’est précisément la définition générale du phénomène de la phénoménologie husserlienne comme unité d’une multiplicité synthétisée par horizon qui constitue alors le catalyseur de développements théoriques concernant les trois opérations méthodiques censées être adaptées à l’étude du phénomène — l’épochè, la réduction eidétique et l’analyse intentionnelle, la réflexion phénoménologique —, développements que nous essayons de retracer, des Ideen I aux derniers textes, dans la seconde partie de ce travail. Cette analyse menée sur les deux fronts — l’horizon et la phénoménologie — nous mène alors à deux résultats importants : d’abord, nous aurons dégagé la signification du concept d’« horizon » dans ces deux versions de la phénoménologie que nous aurons radicalement distinguées ; ensuite et surtout, après avoir différencier ces deux versions de la phénoménologie sur la base du caractère alternatif des concepts de « phénomène » qui les fondent, nous aurons justifié théoriquement la possibilité d’une appropriation à venir de la phénoménologie d’inspiration husserlienne qui, plus d’un siècle après la parution des Ideen I, reste encore à accomplir. / My work aims at proposing a cartography of the phenomenological uses of the concept of horizon in the 20th century, as well as justifying the idea of a plural history of phenomenology itself. In fact, both issues are intimately related for the main goal is to show the existence of (at least) two alternative versions of phenomenology in the 20th, defined by two radically different conceptual and problematic frames determining two different way of using the term « horizon », and two different histories of this notion. Thus, each version — Heidegger-inspired hermeneutical phenomenology, including Heidegger himself at his « first » and « second » stage, Gadamer, Levinas, Henry, Marion vs. Husserlian phenomenology — is based on a very distinctive conception of what a « phenomenon » is — what is structurally concealed, unconstituted, and founds what structurally shows up, reason why it has to be made hermeneutically manifest (Leben an und für sich, Sein des Seiendes, Sein als Lichtung, life, the Other, giveness) vs. any possible meaningful object constituted as a unity in a multiplicity of any possible consciousness, constitutive correlation whose character of possibility must be grasped as that of an eidetic structure the phenomenologist has to describe — which define the kind of problems and uses of the « horizon » that will be at stake: as for hermeneutical phenomenology, it all starts with Heidegger’s explicitation of the horizon of Leben an und für sich and being and ends up with the further rejection of such a concept, considered as connected to modern metaphysics of subjectivity, by the second Heidegger, Levinas, Henry and Marion, through Gadamer’s attempt to combine the use of the term of « horizon » and a renewed critic of metaphysics; on the other hand, as for Husserl’s phenomenology, the horizon is first considered in Thing and Space as a temporal and intentional synthetic function in virtue of which the unity of the thing is made out of a multiplicity of external perceptions, before its synthetic function is generalized in Ideen I to the constitution of each and every transcendant and immanent objectivity. Then it is precisely such a generalization which, as it defines Husserl’s concept of « phenomenon » itself as a unity constituted in a multiplicity synthesized through an horizon, implies theoretical developments related to phenomenology’s methodical operations — épochè, eidetic reduction and intentional analysis, phenomenological reflexion — in virtue of which such phenomena can be studied, developments we try to follow in the second part of this work. At this point, we are finally led to two main results: first, we’re from now on able to value the differentiated significance of the concept of « horizon » in both versions of phenomenology; secondly, and more importantly, by radically distinguishing those two ways of doing phenomenology, we pave the way to (and justify theoretically) a further appropriation of Husserl’s phenomenology that, more than a century after the publication of Ideen I, is still to be carried out.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LIL30042
Date09 December 2017
CreatorsDjian, Aurelien
ContributorsLille 3, Berner, Christian, Majolino, Claudio
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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