Les nations indiennes du sud-est des États-Unis — les Choctaws, Chickasaws, Creeks, Séminoles et Cherokees — constituent une exception dans le paysage étatsunien du début du XlXème siècle, du fait de leur remarquable acculturation. Depuis l'ère coloniale, les Autochtones font le choix stratégique d'adopter certains traits culturels du colonisateur afin de s'imposer dans le dialogue économique et diplomatique avec ce dernier. Lorsqu'il met en place le programme de « civilisation », à un moment où l'assimilation des Indiens à la société américaine est envisagée, l'État fédéral s'appuie sur cet héritage de transformation culturelle. En prenant le concept de « mimétisme stratégique » comme point de départ, de façon à mettre en lumière le rôle des Indiens dans la redéfinition de leur propre identité, cette étude entend analyser la manière dont s'exprime l'agentivité des nations du Sud-Est dans la construction globale de la jeune république, en étudiant la place que prend cette stratégie d'imitation dans le rapport de force entre les nations indiennes et l'État fédéral, entre 1815 et 1861. Malgré les tensions internes impliquées par cette transition identitaire, il apparaît que les nations du Sud-Est se sont réinventées pendant la période, en adoptant notamment l'arsenal politique de création d'un État au sens large. Dans ce contexte, le déplacement vers l'Ouest imposé aux nations par AndrewJackson en 1830 semble impliquer un processus inédit. L'appropriation de la culture et des institutions états-uniennes fait que les nations participent à une certaine élaboration de l'Ouest, qui impose aux États-Unis de se poser la question de sa construction et de son expansion. / At the beginning of the nineteenth century, the southeastern Indian nations — the Choctaws, Chickasaws, Creeks, Seminoles and Cherokees—were an exception in the American landscape because of their outstanding acculturation. Ever since the colonial era, the Indians strategically adapted their culture to that of the colonists so they could weigh in the economic and diplomatic interplay that took place between the two communities. When the federal government implemented the so-called "civilization" program, based on the idea that Indians could be integrated to American society, it relied on this long-standing cultural adaptation. Taking the notion of "strategic mimesis" as a starting point, in order to highlight the role played by the Indians themselves in redefining their own identity, this study aims at analyzing the agency of the southeastern Indians in the making of the early American republic. More specifically, the extent to which this strategic imitation developed by the Indians had an impact on the federal Indian policy between 1815 and 1861 is here discussed. Despite the tensions that appeared within the nations, due to this phenomenon of cultural transformation, it seems that the Indian nations reinvented themselves during the period studied here, in adopting a state-making institutional apparel. In this context, Indian removal, initiated by Andrew Jackson in 1830, implied an unprecedented process. While appropriating American culture and institutions, the relocated Indian nations also partook of the making of the West, and had the United States reflect on its very construction and expansion.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCC219 |
Date | 09 December 2017 |
Creators | Habran, Augustin |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Rossignol, Marie-Jeanne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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