Le débat à propos de la contribution des chaînes de valeur domestiques à la sécurité alimentaire nationale dans les pays en développement a été ravivé par les dernières crises alimentaires. En Asie, les entreprises du segment intermédiaire réalisent un changement technique et intègrent de nouvelles fonctions, ce qui provoque une augmentation de la valeur ajoutée et un prix de vente au consommateur plus bas. L’objectif général de cette thèse est de contribuer à la connaissance de l’organisation des chaînes de valeur alimentaires domestiques en Afrique et leurs implications économiques et sociales pour les petits producteurs. Elle traite trois questions. Premièrement, la thèse analyse l’organisation de la chaîne de valeur du riz au Sénégal dans le but d’estimer si elle connaît une modernisation similaire à celle observée en Asie. Deuxièmement, la thèse examine l’inclusion des petits producteurs dans l’agriculture contractuelle, avec un intérêt particulier pour la combinaison de modes de commercialisation. Troisièmement, la thèse évalue l’impact des contrats sur les revenus et la sécurité alimentaire des petits producteurs. Le cadre théorique est celui de la gouvernance des Chaînes Globales de Valeur, qui analyse l’influence du pilote de la qualité sur la répartition des tâches et compétences entre les acteurs de la chaîne. Il est combiné avec les cadres théoriques des formes plurielles et des moyens d’existence pour traiter la seconde question. Le cas étudié est celui de la chaîne du riz dans la vallée du fleuve Sénégal. Les analyses de données sont basées sur 154 entretiens qualitatifs et des données quantitatives concernant 913 acteurs de la chaîne de valeur. La participation des producteurs dans les contrats est analysée par un modèle logit multinomial, et le biais de sélection est corrigé avec les modèles de la variable instrumentale et de l’appariement au score de propension. Le premier résultat est que la modernisation de la chaîne de valeur du riz du Sénégal est similaire à celle ayant lieu en Asie. Néanmoins, au Sénégal, (1) la situation de référence est une transaction spot (et non une transaction dans laquelle les intrants et le produit sont liés), et les transformateurs réalisaient la collecte du paddy avant la modernisation, (2) les politiques de crédit contribuent directement au changement de gouvernance et (3) la chaîne de valeur moderne n’est pas compétitive par rapport aux importations de riz brisé. Le second résultat est que les petits producteurs participent aux contrats afin de sécuriser le financement agricole. La segmentation du marché du crédit est liée à l’endettement des petits producteurs auprès de la banque nationale. L’incertitude est un déterminant de second ordre des formes plurielles. De plus, les producteurs commercialisent aussi le paddy par des transactions spots qui peuvent être adaptées aux besoins du ménage. Le troisième résultat est que les impacts des contrats sur les petits producteurs sont différents. Le contrat de commercialisation est un dispositif financier qui n’a pas d’impact sur les pratiques agricoles, les rendements, la qualité du produit et le revenu. Néanmoins, il améliore légèrement la sécurité alimentaire par l’atténuation de la saisonnalité des prix. Le contrat de production a un impact positif sur le revenu des producteurs exclus du crédit bancaire. Néanmoins, il inclut des coûts implicites d’intérêt et d’assurance qui impliquent que ces producteurs obtiennent un profit moins important que celui des producteurs financés par la banque. Dans le but de soutenir la modernisation, les politiques publiques devraient favoriser l’élaboration d’un système d’assurance approprié au crédit agricole. Elles devraient aussi inclure les petits transformateurs dans la modernisation par la promotion de techniques semi-industrielles et l’ouverture de crédit au fonctionnement et à l’équipement. / The debate about the contribution of domestic food chains to national food security in developing countries was revived by the last food price crises. In Asia, midstream enterprises implement technical changes and integrate new functions, resulting in increased added value and lower prices for consumers. The general objective of the thesis is to contribute to knowledge about the organization of domestic food value chains in Africa and their economic and social implications for small-scale farmers. It addresses three issues. First, it analyzes the organization of the rice value chain in Senegal to determine if it follows the same modernization pattern as the Asian one. Second, the thesis examines the inclusion of small-scale producers in contract farming, with a specific focus on the combination of marketing modes. Third, the thesis assesses the impacts of contracts on small-scale farmer incomes and food security. The theoretical framework is the governance of the Global Value Chain, which analyzes the influence of the driver of the quality on the distribution of tasks and skills among the actors of the chain. It is combined with the theoretical frameworks of plural forms and livelihoods to address the second issue. The case studied is the Senegal River Valley rice value chain. Data analyses are based on 154 qualitative interviews and a body of quantitative data involving over 913 actors in the value chain. Producer participation in contracts is analyzed with a multimodal logit model and the selection bias is corrected with instrumental variable and propensity score models. The first result is that modernization of the Senegalese value chain is in step with what is taking place in Asia. Nevertheless, in Senegal, (1) the benchmark situation is a spot transaction (and not a tied output-credit transaction), and processors carried out paddy collection before the modernization, (2) credit policies directly contribute to the change in governance, and (3) the modernization of the rice value chain does not make it competitive relative to imports of broken rice. The second result is that small-scale producers participate in contracts to secure agricultural financing. The segmentation of the credit market is linked to the indebtedness of small-scale producers to the national agriculture bank. Uncertainty is a second order driver towards plural forms. Besides, producers continue marketing through spot transactions which can be adapted to household needs. The third result is that the impacts of contracts on small-scale farmers are different. The marketing contract is a financial device which has no impact on agricultural practices, yields, product quality and income. It nevertheless slightly improves food security by mitigating price seasonality. The production contract has a positive impact on the income of producers who were excluded from bank credit. It nevertheless includes implicit interest and insurance costs, meaning that these producers make less profit than those financed by the bank. In order to support the modernization, policies should enhance the design of an appropriate insurance system for agricultural credit. They should also include small-scale processors in the modernization through the promotion of semi-industrial technics and the opening up of operating and equipment loans. Finally, they should fund studies about the use of small-scale mechanization.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017MONTD018 |
Date | 18 December 2017 |
Creators | Soullier, Guillaume |
Contributors | Montpellier, Moustier, Paule |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.003 seconds