Ce mémoire postule que l’affirmation de soi, dans le théâtre de Fabien Cloutier, se fait au détriment
de l’autre, voire contre l’autre. Je vérifierai cette hypothèse à travers l’analyse des pièces
Scotstown, Billy (Les jours de hurlement) et Bonne retraite, Jocelyne. Ce mémoire part de l’idée
selon laquelle l’affirmation identitaire, aujourd’hui, va de pair avec les principes d’« écart » et de
« différence », élaborés par François Jullien dans son essai Il n’y a pas d’identité culturelle. Dans
les diverses théories, identité et altérité sont intrinsèquement liées. On va même jusqu’à opposer
identité et altérité. Dans l’imaginaire collectif et dans l’univers dramaturgique de Fabien Cloutier,
la notion d’altérité comporte une connotation fortement négative. Toutefois, ce qui fait la force
des pièces de Cloutier, c’est qu’elles dépassent le constat que le soi est confronté à l’autre. Il
s’opère plutôt en elles le passage du régime de la « différence » à celui de l’« écart ». Le régime
de la « différence » implique un rapport de verticalité, ou autrement dit, de supériorité. Celui
d’« écart » implique un rapport d’horizontalité, où les deux entités qui la composent sont prises
pour ce qu’elles sont, pour ce qui les rassemble et les dissocie, sans que l’une serve de modèle ou
de point de comparaison à l’autre. Pour repérer et analyser les manifestations de l’affirmation de
soi et ses effets sur l’autre, telles qu’elles sont perceptibles dans les trois œuvres du corpus, je me
pencherai plus particulièrement sur les modalités de l’énonciation et la nature du dialogisme
comme les définit Hervé Guay. Je tenterai finalement de montrer comment Scotstown, Billy (les
jours de hurlement) et Bonne retraite, Jocelyne dénoncent la tendance à banaliser l’autre afin de
mieux se valoriser et comment ces pièces tentent de changer la conception de l’altérité. / This memoir argues that self-affirmation in Fabien Cloutier’s theatre is made at the expense of or
even against others. I will verify this theory through the analysis of the plays Scotstown, Billy (The
Days of Howling) and Bonne retraite, Jocelyne. I will begin from the idea that nowadays, the
affirmation of identity goes hand in hand with the principles of “gap” and “difference”, which
were developed by François Jullien in his essay Il n’y a pas d’identité culturelle. In many theories,
identity and alterity are intrinsically linked. They even go as far as to oppose identity and alterity.
Within the collective imaginary and in Fabien Cloutier’s dramatic universe, the notion of alterity
implies a strongly negative connotation. However, the strength of Cloutier’s plays lies in them
going beyond the simple fact that the self is confronted to others. Instead, they undergo the
transition from François Jullien’s “difference” system to the one of “gap”. The “difference” system
implies a vertical relationship, or in other words one of superiority. The “gap” system implies a
horizontal relationship, where the two entities that make it up are taken for what they are, for what
links them together and what separates them, without one serving as a model or as a point of
comparison to the other. To identify and analyse expressions of self-affirmation and their effects
on others, as they are notable in the three works of the corpus, I will focus on the enunciation
modalities and the nature of dialogism as Hervé Guay defines them. Finally, I will attempt to
demonstrate how Scotstown, Billy (The Days of Howling) and Bonne retraite, Jocelyne denounce
the tendency to depreciate others in order to better empower oneself, as well as how these plays
attempt to change the notion of alterity.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24207 |
Date | 10 1900 |
Creators | Malo, Joannie |
Contributors | Larrue, Jean-Marc |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
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