La philosophie de Nietzsche n’est pas l’oubli de la question des rapports entre individus. Elle n’affirme pas que seules peuvent s’établir entre eux des relations conflictuelles et concurrentielles. Elle ne condamne pas enfin l’effort pour vaincre les petitesses. La volonté de puissance ne décrit pas une tendance individuelle psychologique, aveugle et dominatrice, mais sert de modèle de compréhension de toute la réalité, interprétée en chacun de ses détails comme assimilatrice et différenciée. Rien n’existe qui ne puisse donc être décrit en termes d’altérité, en vertu de ce double mouvement inépuisable d’absorption et de différenciation. L’essai du renversement de toutes les valeurs, reposant inévitablement sur un socled’évaluations, loin d’entraîner l’évacuation de toute morale et la disqualification des valeurs en général, conduit bien plutôt à la réalisation inédite de ces valeurs mêmes, à travers ce que Nietzsche appelle la morale noble. Penseur du fragment, des interactions, de la duplication de la morale et du dédoublement des valeurs, Nietzsche est ainsi un infatigable analyste des relations, qu’il ne se contente ni de décrire ni de réduire, mais dont il esquisse les modèles en partant de ce qu’ilobserve, modèles de la relation amicale, amoureuse, hostile même, attestant que les ressorts fondamentaux de la volonté de puissance peuvent se mettre au service des relations interindividuelles. / Nietzsche’s philosophy does not consist in the forgetting of the question of the links between individuals. It does not state that between them only conflictual and rival relationships can exist. And, finally, it does not condemn all efforts to come to terms with meaningness. The will to power does not describe a blind and domineering individual psychologicaltendency, it serves as a pattern to understand the whole reality, interpreted in its very detail as assimilative and differentiative. Nothing exists that cannot be described in terms of otherness, under this double unfailing movement of absorption and differenciation. The attempt of revaluation of values resting unavoidably on a base of evaluations, farfrom entailing the withdrawal of any morals as well as the disqualification of values at large, leads on the contrary to the original accomplishment of those very values through what Nietzsche calls the noble morals. Thinker of the fragment, the interactions, the duplexing of the morals along with splitting in two of the values, Nietzsche is thus an untiring analyst of the links that he does not satisfy to describe or reduce, but the models of which he sketches from his own observations ; models of the friendly relationship, the amorous one, even the adverse one, testifying that the undamental operations of the will to power can serve interindividual relationships.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011REIML001 |
Date | 25 March 2011 |
Creators | Chiche, Juliette |
Contributors | Reims, Wotling, Patrick |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.002 seconds