En Amérique du nord, la période chevauchant la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle est caractérisée par le déclin d’une presse artisanale et partisane qui est remplacée par une presse commerciale et axée sur l’information. Cette période joue un rôle fondateur dans les façons modernes de concevoir le journalisme. En effet, les critiques formulées à l’époque à propos de la presse revêtent une proximité étonnante avec celles tenues de nos jours. Il y est question du nouveau journalisme, de la vitesse de l’information, des difficultés de financement des journaux, de la confusion des genres, de la compétence des journalistes… Encore peu étudié, ce discours est analysé à partir d’un recensement systématique d’articles posant un regard critique envers la presse. Publiés entre 1870 et 1909 inclusivement, ces articles sont tirés de revues nord-américaines de débats et d’analyse. L’objectif est d’y discerner les tensions qui surgissent entre les auteurs lorsqu’ils se prononcent sur les transformations, plus ou moins concomitantes, qui occurrent alors dans la production discursive du journal, le fonctionnement de l’organisation de presse et l’environnement social dans lequel est pratiqué le journalisme. À cette fin, une analyse thématique de leurs critiques est d’abord proposée pour en dresser un portrait quantitatif et qualitatif. Les 39 thèmes qui en ressortent servent à trier ces critiques qui sont ensuite réinterprétées pour en dégager les principaux enjeux autours desquels s’articule le travail de construction sociale du journalisme. Or, ce travail n’est jamais complété, mais est le fruit d’une relation dialectique constante entre la pratique du journalisme et sa réception sociale. Les enjeux centraux abordés dans le discours critique de la presse s’inscrivent ainsi dans des processus qui, à différents niveaux, viennent structurer cette relation dialectique dans le temps. Quatre de ces processus sont jugés particulièrement pertinents pour théoriser cette relation, soit la professionnalisation du journalisme, la commercialisation de la presse, la médiatisation de la communication et la démocratisation de la société. Interprétées à l’aune de ces processus, les diverses prises de position des auteurs sont résumées sous la forme de postures discursives typiques. Par les arguments qu’elles mobilisent, ces postures oscillent entre les critiques morale et pragmatique de la presse et définissent ainsi le spectre des attentes envers le journalisme. Ces attentes sont plus largement considérées comme constitutives d’un contrat de communication publique qui encadre la prise de parole dans l’espace public. Le journalisme est alors regardé comme l’une des pratiques discursives permettant de conceptualiser la dynamique de ce contrat. / In North America, the period spanning the end of the 19th century and the early 20th century is characterized by the decline of the cottage-industry partisan press, which is replaced by a commercial, information-oriented one. This period played a founding role in modern conceptions of journalism. Indeed, the criticisms aimed at the press during this period are amazingly close to those observed today: they make reference to the new style of journalism, the speed of information transmission, newspapers’ financial difficulties, the confusion of genres, journalists’ competence or the lack thereof... This thesis provides both a systematic inventory and a thematic analysis of an as yet little-studied corpus of texts: articles critical of the press, published between 1870 and 1909 inclusively, in North American magazines providing discussion and analysis of the news. The aim of the study is to describe the tensions that arise between different authors when opining on the changes currently affecting the production of newspaper text, the organization and operation of the press, and the social environment in which journalism is practiced. To this end, a thematic analysis of their criticisms is proposed with a view to providing an overall quantitative and qualitative picture of the situation. 39 different themes emerge from this analysis and are used to classify the criticisms, which are then reinterpreted in order to identify the key issues involved in journalism’s task of social construction, a job that is never completed, but is the result of a constant dialectical relationship between the practice of journalism and its societal reception. The central issues raised in the critical discourse on the press are shown to be, at various levels, part of the very process of structuring this dialectical relationship in time. Four of these processes are deemed particularly relevant in order to theorize this relationship: the professionalization of journalism, the commercialization of the press, the ever-increasing role of the media in communication, and the democratization of society. Interpreted in the light of these processes, the various stands taken by the authors examined are summarized in the form of well-defined types of discursive positions. By the arguments they adduce, these positions alternate between the moral and pragmatic domains and thus define the entire spectrum of public expectations with respect to journalists. These expectations are largely regarded as constituting a public-communication contract which governs discourse in the public domain, journalism being regarded as one of the discursive practices for conceptualizing the dynamics of this contract.
| Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/28079 |
| Date | 24 April 2018 |
| Creators | Philibert, Jean-René |
| Contributors | Charron, Jean |
| Source Sets | Université Laval |
| Language | French |
| Detected Language | French |
| Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
| Format | 1 ressource en ligne (xv, 486 pages), application/pdf |
| Coverage | Amérique du Nord, 19e siècle, 20e siècle |
| Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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