L’usage de drogues illicites et la symptomatologie dépressive sont associés, mais la nature de cette association demeure mal comprise. Une clarification des mécanismes en jeu est nécessaire afin de pouvoir intervenir sur la cooccurrence des deux phénomènes, dont les conséquences individuelles et sociales sont lourdes. Ces efforts de clarification débutent à l’adolescence, moment où sont typiquement initiés la consommation de substances et les problèmes affectifs.
L’objectif de cette thèse est de contribuer à clarifier la nature des associations entre l’usage de certaines des drogues illicites les plus fréquemment consommées et les symptômes dépressifs chez les adolescents. Les données utilisées proviennent d’une cohorte de l’échantillon longitudinal de la Stratégie d’Intervention Agir Autrement (SIAA) comprenant plus de 3000 jeunes fréquentant des écoles en milieu défavorisé du Québec, qui ont été suivis pendant leur secondaire (2003-2007).
Le premier article empirique de la thèse porte sur la relation entre l’usage de cannabis et la symptomatologie dépressive. Cette étude a examiné l’existence d’associations prospectives bidirectionnelles entre les deux phénomènes du début (13-14 ans) à la fin du secondaire (16-17 ans). Les analyses ont considéré des liens directs, mais également des liens indirects via deux facteurs reflétant des appartenances sociales normatives et non normatives : l’attachement à l’école et l’affiliation à des pairs déviants et consommateurs de drogues. Les résultats indiquent que les symptômes dépressifs et l’usage de cannabis peuvent représenter des facteurs de risque mutuels et suggèrent qu’un mécanisme indirect impliquant une érosion des attaches normatives pourrait jouer un rôle dans des cascades développementales reliant les deux manifestations.
Le deuxième article empirique visait à déterminer si l’usage de deux drogues de synthèse, le MDMA (ecstasy) et les méth/amphétamines (speed), à 15-16 ans était associé au développement de symptômes dépressifs élevés un an plus tard, en prenant en considération des facteurs confondants potentiels. Tel qu’attendu, les résultats montrent une prédiction de la symptomatologie dépressive par l’usage de MDMA et de méth/amphetamines, particulièrement lorsque cet usage est concomitant. Ces résultats représentent une des premières évidences d’un risque posé par l’usage de drogues de synthèse par rapport au développement de symptômes affectifs chez les jeunes. / Illicit drug use and depressive symptoms are associated, but the nature of this association remains poorly understood. Clarifying the underlying mechanism(s) is necessary in order to design interventions which can potentially reduce the co-occurrence of the two phenomena, which accounts for sizeable individual and social costs. Clarification efforts should start in adolescence, when drug use and affective problems are typically initiated.
The aim of this thesis is to help clarify the nature of the association between some of the most frequently used illicit drugs and depressive symptomatology in adolescents. This work was carried out using a cohort from the New Approaches, New Solutions (NANS) longitudinal dataset, which comprises more than 3000 students attending school in disadvantaged areas of Quebec (Canada) who were followed throughout high school (2003-2007).
The first article of the thesis focuses on the association between cannabis use and depressive symptoms. This study examined prospective associations in both directions between the two phenomena from the beginning (grade 8) to the end (grade 11) of high school. Direct links were analysed, as well as indirect links involving two factors reflecting normative and non normative social connectedness: school bonding and affiliation with deviant and substance-using peers. Results indicate that depressive symptoms and cannabis use can be mutual risk factors and that a social mechanism involving an erosion of normative social connectedness may play a mediating role in bidirectional developmental cascades linking the two manifestations.
The second article tested whether the use of two synthetic drugs, MDMA (ecstasy) and meth/amphetamines (speed), in grade 10 was associated with the development of elevated depressive symptoms the following year, independently from potential confounders. As hypothesized, the use of MDMA and meth/amphetamine was independently predictive of subsequent depressive symptoms. Concurrent use of the two substances was more predictive than singular use. Given the paucity of well-controlled longitudinal studies on the subject, these results provide some of the first compelling evidence that synthetic drug use may pose a risk for the development of affective symptoms in youth.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/6150 |
Date | 06 1900 |
Creators | Nault-Brière, Frédéric |
Contributors | Fallu, Jean-Sébastien |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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