La Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr a été fondée dans un contexte social, religieux et politique particulier. Créée en 1686 sous l’impulsion royale de la marquise de Maintenon, alors épouse du roi Louis XIV, cette école était dédiée à la noblesse militaire féminine et appauvrie. Elle cherchait à renforcer la gloire monarchique en faisant de ses pensionnaires des modèles d’une noblesse traditionnelle. Une fois retournées dans le monde, ces demoiselles avaient à insuffler une vague de renouveau parmi la noblesse militaire menacée par l’ascension rapide de la nouvelle noblesse de robe. Cette thèse montre que c’était principalement à travers leur comportement et leur apparence que les jeunes demoiselles saint-cyriennes assumaient ce rôle de modèles. En effet, l’institution s’ancrait dans une société strictement hiérarchisée, où des principes physionomiques dictaient l’apparence et le comportement que devaient exhiber les membres de divers états pour asseoir leur place socialement. Ceci était surtout vrai pour les femmes, qui étaient tenues de « paraître » pour exister socialement. Cette thèse propose donc une analyse de l’idéal comportemental et corporel que devaient apprendre puis exhiber les écolières qui fréquentaient Saint-Cyr afin qu’elles soient reconnues comme partie intégrante de la noblesse traditionnelle et y garder leur place, malgré leur pauvreté. N’ayant que leur être pour prouver leur noblesse, les demoiselles saint-cyriennes devaient se distinguer comme uniques et incarner un comportement vertueux, obéissant et serviable perceptible à travers l’exhibition d’un corps modelé à la perfection – soit droit, grand, mince et fort. La thèse présente aussi une analyse parallèle des techniques pédagogiques établies pour éduquer le corps et le comportement au sein de l’institution. L’éducation du corps et du comportement dépassait les bornes des salles de classe et ne se limitait pas aux curriculums académiques classiques. Elle se faisait en tous lieux et en tout temps, et ce, principalement à travers la technique de l’émulation, c’est-à-dire de l’imitation de modèles visibles. Cette technique était renforcée par un système de récompenses, de punitions et de divertissements précis. En montrant que la pédagogie avait une place centrale dans la formation de l’être noble et féminin, et donc que le programme éducatif saint-cyrien se fondait sur une noblesse acquise, cette thèse remet en cause la compréhension d’une noblesse héréditaire et innée. L’ensemble de l’analyse présentée dans le cadre de cette recherche se fonde sur un large corpus rassemblant des écrits de la marquise de Maintenon, qui ont agi comme fondement du fonctionnement de l’institution de Saint-Cyr jusqu’à sa fermeture en 1793.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/42851 |
Date | 26 October 2021 |
Creators | Licursi, Flavia Maria |
Contributors | Perrier, Sylvie |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
Format | application/pdf |
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