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Les pratiques de socialisation d'une enseignante en classe d'accueil du primaire au Québec

Suite à une recension des politiques québécoises pour une intégration scolaire et sociale, ainsi que d’écrits scientifiques à propos des besoins et interventions pour une intégration d’élèves immigrants, des besoins d’appartenance et de différenciation peuvent être identifiés. Ceux-ci se doivent respectés dans un quotidien scolaire d’apprentissage et d’échange de normes et valeurs, prenant en considération le vécu d’élève. La socialisation, l’une des trois missions de l’école québécoise, devient responsable de telles interventions. Il s’agit ainsi de se questionner sur la place des pratiques de socialisation, notamment dans le contexte québécois d’un enseignement en classe d’accueil, classes spécifiquement organisées pour l’enseignement-apprentissage d’élèves nouvellement arrivés.
La composante des pratiques de socialisation demeurant peu étudiée, notre cadre conceptuel distingue entre trois conceptions du construit, s’alignant dans des approches respectives d’une inculcation durkheimienne, d’une intégration piagétienne ou d’une construction sociale de la réalité selon les écrits de Berger et Luckmann. Ces approches peuvent être alignées à des perspectives différentes, pour une intériorisation normative et culturelle, respectivement une distanciation critique. Le concept d’identité nous amène dès lors à nous questionner sur les recours portés à l’élève, admettant un espace de valorisation ou de dévalorisation de l’identité sociale et personnelle de l’individu. Finalement, la définition et l’opérationnalisation du concept d’intervention éducative permet de conclure le deuxième chapitre, et de retenir trois objectifs spécifiques à cette recherche : 1) Décrire les différentes pratiques de socialisation qui se dégagent de l’enseignement en classe; 2) Décrire le recours à l’identité sociale ou personnelle depuis ces pratiques; 3) Situer ces pratiques dans leur cadre d’intervention éducative respective.
Pour réaliser ce projet de mémoire, nous avons entrepris une recherche qualitative de type exploratoire. Un regard ethnométhodologique, cherchant à rendre explicite les phénomènes et micro-actions construisant la vie sociale habituelle, a servi à situer les choix de collecte et d’analyse de données. Nous nous sommes servi d’une entrevue préliminaire, de deux entrevues d’explicitation, ainsi que de notes d’observations et de transcriptions de conversations lors de treize journées scolaires, de la rentrée jusqu’en novembre 2013, afin d’analyser les interventions d’une enseignante du primaire en classe d’accueil. Une analyse de contenu des observations et entrevues, combinée à une analyse de conversation des enregistrements a servi à distinguer entre différents types de pratiques de socialisation, d’approches de mise-en-pratique y reliées ainsi que de recours à l’élève et à son identité.
Les résultats permettent de distinguer entre différents types de pratiques reliées à un comportement scolaire, des modalités d’organisation du travail scolaire, un rapport à soi et à l’autre et une utilisation et un apprentissage du code linguistique. Ces pratiques proposent des rapports diversifiés de l’individu en société : dépendamment du regard et de la nécessité perçue par l’enseignante pour une prescription normative, des pratiques et conversations dirigées vers un succès instrumental, stratégique ou communicationnel peuvent être observées. Dépendamment des types de pratiques et des volontés y associées, des approches d’enseignement-apprentissage tendent alors à concevoir la socialisation comme un processus d’inculcation, d’intégration ou de construction sociale. Des volontés de prise en compte des réalités d’élèves admettent en même temps une tentative de l’enseignante de superposer certaines conceptions hiérarchisées, pour proposer un rapport se voulant valorisant et significatif à une identification sociale et personnelle. Les interventions éducatives se conçoivent par un caractère de réflexivité quant aux nécessités d’organisation normative et aux besoins de prendre en compte les réalités propres à l’élève. Dans ce sens, cette étude met de l’avant l’importance d’analyser les pratiques de socialisation par une conceptualisation interdisciplinaire et holistique, afin de situer les dynamiques de flexibilité d’un enseignement-apprentissage de socialisation, se dégageant à la fois de contenus explicités et de relations interpersonnelles y associées.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/5346
Date January 2014
CreatorsSteichen, Charles
ContributorsSteinbach, Marilyn, Moldoveanu, Mirela
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeMémoire
Rights© Charles Steichen

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