Ce mémoire témoigne de la constitution d'un sujet -une narratrice -qui se frotte à l'écriture, qui s'impose la solitude afin de faire taire les voix qui l'entourent pour mieux arriver à entendre et à maîtriser la sienne. Il est composé d'un recueil de poèmes et d'un essai réflexif. Le recueil Un album de temps présente soixante poèmes en prose, disposés sur chaque page en petits blocs compacts sans alinéa. Il retrace en quatre séquences -le terme est pris ici au sens cinématographique -le parcours de la narratrice vers une libération à l'endroit de son passé et de ses craintes. Le recueil s'élabore ainsi selon une progression focale, une mise au foyer qui tend à rendre l'écriture de plus en plus limpide et à construire des réseaux de plus en plus forts entre les différentes séquences. L'ensemble développe de cette façon, par reprises et par superpositions, un portrait plus précis de la narratrice, jusqu'à ce qu'elle parvienne à reconnaître son identité et à faire corps avec elle. Dans l'essai réflexif, intitulé Se souvenir des visages, une narratrice prend également la parole, mais s'affirme cette fois comme auteure du texte et du recueil qui le précède. Également divisé en quatre sections, l'essai traite des différents éléments qui ont soutenu et orienté la démarche créatrice et critique de ce mémoire: la solitude, la photographie, l'écriture et la danse. À travers ces thèmes, qui paraissent de prime abord éloignés et décousus, la réflexion tisse des liens formels entre quatre questions fondamentales: qui suis-je une fois que tous sont mis à l'écart? Quel rapport y a-t-il entre moi maintenant et moi telle que représentée sur un cliché photographique? Comment tirer profit du temps qui passe et en représenter le cours par la poésie? Enfin, qu'est-ce qui m'autorise à prendre la parole, comment mes mots pourraient-ils avoir quelque résonance auprès d'autrui? Dans le contexte de cette réflexion, le cours du temps est envisagé non pas comme une linéarité passé-présent-futur, mais comme une coprésence de couches temporelles qui se chevauchent et habitent le sujet, le définissent. Le travail de la prose, tant du point de vue essayistique que poétique, met en lumière un rythme particulier, qui semble ininterrompu à cause de l'enchaînement continu des phrases; mais en réalité, cette apparente continuité donne lieu à de multiples modulations qui permettent de distendre ou de resserrer l'espace entre chacun des énoncés. Le temps de la lecture devient donc malléable, façonné à l'image de cette chronologie brisée que chacun porte en soi. Pour contrer le temps, la mort et l'oubli, pour éviter l'enfermement dans une solitude nécessaire mais périlleuse, s'offrent les recours de l'empathie et de la confiance, profondément liées à la discipline du poème. L'empathie est ce qui permet de s'ouvrir aux points de vue et aux émotions d'autrui sans toutefois se perdre de vue, en ressentant ces émotions par soi-même, en les laissant entrer sous sa propre peau, dans son propre corps. Enfin, la confiance se révèle au terme de cette réflexion une nécessité: la condition même de la rigueur et de l'authenticité de l'écriture. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Poème en prose, Visage, Identité, Photographie, Temps, Solitude, Confiance.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2322 |
Date | January 2009 |
Creators | Verret, Aimée |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2322/ |
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