Dans son assertion courante, le paysage urbain est habituellement compris à la manière d'une représentation fixe et continue. San Francisco a le Golden Bridge, New York la Statue de la Liberté, Paris la tour Eiffel, Toronto la tour du CN, Montréal le stade olympique et Tokyo aura bientôt le Sky Tree : à la manière d'une carte postale, le cityscape, cette image condensant l'expérience d'une ville, mise souvent sur certaines structures bâties spectaculaires évoquant une attraction jugée incontournable pour s'accoler une identité touristique et culturelle dans un monde globalisé. Le paysage urbain n'est-il destiné qu'à être une image de marque, certes fascinante dans les films d'action, les guides touristiques et sur les cartes postales, mais, avouons-le, qui n'est pas nécessairement ce qui nous a fait vibrer lorsqu'on le parcourt au quotidien? N'est-il pas également déterminé par nos déplacements, nos parcours, notre expérience de ses infrastructures et nos interactions avec d'autres citadins? À partir d'un cas d'intervention artistique en milieu urbain, les Hypothèses d'amarrages du collectif SYN-, l'auteur montre que le paysage est sans cesse retravaillé par les manières de faire des gens, leurs parcours quotidiens, ce qu'ils aperçoivent et ce dont ils rêvent. Bref, que le paysage urbain est quelque chose qui se déploie à la manière d'une vie en images, sans cesse recolorée par les usages quotidiens. L'auteur présente une description de la nature du projet artistique puis de son positionnement dans le champ de l'art actuel. La réflexion est alors menée selon deux axes reliés : la question de l'expérience vécue des citadins et des méthodes de travail par lesquelles le collectif s'y rapporte. Pour y arriver, l'auteur a choisi de se concentrer sur les propositions du philosophe Ludwig Wittgenstein, qui s'est intéressé au langage ordinaire et aux activités humaines les plus banales tout en leur conférant une dimension « praxique ». Plutôt que de fonder son cadre d'analyse sur les trop fameux « l'usage est la signification » et « tout est un jeu de langage » brandis par la doxa, l'auteur montre que ce qu'il sera convenu d'appeler une « analytique de la quotidienneté » va bien plus loin que ces assertions pragmatistes. En ce qu'elle fait l'assomption des activités quotidiennes et leur confère une puissance d'ouverture au sein du procès de signification, une analytique de la quotidienneté suggère de comprendre l'expérience vécue selon une imprévisibilité et une créativité dont les ressorts excèdent la donation de sens pour se constituer dans l'apprentissage et la pratique concrète.
______________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : paysage urbain, Montréal, art actuel, quotidien, Wittgenstein, esthétique, sociologie urbaine, épistémologie.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4628 |
Date | 02 1900 |
Creators | Lafontaine, Simon |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4628/ |
Page generated in 0.0026 seconds