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Le néo-sujet du droit criminel. Effets secondaires des psychotropes sur l’anthropologie pénale

Cette étude analyse les effets conjugués de la montée du néo-libéralisme et de la consommation de psychotropes sur l’anthropologie pénale. Cette conjoncture modifie les rapports du sujet de droit à lui-même, à autrui et au social. Elle remet en cause la logique de l’imputabilité et la psychologie morale au fondement de la compréhension du sujet pénal. Dans le cadre du procès, les concepts d’intention, de volonté et de libre arbitre ne sont pas neutres. Ils n’ont pas de portée autre que celle permettant la rhétorique incriminatoire. L’intégration de la psychiatrie pour étoffer scientifiquement la scolastique pénale constitue une erreur : l’acceptation devant les tribunaux des prétentions « oraculaires » de cette discipline incertaine de la médecine relève d’une délégation massive du sens commun.
En revenant sur le moment décisif de l’intrusion de la psychiatrie dans le discours juridique, cette étude identifie les stratégies par lesquelles se nouent, au fil de l’histoire, des « affinités électives » entre ces deux univers normatifs qui n’ont finalement en partage que l’absence d’une théorie du sujet responsable. Par-delà cette mésalliance, cette étude saisit, à l’occasion de la défense d’automatisme, un des rares ancrages historiques où le droit criminel réfléchit la condition neurologique de l’esprit. Cette étude épouse l’ambiguïté féconde de l’automatisme : à la fois compris comme défense, mais révélant aussi le noyau physique des processus psychiques, renversant ainsi les présupposés moraux qui fondent le discours sur la conscience en droit criminel.
Cette étude rappelle le caractère fondamental du concept de désinhibition pour comprendre le néo-sujet. Elle décrit le déploiement d’une pharmaco-politique encore dissimulée sous le concept de santé mentale. Elle se conclut par l’analyse de deux procès criminels pour meurtre devant la Cour d’appel du Québec dans lesquels l’admissibilité de la défense d’automatisme a justement été posée lorsqu’il s’est agi de pondérer le caractère causal des antidépresseurs sur le comportement et l’impact de la dépression. Dans les deux cas, le recours à l’expertise psychiatrique n’a su éclairer le droit. / his study analyzes the combined effects of the rise of neo-liberalism and the use of psychotropic drugs on criminal anthropology. This conjecture alters the relationship of the subject of law to himself, to others and to society as well. It questions the logic of accountability and moral psychology at the foundation of the understanding of the criminal subject. During a trial, the concepts of free will and intention are not neutral. They have no other relevance than supporting a rhetoric allowing incrimination. The integration of psychiatry to expand scientifically criminal scholasticism is a mistake. Acceptance by the courts of the "oracles" of psychiatry is a massive delegation of common sense fraught with uncertainty.
With regards to the decisive moment of the intrusion of psychiatry in legal discourse, this study identifies the strategies developped over time involving "elective affinities" between two normative realms wich have in common the absence of a theory of the responsible subject. Beyond this misalliance, this study sheds light on the defense of automatism as one of the few opportunities where criminal law ponders on the neurological conditions of the mind. This study points to the ambiguity of automatism : both as a defense and as the physical core of psychological processes, thus putting into question the assumptions at the basis of moral discourse on consciousness in criminal law.
This study emphasizes the fundamental concept of disinhibition in order to understand the neo-subject. It describes the deployment of a pharmaceutical policy hidden in the concept of mental health. It concludes with an analysis of two murder trials before the Quebec Court of Appeal in wich the admissibility of the defense of automatism was questioned – particularily whith regards to the effects of antidepressants on conduct and the impact of depression on behaviour. In both cases, the use of psychiatric expertise was unable to enlighten the court.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/10750
Date12 1900
CreatorsSaint-Germain, Christian
ContributorsGaudreault-Desbiens, Jean-François
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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