Etudier la façon dont l’individu s’exprime, se raconte et s’invente dans la littérature de l’époque romantique en Russie exige la résolution du problème posé par les spécificités du champ culturel russe. D’une part, les différents processus ou moments qui ont marqué les étapes de l’individuation en Europe occidentale (Renaissance, Réforme, Lumières) ne sont apparus dans l’histoire russe que sous des formes indirectes et affaiblies. D’autre part, les confessions auriculaires, fondamentales d’après Michel Foucault pour l’autoanalyse moderne en Europe, n’ont pas eu une grande importance dans l’Église orthodoxe russe. Enfin, les pratiques « autobiographiques » et autoréflexives en Russie restent entravées par plusieurs tabous qui émanent aussi bien des milieux intellectuels et culturels que des cercles du pouvoir. Aussi, au moment où le romantisme met à l’ordre du jour partout en Europe l’expression de soi, quelles en sont les modalités chez les écrivains russes ? En l’absence de textes autobiographiques au sens rousseauiste du terme, c’est par l’exploration des nombreuses zones d’ombre de la vie littéraire où s’épanouissait l’affirmation subjective qu’il est possible de répondre à cette question, en ayant recours à la fois à des genres « reconnus » et à des genres « mineurs », et en analysant des formes littéraires plus ou moins marginales : histoires personnelles, traductions, écriture féminine, ou encore littérature russe d’expression française. L’époque romantique, de ce point de vue, n’est pas, comme on la présente souvent dans l’histoire littéraire, un moment de passage ou de transition : il s’agit au contraire d’un moment crucial pour l’affirmation de la subjectivité dans la culture russe. / In order to study how an individual expresses and invents himself in the Russian literature of the Romantic era, it is necessary to solve the problems connected with the peculiarities of the Russian cultural field. On the one hand, the various processes that were important for individualization in Western Europe (the Renaissance, the Reformation, the Enlightenment) had in Russian history special, weakened forms. On the other hand, the secret confession, which, according to M. Foucault, is fundamental to the development of introspection in Europe, did not have much importance in the Russian Orthodox Church. In addition, autobiographical and autoreflexive practices are blocked in Russia by a variety of taboos, which are imposed by intellectual, cultural, and power circles. This raises the question of how Russian writers avoided all these limitations, when the author's self-expression had become extremely important in the European romantic literature. To answer to this question, we investigated various areas of literature, including peripheral: recognized and secondary genres, personal stories, translations, women's prose, texts written in French, etc. From this point of view, the romantic period is not just an epoch of transition, as it is often represented in the history of Russian literature, but the most important moment for affirming subjectivity in Russian culture.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017USPCF030 |
Date | 09 December 2017 |
Creators | Subbotina, Galina |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Géry, Catherine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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