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La question de la modernité dans l'art bèlè martiniquais

Cette recherche questionne les dimensions artistiques du Bèlè et son inscription dans la modernité. Cette inscription s’origine dès l’expansion coloniale avec les renouvellements de la pensée et des idéaux dans le monde européen. La modernité du Bèlè s’opère en résonnance aux bouleversements permanents de la période esclavagiste, à l’élan des découvertes et des progrès technologiques, scientifiques et philosophiques qui ont suivi au fil du temps. Ces progrès se formulent dans les paradoxes de conceptions des rapports à l’humain entre idéal des lumières et libéralisme des modernes, dans les modalités d’exploitation économique particulièrement. Ainsi aux expansions économique et géopolitique s’associeront des idéaux humanistes, ceux de piété religieuse chrétienne contrastant avec la servilité et à la déshumanisation. C’est dans ce contexte que la domination européenne sur le monde va s’exercer, en Amérique, à partir de l’extermination des Amérindiens et de la traite, l’esclavage des Africains. Toutes ces raisons sous-tendent la réaction des déportés et descendants africains à la Martinique. Cette réaction va s’inscrire dans une construction et une quête permanente de (re)humanisation et de progrès, dans les rapports humains symbolisés et matérialisés par la musique et la danse des Calenda de l’ère esclavagiste (à partir de 1635), et s’étaleront jusqu’à l’ère contemporaine du Bèlè Renouveau, initié à l’orée de 1980. Cette réalité s’inscrit dans une consubstantialité entre musique et modernité où les principes structurants Chantè, Répondè, Bwatè, Tanbou, Lawonn, Kadans se formalisent, avec une marge d’analogie tranchant entre figuralisme et abstraction, à travers des médias de formalisation. Cet écart d’analogie entre principe et formalisation implique le Wèlto, le faux semblant, qui induit la dualité muée par la feinte, la ruse et le détour. Cela se réalise dans des modalités formelles, en permanente élaboration, entre l’immuabilité de surface et renouvellements du matériau musicochorégraphique, mais aussi de l’instrumentarium.La présente étude démontre que le Bèlè peut s’entendre comme art, avec les déclinaisons nécessaires pouvant s’inscrire dans le classicisme, autant que comme tradition sous-tendant et nourrissant la modernité. Afin de répondre aux enjeux de pouvoir, tenir compte des rapports de force dans les antagonismes ou modalités d’intégration sociales, entre l’Europe et la Martinique, le Bèlè contemporain privilégie sa définition en tant que tradition en masquant, au point de l’occulter, sa véritable acception en tant qu’Art. Cette occultation de la dimension artistique du Bèlè marginalise par conséquent la modernité de l’art bèlè / This research questions the artistic dimensions of Bèlè and its inscription in modernity. This inscription originated from colonial expansion with the renewal of thought and ideals in the European world. The modernity of Bèlè resonates with the permanent upheaval of the slave period, the impetus for the discoveries and technological, scientific and philosophical advances that have followed over time. This progress is formulated in the paradoxes of conceptions of the relations with the human between the ideal of the enlightenment and the liberalism of the moderns, especially in the modes of economic exploitation. Thus, economic and geopolitical expansion combine humanist ideals, those of Christian religious piety contrasting with servility and dehumanization. It is in this context that European domination of the world would be exercised in America, from the extermination of the Amerindians and the slave trade of Africans. All these reasons underlie the reaction of African deportees and their descendants in Martinique. This reaction would be part of a construction and a permanent quest for (re) humanization and progress, in the human relations symbolized and materialized by the Calenda music and dance of the slave era (from 1635), and would spread to the contemporary era of the Bèlè renewal, initiated at the beginning of 1980.This reality is part of a consubstantiality between music and modernity, where the structuring principles Chantè, Répondè, Bwatè, Tanbou, Lawonn, and Kadans are formalized, with a margin of sharp analogy between figuralism and abstraction, through mediums of formalization. This gap of analogy between principle and formalization implies the Wèlto, the false semblance, which induces the muted duality by feint, cunning and detour. This is realized in formal modalities, permanently elaborated between the immutability of surface and renewal of the musicochoregraphic material, but also of the instrumentarium.The present study shows that Bèlè can be understood as art, with the necessary variations that may fit within classicism, as much as a tradition underlying and nourishing modernity. In order to respond to the stakes of power, to take into account the balance of power in the antagonisms or modalities of social integration between Europe and Martinique, contemporary Bèlè privileges its definition as a tradition by masking, to the point of obscuring, its true acceptation as Art. This concealment of the artistic dimension of Bèlè therefore marginalizes the modernity of the art of bèlè.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016ANTI0125
Date16 December 2016
CreatorsVaity, Simone
ContributorsAntilles, Anakesa Kululuka, Apollinaire
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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