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La création littéraire comme vocation chrétienne : un projet de recherche-création

Ce projet en théologie pratique vise à explorer la création littéraire comme vocation chrétienne. Si nous sommes appelés à suivre le Christ, comment répondre à la tentation parfois impérieuse de l’écriture ? Est-ce qu’il s’agit d’une seule vocation ou est-ce que les « appels » à la vocation chrétienne et à la création littéraire ont plutôt des sources différentes ? Autrement dit, est-ce que les appels à mettre noir sur blanc ses pensées viennent aussi de Dieu et est-ce Dieu qui est source de l’inspiration littéraire ? J’ai développé ces questionnements parce que, dans mon expérience, les deux « appels » sont souvent en concurrence et je voulais me donner les moyens pour les discerner, sinon les réconcilier. J’ai donc observé ma propre démarche littéraire pour faire ressortir les dissonances, résonances et chevauchements entre ma pratique comme écrivaine et ma vocation chrétienne, et ainsi développer une théologie pratique de la vocation littéraire. Pour ce faire, j’ai créé « la méthodologie jazz », une méthodologie heuristique qui vise une observation distanciée de mes habitudes créatrices. Au cours de mes quatre années d’études doctorales, j’ai écrit une pièce de théâtre, des nouvelles et un livre, entre autres textes. Pendant la rédaction de chaque texte, j’ai tenu un journal de bord pour noter des remarques sur ma méthode. Après avoir assemblé un corpus représentatif, et inspirée par l’œuvre de Gérard Genette sur la fonction des paratextes, j’ai de nouveau observé ma pratique, rétroactivement, avec des notes de bas de page dans une autre langue. À partir d’une synthèse des annotations recueillies, j’ai réalisé une réflexion théologique avec l’aide d’une grille d’analyse basée sur les écrits du théologien Christoph Theobald portant sur des éléments de la vocation chrétienne. Premièrement, j’ai découvert que ma foi influence ma pratique littéraire. Par exemple, les appels à écrire viennent de l’extérieur comme de l’intérieur. Prendre une décision, à savoir comment répondre à ces appels, ou même seulement si l’on doit y répondre, exige un discernement qui s’adresse à mes valeurs chrétiennes. Deuxièmement, Theobald souligne le rôle capital joué par les malentendus, les « passeurs » et l’exil (par exemple, dans le récit de Samuel, pour qui Élie est le passeur). Ces éléments, comme je le démontre, sont également significatifs dans le processus d’écriture. Troisièmement, tout comme la vocation religieuse, la vocation littéraire est un appel à comprendre et à développer notre singularité profonde, tout comme elle peut facilement devenir un service rendu à soi-même plutôt qu’à autrui. En outre, j’ai observé que la nouveauté recherchée dans la création littéraire ne résonne pas nécessairement avec la nouveauté de la Bonne Nouvelle. Finalement, il y a dans une pièce bien réalisée un genre de vérité qui ressemble aux vérités ineffables de la foi. Ces résonances et ces dissonances aident à élaborer une théologie pratique de la vocation littéraire, où la clé du discernement au cours de la pratique quotidienne repose dans notre propre vérité ou dans la concordance avec soi, que nous ne retrouvons que dans la « sainteté hospitalière » du Christ. Par la contagion de l’authenticité, les espaces littéraires peuvent être autant hospitaliers que les espaces physiques ou sociaux. Si nous sommes vrais, comme Jésus, nous pouvons nous retirer des lieux publics, des moments passés en collectivité, pour répondre aux appels à la création littéraire sans être retenus par nos reproches à nous-mêmes, ou par les reproches (imaginées ou autres) de la communauté chrétienne. L’authenticité de Jésus l’a mené nécessairement loin de l’approbation générale de sa communauté, et par la contagion de cette authenticité, nous pouvons aussi donner un espace d’hospitalité aux autres de suivre leurs propres vocations. / This study in practical theology is an exploration of literary creation as a Christian vocation. If we are called to follow Christ, how should we respond to the imperious call to literary creation? Is the call to Christ and the call to create a single vocation, or do these “calls” come from different sources? Does the call to write also come from God, and is God the source of literary inspiration? I undertook this project because in my experience the two calls often compete, and I wanted to find a way to discern between them, if not reconcile them. I therefore observed my own literary practice to determine the dissonances, resonances and overlaps between my practice as a writer and my Christian vocation with the goal of creating, if possible, a practical theology of literary vocation. To do so I developed the « Jazz Method », a heuristic methodology for observing my practice from a distance. Over the four years of my doctoral studies, I had written numerous works of various kinds, including a play, some short stories, and a book. While I was writing these, I kept a journal. Having assembled some of the works into a representative collection, and inspired by Gérard Genette’s work on the function of paratexts, I observed my practice again, this time retroactively, by footnoting the collection, in another language. Then, based on a synthesis of all my observations, I undertook a theological reflection on my practice using the ideas of theologian Christoph Theobald on the elements of a Christian vocation. Firstly, I discovered that my dispositions as a Christian affect my writing practice. For example, the calls to write come from both inside and out, and deciding if and how to respond to these calls requires discernment for which I turn to my Christian values. Second, Theobald stresses the crucial role played by misunderstandings, passeurs (or mediators), and exile in the vocational call (for example in the story of Samuel’s call, mediated by Eli). As I show, these elements are also important in the practice of literary creation. Third, the call to write, like the call to Christ, is a call to understand and deepen our own singularity, but like a religious vocation, can easily turn into a service of oneself rather than of others. In addition, the novelty sought in literary creation is not necessarily of the same nature as that of the “Good News”. Finally, however, I observed that there is a literary truth found in a well-written piece that resonates with the ineffable truths of faith. These resonances and dissonances helped me to create a practical theology of literary creation, whereby the key to discernment in daily practice is our own truth, or the concordance with ourselves that is found in the “holy hospitality” of Christ’s presence. Through the wellknown contagion of authenticity, literary spaces can be as hospitable as physical or social spaces. If we are authentic, as Jesus was, we can withdraw from the crowd to respond to calls to creation without self-reproach and immune to the reproaches (real or imagined) of our community of faith, and through the contagion of our authenticity, give permission to others to find their own authenticity and their own vocation.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27675
Date24 April 2018
CreatorsBlair, Louisa
ContributorsNault, François
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xii, 257 pages), application/pdf
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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