La thèse pose le problème des modifications de gestion des ressources naturelles provoquées par la transition énergétique, à partir de l'exemple du bois-énergie. Deux cas d'études, les régions Auvergne et Rhône-Alpes, permettent un suivi de ces configurations de l'échelle locale à l'échelle nationale. Les rapports de pouvoir induits par les asymétries d'information sur la ressource disponible et l'élaboration d'une action commune sur plusieurs niveaux d'échelles constituent les deux fils conducteurs de ce travail. La première partie du travail analyse, au chapitre 1, les relations entre politiques forestières et énergétiques, mais aussi territoriales, environnementales et climatiques. La contrainte spatiale pesant sur la ressource forestière est mise en avant. En effet, la ressource en bois-énergie se différencie des autres énergies renouvelables par sa difficulté d'accès et la lenteur de son renouvellement quand les énergies solaires ou éoliennes sont infinies. Ces barrières bio-physiques créent des tensions entre acteurs de la forêt et de l'énergie pour ce qui concerne les modèles d'approvisionnement à privilégier: d'un côté, les acteurs forestiers prônent de petites chaufferies consommant la ressource locale en quantités modérées, quand les acteurs issus de l'énergie préfèrent de grandes chaufferies, nécessitant un plus long transport de la ressource pour réaliser des économies d'échelle. À cette opposition s'ajoutent de fortes tensions internes dans la filière bois, qui est le deuxième poste de déficit commercial en France après les hydrocarbures et qui peine à valoriser industriellement son propre bois. Nous exposons donc un contexte de fortes incertitudes, tant politiques que scientifiques. Le deuxième chapitre présente une typologie statistique de l'Europe du bois-énergie afin de caractériser la place de la France. Puis, nous proposons une analyse des séquences de l'essor du bois-énergie en France, depuis les années 1970, pour montrer comment l'utilisation du bois-énergie s'est progressivement rationalisée. La deuxième partie explore comment les politiques nationales sont assimilées par les acteurs régionaux, en Auvergne au chapitre 3, puis en Rhône-Alpes au chapitre 4. Cette partie souligne notamment l'effet des dissymétries d'information dans les réseaux d'acteurs et le besoin d'outils fiables, ainsi que le rôle différent joué par les filières bois et énergie au niveau régional. La troisième partie développe au chapitre 5 en quoi le bois-énergie peut être traité sous l'angle du bien commun, et le besoin de polycentricité, c'est-à-dire de niveaux de contrôles multiples. Enfin, le chapitre 6 aborde comment l'attribution d'une valeur politique et morale au bois-énergie, et plus largement, à la transition énergétique et environnementale, modifie les rapports entre niveaux d'échelle, du local au national. / The thesis uses the case of fuelwood to study how energy transition causes changes in natural resources management. Our work is based upon two case studies, French regions Auvergne and Rhône-Alpes, and we follow configurations from local to national levels. Balance of powers induced by asymetries of information on the available resource and the development of a common action along different levels of scale are our two main threads. In the first part, the chapter 1 focuses on relationships between forest and energy but also territorial, environmental and climatic policies. Our work highlights the spatial constraints wheighing upon forest resource. Fuelwood resource is different from other renewable energies because of its difficulties of access and its slow renewal, whereas solar or wind energies are infinite. Those bio-physical barriers are the reason for struggles between forest and energy stakeholders regarding which supply models to prefer: on the one hand, forest stakeholders advocate small boilers using local resource in small quantities, whereas, on the other hand, energy stakeholders prefer important boilers requiring long road transportation (hence more CO$_{2}$ emissions) but enabling economies of scale. Moreover, there is important internal problems in the forest sector, which represents the second most important source of trade deficit in France (after hydrocarbons) and experiences difficulties to sell national timber. Therefore, we present a context with strong uncertainties, both political and scientific. In the second chapter we conduct a statistical typology on fuelwood in Europe, in order to characterise more objectively the French situation. Then, the thesis analyses the sequences of the development of fuelwood in France, since the 1970s, to show how its use became progressively more rational. In the second part, our work investigates how national policies are dealt with by regional stakeholders, in Auvergne in chapter 3, then in Rhône-Alpes in chapter 4. This part underlines in particular the importance of asymetries of information among actors networks, the need for reliable tools and the different roles of forest and energy sector at regional level. Third part emphasizes, in chapter 5, that fuelwood can be analyzed as a common good and the need for polycentricity, i.e. multiple control levels. Finally, chapter 6 demonstrates how the assignation of a political value to fuelwood, and more generally to the energy and environmental transition, change balance between levels, from local to national.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014GRENH005 |
Date | 18 November 2014 |
Creators | Tabourdeau, Antoine |
Contributors | Grenoble, Soubeyran, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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