Chez les espèces sociales, les individus des deux sexes peuvent interférer avec la sexualité et les alliances sociales des femelles, ce qui peut influencer les stratégies reproductives des femelles. Un regain d'intérêt récent pour l'action de la sélection sexuelle chez les femelles a mis en évidence que la compétition entre femelles pour monopoliser les ressources reproductives, comme les partenaires sexuels ou les soins aux petits, est prévalente. Cependant, jusqu'à présent, la compétition reproductive entre femelles a reçu peu d'attention chez les espèces polygynes. Nous avons donc étudié les déterminants de la compétition reproductive entre femelles dans une société primate polygyne, dans une population naturelle de babouins chacma, en Namibie. Nos résultats montrent que l'agression est plus intense entre les femelles qui sont en synchronie reproductive et associées à un même mâle, avec qui elles entretiennent des liens sociaux et sexuels préférentiels, et qui est souvent le protecteur et le père de leur petit. De plus, les femelles gestantes et en lactation harcèlent les femelles qui copulent avec leur mâle, probablement afin d'empêcher de nouvelles conceptions avec celui-ci. La compétition pour les soins des mâles semble donc contribuer à façonner les stratégies reproductives des femelles chez les espèces polygynes où ceux-ci apportent d'importants bénéfices aux femelles. Nous avons ensuite étudié les contraintes exercées par les mâles sur la sexualité des femelles. Mâles et femelles ont souvent des optimaux reproductifs divergents, donnant lieu à l'expression d’un conflit sexuel. Chez certaines espèces, les mâles recourent à la coercition sexuelle en agressant les femelles régulièrement afin de les obliger à s'accoupler avec eux-mêmes, ou de les empêcher de s'accoupler avec leur rivaux. Nous avons testé si l'agression dirigée par les mâles vers les femelles a une fonction de coercition sexuelle chez le babouin chacma. Nos résultats indiquent que l'agression des mâles vise en particulier les femelles sexuellement réceptives, augmente le succès d'accouplement immédiat des mâles avec la femelle harcelée et ses chances de la monopoliser lors de l'ovulation, à l'appui de l'hypothèse de coercition. Dans l'ensemble, cette étude permet d'améliorer notre compréhension des déterminants, de l'intensité, et des conséquences évolutives des contraintes sociales qui s'exercent sur la sexualité des femelles dans une société primate polygyne. Elle montre également que les conflits reproductifs jouent un rôle primordial pour structurer les relations entre les femelles d’une part, et entre les sexes d’autre part. / In group-living species, individuals of both sexes can interfere with the sexuality and social alliances of females, which may profoundly influence their reproductive strategies. Renewed attention in the operation of sexual selection on females shows that competition among females to secure reproductive resources, such as mates or allomaternal care, is common. However, to date, female reproductive competition has received little attention in polygynous species. In an attempt to fill this gap, we investigated the determinants of female reproductive competition in a polygynous primate society, the chacma baboon, focussing on a wild Namibian population. Our findings highlight that the frequency of aggression is most intense among females who are reproductively synchronous and who share the same male carer of their offspring. Females also harass sexually receptive females who attempt to mate with their offspring’s carer, likely to prevent further conceptions with him. Overall, competition to secure male carers seems to play an important role in shaping female reproductive strategies in polygynous species where males may provide females with important fitness benefits. We then examined constraints exerted by males on female sexuality. Males and females often have diverging reproductive optima, which underpins sexual conflict. In some species, males may use sexual coercion, in the form of repeated aggression before or during female sexual receptivity to induce females into mating or prevent them from mating with rivals. Here, we tested whether male aggression directed at females represents sexual coercion in chacma baboons. In support of the sexual coercion hypothesis, we found that male aggression against females is most intense when females are sexually receptive, increases male mating success with the harassed female on the short-term, and increases his chances to monopolize her around ovulation on the longer-term. Altogether, these results shed light on the determinants, intensity and evolutionary consequences of social constraints exerted on female sexuality in polygynous primates, and highlight that reproductive conflicts play a primary role in structuring female-female and male-female relationships.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016MONTT112 |
Date | 09 May 2016 |
Creators | Baniel, Alice |
Contributors | Montpellier, Raymond, Michel, Huchard, Elise |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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