En politique rien ne semble possible sans références culturelles, sans la mobilisation d’un imaginaire collectif. Avec la déclaration de nombreux Etats de leur caractère multiculturel au cours de la seconde moitié du XXe siècle, qui reconnurent l’existence de différences culturelles au sein de la Nation, conjointement à une vague de patrimonialisation de nouveaux référents communs « multiculturels », les musées intégrèrent progressivement ce discours au sein de leurs expositions et de leurs collections. Ce sera tout particulièrement le cas des musées ethnologiques des « Autres », créés en lien avec l’affirmation de la Modernité et donnant lieu à la consolidation de l’Anthropologie, la science de « l’Autre ».
Alors que ce multiculturalisme fait partie d'un nouveau paradigme, inauguré au cours des années 1970, basé sur une perception culturalisante de la structuration des sociétés, ces musées, créés pour la plupart entre le dernier quart du XIXe siècle et le premier quart du XXe siècle, intégrèrent en effet plus que n’importe quels autres cette réflexion au sein de laquelle ils étaient censés jouer un rôle important au travers de la mise en place de nouvelles pratiques. Ainsi, alors qu’ils étaient plongés dans une profonde crise depuis les années 1960-1970, cette intégration du multiculturalisme engendra la rénovation de la plupart d’entre eux en Europe, entre les années
2000 et 2010, donnant lieu à d’immenses projets muséaux vantant la modernité des villes et pays les accueillant, ouverts sur le monde et ses différences culturelles.
A partir d’une conception anthropologique de l’institution muséale en tant que lieu de diffusion de valeurs, symboliquement et culturellement construit et ayant des effets sociaux sur la conceptualisation du monde, cette thèse traite de l’intégration de ce multiculturalisme dans les musées ethnologiques et leur rénovation, fondamentalement européens, en se concentrant sur ses effets muséologiques et sur l’évolution des politiques de collections. Pour ce faire, elle se base sur une méthodologie classique issue des sciences humaines et sociales caractérisée par une double phase.
La première est constituée d'une profonde recherche bibliographique, qui mit en place un quadruple cadre théorique comprenant l’analyse anthropologique de la représentation offerte par les musées (Stocking, Clifford, Bouquet, Ames, Jones, Kirshenblatt-Gimblett), l’analyse des liens existant entre les musées et les communautés (Simpson, Lavine et Karp, Dubuc et Turgeon, Peers), le rôle du musée dans la promotion du multiculturalisme (Clifford, Bennett, Watson) et, finalement, le rôle et le statut des collections (Hainard, Davallon).
La deuxième phase de la méthodologie est composée d'une double phase de recherche de terrain empirique basée sur l’observation et sur une série d’entretiens, premièrement au cours de courtes visites d’exploration au sein d’un grand nombre de musées européens et, deuxièmement, lors d’un travail de terrain en profondeur mené dans trois institutions (le Musée des Tropiques d’Amsterdam, le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren et le Musée des cultures du monde de Göteborg). Ces institutions, comprises comme microcosmes du panorama muséologique et muséographique mondial, sont en effet intégrées dans des territoires nationaux aux caractéristiques claires et différenciées, notamment en termes de réflexion multiculturelle, constituant de la sorte des terrains d'étude riches pour leur comparaison.
Ainsi, cette double phase de recherche donna lieu à une série de considérations qui permettent de dresser un état des lieux du panorama ethnomuséologique actuel, déterminé par une nouvelle approche de la diversité culturelle mais également par une certaine hétérogénéité à l'heure d'intégrer cette réflexion. Cette thèse permet ainsi de déterminer les logiques de cette intégration, ses influences et ses modèles théoriques et muséaux, afin d’évaluer dans quelle mesure cette dernière s'assimile à la tradition historique de l’institution. Finalement, à partir de cette exploration, cette thèse permettra d’apporter une somme de considérations quant aux conséquences et aux limites de cette intégration du multiculturalisme, non seulement muséales mais également sociales en tant que paradigme d'analyse des sociétés et de modèle de gestion des différences qui leur sont inhérentes. / In politics nothing seems possible without the mobilisation of a collective imagination. With the declaration of many countries of their multicultural character during the second half of the twentieth century, along with a wave of patrimonialization of new common multicultural referents, museums gradually integrated this discourse in their exhibitions and collections. This will especially be the case of the Ethnological Museums, created in the context of Modernity and resulting in the consolidation of Anthropology, the science of "the others". These museums integrated more than any other institutions that reflection in which they were supposed to play an important role through the implementation of new practices. As such, while they were plunged into a deep crisis in the years 1960-1970, this integration of multiculturalism in Europe begat the renovation of most of them between 2000 and 2010, through huge museum projects that aimed at boasting the modernity of cities and countries in which they were created, seen as open to the world and its cultural differences.
From an anthropological conception of the museum as symbolically and culturally constructed having social effects on the conceptualization of the world, this thesis discusses the integration of multiculturalism in European ethnological museums focusing on its museological effects and on the development of their collections policies. This thesis is therefore based on a methodological approach composed of a double phase. The first consists of a deep bibliographic research, which established a quadruple theoretical framework while the second phase consists of a double empirical field research phase based on observation and a series of interviews, firstly in a large number of European museums and, secondly, an in- depth research in three national museums with clear and differentiated characteristics in terms of multicultural reflection.
Identifer | oai:union.ndltd.org:TDX_UB/oai:www.tdx.cat:10803/286827 |
Date | 15 December 2014 |
Creators | Van Geert, Fabien |
Contributors | Roigé, Xavier, Universitat de Barcelona. Facultat de Geografia i Història |
Publisher | Universitat de Barcelona |
Source Sets | Universitat de Barcelona |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | info:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:eu-repo/semantics/publishedVersion |
Format | 526 p., application/pdf |
Source | TDX (Tesis Doctorals en Xarxa) |
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