Ma thèse s’intitule « Des âges au cinéma : la culture cinématographique des jeunes spectateurs ». Elle se consacre à l’étude de la socialisation au septième art sous la perspective privilégiée de l’âge, variable déterminante, sans néanmoins réduire la recherche à une analyse uni-factorielle.Pour mieux comprendre l’action de la variable d’âge, nous la décomposons dans une première partie en traitant de notions connexes essentielles ; l’individu, la mémoire, les interrelations sociales, le temps et le corps. L’âge n’est plus entrevu au singulier : il laisse place à une pluralité d’âges que l’on décompose en quatre échelles distinctes : l’âge que j’ai, l’âge des autruis matérialisés, l’âge de société, l’âge des objets. Preuve est faite que tout acteur et a fortiori tout spectateur croise ces échelles au quotidien pour se construire et pour construire le monde qui l’entoure. De fait, les façons dont nous appréhendons l’art en sont un exemple flagrant. Par entrecroisements constants d’échelles mis au jour grâce aux jugements, positions, réflexions émises en situation, les âges, leur conception et leur prise en compte se révèlent comme formateurs particuliers de goûts. Dans l’absolu, ces échelles peuvent se lire comme espace virtuel déployant tous les possibles. Néanmoins et en situation, leur entrecroisement est lié à une construction individuelle et collective, toujours parcellaire, et le croisement des échelles qu’exercent chaque acteur selon la mesure qu’il en fait, aboutissent finalement à des positions, des dispositions et des postures spectatorielles.La seconde partie de ma thèse est alimentée de cet état de fait et se focalise sur les structures socio-politiques de la socialisation au septième art. Elle dresse en premier lieu une étude approfondie de la réception du cinéma d’animation qui est l’un des genres initiatiques principaux de l’enfance, cela depuis des décennies. Cette partie s’attache ensuite à suivre l’avancée en âge, les interrelations qui lui sont corrélatives et significatives dans la socialisation au cinéma. Elle rend également compte de la mémoire que l’on garde de sa prime enfance ainsi que de ce que ce passé implique dans la socialisation actuelle de la jeunesse. Vers 11-12 ans, le cinéma est marqué par l’encadrement d’une censure qui va decrescendo avec l’avancée en âge. Dès lors qu’on grandit, non seulement nous dépassons progressivement des seuils, étant ipso facto amené à découvrir de nouveaux genres, mais nous les appréhendons à travers de nouveaux cercles sociaux : sont donc abordés les changements de structures relationnelles qui participent de cette socialisation et leurs implications. En termes génériques, l’initiation aux scènes de volupté cinématographique et au cinéma d’horreur nous sont apparus comme deux moments décisifs, déployant sous les yeux de la jeunesse de nouvelles épreuves amenant conjointement à de nouvelles réflexions sur le social. S’ensuit les derniers chapitres de la thèse où j’expose, à l’aide de mes enquêtes, comment se construit le goût à travers le discours, quels sont les critères pertinents de mesure de la qualité cinématographique à cet âge, mais également comment le cinéma s’avère un laboratoire social, mieux : un des laboratoires de la construction de soi et du monde.Cette thèse s’appuie sur les données d’une enquête qualitative. Elle déploie des méthodes variées : entretiens individuels, ateliers collectifs en collège et dans des locaux associatifs regroupant au total une soixantaine d’informateurs issus de France, de Belgique, du Luxembourg, de Hollande, d’Allemagne et du Maghreb. Mes informateurs privilégiés ont d’abord été les jeunes, suivis de près par leurs parents. Cette recherche et la construction de ses axes sont le fruit d’un mouvement ascendant – proche en cela de la méthodologie par induction d’Howard Becker –, c’est-à-dire partant des informateurs pour remonter vers la construction de concepts grâce au traitement progressif des données recueillies. / My thesis title is « ages and cinema : the cinematographic culture of young spectators ». This work deals with the seventh art socialization among youth and focus on the determinations of age – known as one of the most important sociological variable to understand societies – to select, taste and appreciate feature movies and series.In order to understand better its action, we decompose age between four different scales in the first part : individual age, socio-collective age, historical age and age of the objets surround us. This categories aren’t closed on themselves : they are combined by the actors to analyse and interprete arts and situations. Each temporality fragment known or imagined on each scale, lived or remembered by the actor can be mobilised as an appreciation’s tool. Theorising each age is a long work which necessits a better comprehension of individuality, memory, social interrelations, time, histories and body growth. We demonstrate that everybody embodies and crosses different fragments of different scales in everyday life to understand himself, the world surrounding and ultimately, the feature films content. Ways to understand, judge and appreciate art are a good field for studying temporal relations because arts objects are relatively preserved in time and tell about societies of the past. Each situation, person, object is structured by different kind of virtual or lived temporalities. When they are crossed according to the actor’s knowledge and his society position, they bring to different ways of art’s pleasure.The second part of my thesis shapes the first theorical one. It analyses the youth cinematographic culture. Thirty-four young spectators contributed to my sociological survey. They were aged from eight to fourteen years old. I studied the present socio-political structures in France and Europe leading to different forms of cinematographic socialisation. This part copes with the first feature movies rememberances – which are almost always composed by animation movies passed on by the parents – and their role in present art appreciation. At the age of the participants, the cinematography faces a global censure agreement : violent features are banished. Nevertheless, growing means to socialized with, that’s why two chapters of my thesis are consacred to the reception of more violent types of show at this ages, like the horrific gender for example which is often enjoyed by the youth. I try to understand how young people assimilate, step by step, the dark side of the world, the one which was previously hidded for their own safety. However, it is now a requirement of growth to mix with this forbidden shows. Peer reinforcement and autonomy help this initiation. They also bring to new cinematographic cultures as much as new social considerations. All this studies help us to understand how children and teenagers develop series and feature films’ taste by sharing it with friends or parents, depending on the content. This tell us about the developpment of quality classifications based on aesthetic, tales, relations, peers conversations, art memory, emotions and feelings. Finally, cinematographic culture appears to be a large social and aesthetical laboratory for the youth.This thesis is based on a qualitative survey. More specifically, I used a bottom-up method (Becker : 1988). The theories and the demonstrations are no less than the result of five years of several investigations’ technics on the field study. I began with individual consultations in France, Luxembourg and Belgium, then made collective groups in associations and schools. I created different questionnaires for the parents and the teenagers in aim to observe connections between their cinematographic cultures. This thesis claims interdisciplinarity.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSE3063 |
Date | 08 December 2017 |
Creators | Kastler, Benoît |
Contributors | Lyon, Esquenazi, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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