Les lieux de soin institutionnels ont été fortement transformés par les secousses qu’a connu le champ psychiatrique depuis un demi-siècle. Aujourd’hui, des équipes de soignants travaillent dans des centres de soin plus petits, à l’intérieur des villes, plutôt que dans les espaces disciplinaires des hôpitaux. Cette thèse conduit le lecteur dans l’un de ces lieux, un centre de jour pour adolescents à Bruxelles. Elle plonge dans les détails de ses aménagements matériels et ordinaires, et pose ces questions :Comment fonctionnent les espaces matériels dans la pratique quotidienne d’un centre psychiatrique ?Comment contribuent-ils au soin institutionnel ?Quelles en sont les potentialités, avec leurs tensions, leurs réussites, leurs échecs ?Au long de sept chapitres, la thèse décrit la manière dont ces espaces contribuent à faire émerger des attachements modestes. Les attachements modestes sont des inclinations modérées et variées, qui prolifèrent alors que les soignants tentent de susciter la moindre de ces appréciations par le biais de l’environnement matériel. Ces espaces jouent un rôle actif dans la constitution de diverses manières de devenir attaché, allant des petites affinités qui se manifestent au fil de la journée jusqu’aux goûts qui finissent par revêtir une grande importance. Le récit suit trois fils conceptuels enchevêtrés, chacun accentuant une dimension de l’enquête. Le premier fil est une ethnographie du soin institutionnel, hérité des communautés thérapeutiques. Ce travail communautaire est déconsidéré dans le champ psychiatrique actuel. Or il crée des possibilités pour les patients – particulièrement pour les plus réticents à la prise en charge :il les invite à répondre par le biais de leurs affinités et désintérêts, au lieu de se voir compris au prisme des déficiences d’une maladie. Cette thèse suit comme second fil le développement d’une approche des espaces matériels saisis du point de vue de leurs potentialités. Cette approche prête une attention ethnographique aux possibilités qu’ouvrent ou non les espaces dans leurs interactions avec ceux qui donnent ou reçoivent le soin. Elle développe par là une sensibilité matérielle-sémiotique à l’égard de la matérialité d’un lieu, afin de voir comment des idées prennent forme dans et avec les aménagements matériels, au cours de la pratique de soin. Le troisième fil met au travail le concept d’« attachement ». Celui-ci désigne la co-constitution d’affinités, de choses, d’engagements corporels et de collectifs, qui se développe quand une personne ou un groupe en vient à tenir à quelque chose. Dans le centre de jour, les attachements sont souvent des appréciations modestes, d’intensité tranquille, diffuses et diluées dans des moments informels et des activités journalières :une place assise devient familière, un regard s’attarde sur une peinture exposée ou encore un jeu vidéo déclenche un intérêt temporairement partagé. La thèse témoigne des potentialités des espaces matériels pour éveiller et renforcer de tels attachements modestes et montre comment ceux-ci contribuent de façon significative au travail de soin. / Institutional care buildings have been largely transformed as the psychiatric field has undergone significant changes over the last fifty years. Instead of the disciplining spaces of hospitals, teams of caregivers now work in smaller centres located in the community. This thesis brings the reader into one of these places, a psychiatric day care centre for teenagers in Brussels. It dives into the details of its everyday material arrangements, and asks, How do material spaces work in the everyday practice of a psychiatric centre? How do they contribute to institutional care? What are their potentialities, with their tensions, successes, and failures? Presented over seven chapters, the dissertation describes how these spaces help make modest attachments emerge. ‘Modest attachments’ proliferate as caregivers attempt to spark even the smallest appreciations by mediation of the material environment. Material spaces play active roles in enacting various ways of becoming attached, from small affinities in the everyday flow, towards appreciations that become of great concern. The narrative follows three conceptual threads, each accentuating a dimension of the inquiry. The first thread of the thesis is an ethnography of institutional care, shaped by the notion of therapeutic communities. This community work with patients is given less importance in today’s psychiatric field. Yet, such a care work creates possibilities for patients – especially for those most reluctant to being cared for: it invites them to respond with their specific affinities and disinterests, rather than being understood through the deficiencies of a disease. The thesis develops an approach towards the potentialities of material spaces. This approach pays ethnographic attention to the possibilities that material spaces unleash in interactions with those giving and receiving care. It therefore develops a material-semiotic sensibility regarding the materiality of a place, looking at how ideas take shape in and with the material arrangements of the space involved in the ongoing care practice.The third thread elaborates the concept of ‘attachments’, a term that designates the co-creation of affinities, things, bodily engagements, and collectives, that develop when a person or a group comes to strongly like something. In the day centre, attachments are often modest appreciations, of quiet intensity, diffuse and dilute in informal moments and daily activities: a seat that become familiar, a displayed drawing that draws a lingering gaze, or a videogame that spark a momentary shared interest. The thesis witnesses the potentialities of material spaces for awakening and strengthening such modest attachments and shows how these significantly contribute to the care work. / Doctorat en Art de bâtir et urbanisme (Architecture) / info:eu-repo/semantics/nonPublished
Identifer | oai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/268100 |
Date | 20 June 2018 |
Creators | D'Hoop, Ariane |
Contributors | Schaut, Christine, Pols, Jeannette, Genard, Jean Louis, Lebeer, Guy, Boie, Gideon, Kraus, Kristine, Mol, Annemarie A., Hennion, Antoine, Willems, Dick D.L., Doucet, Isabelle, Port, van de, Mattijs |
Publisher | Universite Libre de Bruxelles, Universiteit van Amsterdam, Amsterdam Institute for Social Science Research (AISSR), Department of Anthropology - Doctor in Social Sciences, Université libre de Bruxelles, Faculté d'Architecture, Bruxelles |
Source Sets | Université libre de Bruxelles |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | info:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation |
Format | 1 v. (256 p.), No full-text files |
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