Cette thèse réalise une étude sociohistorique sur une région ressource particulièrement ciblée : la Gaspésie. L’objectif est, dans un premier temps, de mettre en lumière les connaissances sur les difficultés économiques qui ont sévi depuis la Crise des années 1930 à aujourd’hui. Le deuxième objectif est de porter un regard critique sur les retombées économiques et sociales des politiques gouvernementales appliquées à la région depuis la Révolution tranquille. En retraçant les étapes ayant marqué significativement le développement de la péninsule au cours du 20e siècle, cette recherche veut montrer l’importance du lien de causalité existant entre une région reconnue historiquement pour son retard économique et les interventions de l’État. Ainsi, le coeur de la thèse met en évidence les difficultés liées au caractère rural d’une communauté qui vit en marge d’un système de production fondé sur le libre marché et la croissance économique illimitée. Pour se protéger des affres du système, la communauté fuit même les régulations étatiques appliquées sans égard à la redistribution vers les plus pauvres. L’étude des réseaux d’acteurs sociaux, les échanges structurés entre l’État et la région et la réciprocité des influences intellectuelles exercées entre les spécialistes et les praticiens du développement ont contribué à matérialiser l’élan propice à la saisie d’une vision commune d’un développement endogène. La thèse identifie et explore les idéologies à l’origine des divers modèles de développement (chapitres VI et VII), les actions menées par l’État en régions rurales et elle nomme les acteurs locaux et nationaux à l’origine d’une pensée alternative (modèle bottom-up), au modèle classique, top-down. Certaines caractéristiques du modèle envisagé pour la Gaspésie laissent croire que l’avenir d’une région rurale, déprimée économiquement, ne peut réussir son développement en persistant sur la voie néolibérale et sur la notion de prospérité basée sur la croissance des échanges. Nous soutenons dans cette thèse que l’ordre des priorités doit changer. La réorganisation du développement des régions ressources fait appel à d’autres doctrines et à d’autres méthodes. Elle se base principalement sur l’institutionnalisation de la coopération entre les acteurs et s’effectue sous la bannière de l’entraide économique et de la solidarité sociale. Au chapitre VIII, nous montrons l’aptitude d’une région à diagnostiquer son malaise, à regrouper ses énergies et à définir un modèle de développement qui lui convient. Ledit modèle concilie économie marchande et économie sociale, participation étatique et participation citoyenne, démocratie libérale et sociale démocratie. Il est soutenu dans la thèse que l’alliance entre l’entrepreneuriat responsable (relations interentreprises) et l’innovation sociale sont les constituants choisis par les acteurs gaspésiens pour relancer économiquement et socialement leur région. On évoque, en conclusion, une réalité qui s'impose au-delà des théories et des modèles : la Gaspésie fut exclue du développement pendant près d’un siècle. Conséquemment, la région n’a pas connu de croissance élevée sur une période plus ou moins longue. On expose que la péninsule, éloignée des innovations technologiques et du machinisme industriel de l’après-guerre, est demeurée à l’écart d’un régime d’accumulation de la richesse sans précédent dans l’histoire du capitalisme. En même temps que la Gaspésie demeure marginalisée, des liens économiques se sont créés entre les pays développés et ont accéléré la production industrielle et la consommation de masse, d’où vont naître les cercles vertueux de l’économie, incarnés dans les Trente Glorieuses (1945-1975). Il s’agit là d’une période faste au cours de laquelle la Gaspésie est sortie perdante. Les retombées du régime fordien de la croissance, caractérisé par le partage des gains de la productivité entre les salariés et les employeurs, ont également échappé aux acteurs économiques de la péninsule. Nous verrons que l’État, régulateur de l’économie, n’a su s’imposer comme arbitre du bien commun. Les politiques publiques conçues et mises en oeuvre n’ont pu endiguer le déclin de la région... / This thesis presents a sociohistorical study of a particularly targeted resource region: the Gaspé Peninsula. The first objective is to shed light on the economic difficulties which have prevailed in this region from the crisis of the 30’s until today. The second objective is to take a critical look at the social and economic impact of the government policies which were applied to this region since The Quiet Revolution. By tracing back the peninsula’s significant development stages during the twentieth century, this research intends to show the important causal connection between a region historically known for its economic backwardness and the government interventions. The core of the thesis illustrates the difficulties linked to the rural nature of a community living in the fringes of a production system based on the free market and unlimited growth. To protect itself from the system’s inequities, the community even avoids governmental regulations which are applied irrespective of a redistribution to the poor. The analysis of social stakeholders, the structured trade between the government and the region, and the reciprocity of intellectual influences exerted between development practitioners and specialists have contributed to materialize a momentum which would facilitate a common vision of an endogenous development. The thesis identifies and examines the ideologies from which various development models originate (chapters VI and VII), actions taken in rural areas by the government, and identifies the local and national stakeholders supporting alternatives (bottom-up models) to the classic top-down model. Some characteristics of the model being considered tend to conclude that an economically challenged rural area like the Gaspé Peninsula cannot achieve its development by persisting in the neoliberal path and in a notion of prosperity based on trade growth. In this thesis, we are submitting that the order of priorities must change. Reorganizing the development of resource regions requires different methods and doctrines. It is mostly based on institutionalizing cooperation between stakeholders and is achieved under the banner of economic mutual aid and social solidarity. In chapter VIII, we show a region’s capacity to diagnose its problematic situation, to regroup its strengths and define a suitable development model. This model conciliates social and commercial economy, government and citizen participation, liberal and social democracies. The thesis states that the alliance between responsible entrepreneurship (relations between corporations) and social innovation are the components chosen par Gaspesian stakeholders to revitalise their region, economically and socially. We conclude by stating a reality that rises above theories and models: the Gaspé Peninsula was excluded from any development for almost a century. The region did not experience significant growth for quite some time. We outline that the peninsula, being geographically distant from post-war technological innovations and industrial machinery, was kept out of a wealth accumulation regime never seen in the history of capitalism. While the Gaspé Peninsula was kept aside, developed countries were creating economic links which accelerated industrial production and mass consumerism, consequently creating economics virtuous circles, depicted by Les Trente Glorieuses ("The Glorious Thirty", 1945-1975), a prosperous period from which the Gaspé Peninsula did not benefit. The benefits of the Fordist regime, where growth and productivity gain are shared between workers and employers, have also eluded the peninsula’s economic stakeholders. We will see that the government, as economic regulator, was not able to assert itself as arbitrator of the common good. Public policies have failed to contain the region’s decline...
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/30190 |
Date | 26 June 2018 |
Creators | Rioux, Matthias |
Contributors | Langlois, Simon |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xxv, 576 pages), application/pdf |
Coverage | Québec (Province), 20e siècle, 21e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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