Suite à une recension des écrits sur les soins d’hygiène des personnes atteintes de démence de type Alzheimer (DTA), force est de constater la rareté, voire l’absence de recherches sur la question des soins d’hygiène (SH) dispensés à domicile par les conjointes. Pourtant, la conjointe à domicile est confrontée aux mêmes difficultés que les intervenants des établissements de santé et doit ainsi faire face aux comportements, parfois difficiles de la personne atteinte. Dans la pratique, les infirmières questionnent peu les difficultés rencontrées par les aidantes au moment des soins d’hygiène, ce qui permet difficilement de prendre conscience de leurs sentiments d’isolement et de détresse et de les réduire, le cas échéant. Pour pallier cette lacune, la présente recherche vise à comprendre l’expérience que vivent des conjointes d’hommes atteints de DTA lorsqu’elles leur dispensent des SH à domicile. Un second objectif vise à identifier les dimensions qui sont associées à cette expérience. Une approche de recherche qualitative est utilisée. Les participantes ont été recrutées par l’entremise des Sociétés Alzheimer de Laval et des Laurentides. La stratégie de collecte des données a impliqué la réalisation de deux entrevues individuelles, face à face, de même que l’administration d’un court questionnaire portant sur les aspects sociodémographiques. La démarche retenue pour l’analyse de l’ensemble de données est inspirée de l’approche proposée par Miles et Huberman (2003).
Les résultats permettent d’abord de mettre en évidence des profils de conjointes qui, tout en étant variables, présentent certaines similarités. Eu égard aux SH, toutes ont à consacrer des efforts soutenus, quotidiens et intenses. Elles doivent faire montre de patience et compter sur des capacités personnelles les amenant à ressentir des sentiments positifs malgré les situations difficiles. Les résultats montrent par ailleurs que la dispensation des SH provoque aussi des sentiments négatifs associés au fardeau que ces soins impliquent. Les conjointes mettent toutefois en œuvre une variété de stratégies d’adaptation au stress telles la résolution de problème, la recherche de soutien social et le recadrage. Cinq ensembles de dimensions personnelles et contextuelles sont associés à l’expérience des aidantes : 1) En ce qui a trait aux caractéristiques personnelles des conjointes, l’avancement en âge et l’état de santé physique ou psychologique influencent négativement l’expérience lors des SH. Par contre, les ressources personnelles intrinsèques (acceptation de la réalité, capacité de trouver un sens à l’évènement, habileté à improviser et sens de l’humour) sont utilisées de manière naturelle ou acquise; 2) Les caractéristiques personnelles du conjoint (année du diagnostic, pertes d’autonomie et troubles de comportement) affectent négativement l’expérience vécue; 3) La relation conjugale présente un intérêt important puisqu’il apparaît qu’une relation conjugale pré-diagnostic positive semble favoriser des sentiments positifs chez la conjointe en ce qui a trait aux SH; 4) Les dimensions familiales ont un impact favorable, étant donné le soutien psychologique reçu de la famille; 5) Les dimensions macro-environnementales, incluant l’aide reçue du réseau informel plus large de même que du réseau formel, ainsi que les divers aménagements matériels de l’environnement physique du couple, ressortent enfin comme ayant un impact positif. Au terme de l’analyse des résultats, l’auteure est en mesure de proposer une synthèse de l’expérience des conjointes.
La discussion aborde quatre enjeux qui se dégagent des résultats observés : impacts des difficultés rencontrées lors des SH dans la décision d’hébergement, réticence des aidantes à faire appel aux ressources du réseau formel pour obtenir de l’aide eu égard aux SH, importance des ressources personnelles des aidantes et potentiel de l’approche relationnelle humaine (human caring) pour faire face aux défis que pose la dispensation des SH. / Following a review of the literature on hygiene care practices for patients with Alzheimer-type dementia (DAT), there is no choice but to accept the scarcity, even absence of research on the question of hygiene care (HC) dispensed at home by female partners. Nevertheless, the female partner at home is faced with the same problems as workers in health care institutions, and so must cope with the sometimes-difficult behaviours of their partner afflicted with dementia. In practice, nurses ask very little about the difficulties caregivers encounter when providing hygiene care, and this does nothing to lessen the feelings of isolation and distress. To fill this gap, the present research seeks to understand what the female partners of men with DAT experience when they provide them with HC at home. A second objective is aimed at identifying the dimensions associated with this same experience. A qualitative research approach is used. Participants were recruited through the Alzheimer Societies of Laval and the Laurentides. The strategy for data collection involved conducting two individual, face-to-face interviews, as well as administering a short questionnaire about the sociodemographic aspects. The approach used for analyzing all the data was based on the approach proposed by Miles and Huberman (2003).
In the first instance, the outcomes reveal the profiles of the female partners, which, while variable, present certain similarities. With regard to HC, all have to make sustained, concentrated efforts daily. They must have energy and patience, and rely on personal capacities to maintain positive feelings despite the difficult situations. The outcomes also show that dispensing HC also provokes negative feelings associated with the burden that this type of care brings with it. Nevertheless, female partners implement a variety of strategies to adapt to the stress, such as problem solving, seeking social support and refocusing/reorientation. Five sets of personal and contextual dimensions are associated with the caregiver experience: 1) With respect to the personal characteristics of the female partner, advanced age and the state of physical or psychological health have a negative influence on the HC experience. On the other hand, inherent personal resources (acceptance of the reality, capacity to find meaning in what has happened, ability to improvise and sense of humour) are used either natural or learned; 2) The personal characteristics of the male partner (year of diagnosis, loss of autonomy and behaviour problems) negatively affect the experience; 3) The marital relationship is also of great interest as it appears that a positive pre-diagnosis marital relationship seems to favour positive feelings in the female partner with respect to HC ; 4) The familial dimensions have a favourable impact, with regard to the psychological support received from the family; 5) Finally, the macro-environmental dimensions, including help received from both the wider informal, and the formal network, as well as the various material accommodations in the couple’s physical environment, emerge as having a positive impact. At the conclusion of the outcome analysis, the author is able to offer a summary of what the couple’s experience.
The discussion involves four issues that emerge from the outcomes observed: impacts of the difficulties encountered during HC on the decision for selecting accommodation, reticence of caregivers to make recourse to resources in the formal network for help with HC, importance of the personal resources of the caregivers, and the potential of the human caring approach in dealing with the challenges arising in the dispensing of HC.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/2840 |
Date | 04 1900 |
Creators | Senneville, Johanne |
Contributors | Richard, Lucie, Roy, Odette |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
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