Lorsqu'en 1917 le peintre George Groslier (1887·1945) répond au souhait des autorités coloniales de créer à Phnom Penh une école d'art, il propose un vaste programme de«rénovation des arts cambodgiens». S'il définit ceux-ci comme étant «universels», pratiqués par tous, du paysan à l'artiste du Palais, les arts qu'il entend « rénover» sont pourtant ceux qui de tout temps, ont été l'apanage du Palais. Le «Service des arts cambodgiens» qu'il dirige dès 1919 conserve, reformule et exalte un art d’origine palatiale qu'aucune disposition idéologique ne le destinait à promouvoir. Cette étude s'attache à comprendre les modalités de la reprise d'une prérogative royale au profit de l'entreprise coloniale française et entend démontrer que si l'entreprise de Groslier semble marquée de l'empreinte de sa «doctrine», elle s'insère dans faisceau d'initiatives françaises et cambodgiennes qui invitent à relativiser sa singularité. L'étude de l'histoire du Service des arts, observatoire de l'action coloniale de la France au Cambodge, révèle la place centrale du patrimoine khmer dans les relations entre l'administration coloniale et les élites cambodgiennes, avant comme après l'indépendance. Dans la définition qu'en donne Groslier convergent le système de légitimation de l'aristocratie fondé sur le retour à l'âge d'or angkorien, et la mission civilisatrice française qui se vit en protecteur d'un peuple khmer déchu depuis la fin d'Angkor. Cette convergence empiriquement saisie par le premier administrateur colonial né au Cambodge éclaire en grande partie la portée de son action culturelle et sa postérité. / When in 1917 the painter George Groslier (1887-1945) responds to the wish of the colonial authorities to create a school of art in Phnom Penh, he proposes a vast program of ''restoration of the Cambodian arts". If he defines those as “universal”, being practised by all, from the peasant to the artist of the Palace, the arts he intends to "renovate" are however those that have always been the prerogative of the Palace. The "Service des arts cambodgiens" that he directs by 1919 preserves, reformulates and exalts an art of palatial origin that no ideological provision intended him to promote. This study attempts to understand the terms of the resumption of a royal prerogative to the benefit of the French colonial initiative and intends to demonstrate that if Groslier's action seems marked with the imprint of his “doctrine”, it is part of a set of initiatives both French and Cambodian that invite us to relativize its singularity. The study of the history of the Service des arts, observatory of the colonial action of France in Cambodia, reveals the central place of the Khmer heritage in the relations between the colonial administration and the Cambodian elites, before as well as after independence. In Groslier’s definition, the system of legitimation of the aristocracy based on the return of the Angkorian golden age converges with the French civilizing mission, which lives as a protector of Khmer people, fading away since the fall of Angkor. This convergence, empirically seized by the first colonial administrator born in Cambodia mainly clarifies the scope of its cultural action and its posterity.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA01H002 |
Date | 23 March 2018 |
Creators | Abbe, Gabrielle |
Contributors | Paris 1, Tertrais, Hugues |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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