Cette thèse se propose d’étudier les façons dont la pensée et l’imaginaire grec de l’époque archaïque se représentaient quelques pans du réel qui ne se laissaient jamais voir ni atteindre: l’éther, l’air et l’abîme marin. Vu le caractère insondable de ces espaces, l’imagination et l’abstraction se sont ingéniées à les appréhender par un discours spécifique et à les intégrer dans le système de connaissances et de croyances propre à l’époque en leur assignant une place dans le système de l’univers, en les rattachant à une hiérarchie de l’ordre cosmologique, en leur donnant une forme, en classant leurs objets et en les rapportant aux modèles du monde connu, en les aménageant par les moyens les plus divers. Une étude des formes d’expression de la pensée grecque archaïque, autant littéraires qu’iconographiques, permet de cerner les diverses formes de représentation des domaines inaccessibles et les modèles d’organisation spatiale issus de ce type de pensée. Grâce à la dialectique particulière qui ressort du rapport entre espace et mouvement, cette thèse se propose également d’interroger le corpus des sources grecques archaïques sous des angles jusqu’ici peu explorés: comment maîtrise-t-on l’espace par les déplacements physiques en dehors des parcours terrestres? Comment les schémas du mouvement dans l’espace se sont-ils forgés? Comment les dichotomies issues de la logique spatiale archaïque (haut/bas, droite/gauche, est/ouest, en deça/au-delà, etc.) influent-elles sur la structuration spatiale? Quelles espèces d’espace révèlent les déplacements à travers les différents niveaux du monde, que ce soit ceux des dieux, ceux des mortels et d’autres entités, forces physiques et substances privilégiées dans le commerce avec le divin et le monde d’en haut? Ces analyses mettent en valeur les façons dont l’imagination et l’abstraction plutôt que l’expérience vécue ont contribué, à leur façon, à structurer l’espace et à forger l’image du monde comme κόσμος, monde mis en ordre et soumis autant aux lois physiques qu’aux lois divines. / The present dissertation aims to study the ways in which archaic Greek thought symbolically came to grips with three elements of physical reality, which can never be thoroughly accessed by humans: the ether, the air, and the marine abyss. Due to the rather fathomless character of the different spaces underlying these elements, human imagination and abstract thought endeavored to apprehend them through a specific discourse and system of knowledge and beliefs. Both this discourse and its inherent epistemological system were specific to the abovementioned historical period. They assigned the spaces in question a place in the universe via a hierarchy of the cosmological order. Thus, these spaces acquired a definite shape, while their contents have been classified and connected with patterns of the known world, while being combined in multifarious ways. In my doctoral work, I argue that it is possible to define the various forms of representations of such inaccessible domains of being, together with the patterns of their spatial organization, by paying close attention to the manner in which the archaic Greek thought expressed itself through literature and iconography. Drawing on the particular dialectic that pertains to the relation between space and movement, this thesis wishes to analyze the corpus of ancient Greek sources from multiple vantages which so far have been only vaguely explored. To exemplify, I shall tackle the way, in which space is understood in view of journeys other than terrestrial. I also discuss how certain paradigms of movement in space have emerged in this regard. Another question I shall answer concerns the manner, in which certain dichotomies of archaic logic related to space (up/down, right/left, east/west, within/beyond, etc.) have influenced the structuring of space. With that in mind, I expand upon the issue of the types of spatiality revealed through the journeys across the different levels of the world, namely the journeys of the gods, mortals, and other forces involved in the human interaction with the divine and any other superior region. These analyses will jointly show that the philosophical structuring of space and the emergence of an image of the world understood as κόσμος – i.e., as a world ordered by and obeying both physical and divine laws – are the result of imagination and abstract reflective efforts rather than subjective experience.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/3275 |
Date | 05 1900 |
Creators | Petrisor (Cursaru), Gabriela |
Contributors | Bonnechere, Pierre |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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